Ne rien faire, c’est vouloir allonger la liste des enfants congolais non scolarisés, « shégués » et délinquants communément appelés » Kuluna «
Les ambassades des pays occidentaux accrédités en République démocratique du Congo, ainsi que des délégués des ONG qui s’occupent de l’encadrement des enfants abandonnés ou orphelins continuent à défiler au bureau du président de l’Assemblée nationale, Aubin Minaku, pour insister sur l’urgence et la nécessité de revoir la loi modifiée portant sur l’adoption internationale. Car, cette loi bloque le processus pour que les familles d’accueil de recevoir leurs enfants adoptifs.
Les derniers rappels en date sont ceux des ambassadeurs du Canada et des Etats-Unis qui ont manifesté leur inquiétude sur cette situation, après l’Afrique du Sud et la Monusco à travers Martin Kobler.
Beaucoup d’enfants qui sont dans cette situation devraient déjà quitter la République démocratique du Congo pour les pays où vivent leurs parents adoptifs.
Mais, ils poireautent encore dans des orphelinats, avec le risque de finir dans la rue. Ce qui inquiète ces parents adoptants qui s’impatientent.
L’Assemblée nationale avait un peu allégé, il y a quelques mois, les dispositions légales pour essayer de décanter la situation, mais le problème persiste. Car plusieurs dossiers d’enfants en voie d’être adoptés restent bloqués dans les ambassades des pays où devront se rendre ces enfants.
En effet, tout a commencé le 25 septembre 2013 lorsque la Direction générale des migrations (DGM), sur ordre du président de la République, avait décidé de suspendre les procédures d’adoption des enfants congolais pour une année. Curieusement, cela fait aujourd’hui deux ans que cette mesure n’est jamais levée.
Au cas où les orphelinats ne sauront plus prendre en charge ces enfants, ce sont des nouveaux » shégués » qui seront déversés dans la rue, une bombe à retardement dont les effets néfastes se font déjà sentir à travers le » Kuluna « , entendez le banditisme urbain.
Au contraire, une fois adoptés par des parents responsables, c’est l’avenir de ces enfants qui sera sauvé. Surtout quand on sait qu’envoyer un enfant à l’école est devenu un luxe que très peu de parents se permettent encore en République démocratique du Congo.
Evidemment, aucun Congolais ne peut accepter le trafic des enfants, sous couvert d’adoption, pour des besoins inhumains. Plusieurs réseaux ont été démantelés, des suspects arrêtés. .
L’Etat congolais devrait mener des enquêtes sérieuses pour dissiper les éventuelles craintes, plutôt que suspendre durant plusieurs années les procédures d’adoption de ces enfants, alors que plusieurs maisons sont en règle.
Du 31 mars au 2 avril 2015, la Mission d’adoption internationale (MAI) a effectué une mission en RDC pour rencontrer les représentants des ministères des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, des Affaires sociales, Genre Famille et Enfant, Intérieur et Sécurité, Justice et Droits humains.
Cette réunion a permis de faire le point sur le nombre de familles et d’enfants concernés par la prolongation sine die de la suspension de l’autorisation de sortie du territoire et de sensibiliser les autorités congolaises aux cas d’urgence sanitaire, ainsi que sur la qualité des procédures d’adoption en France.
Les autorités congolaises ont indiqué qu’une décision serait prise prochainement et communiquée par voie diplomatique aux Etats concernés.
Le 2 avril, les ambassades de plusieurs pays d’accueil, dont la France, à Kinshasa ont été destinataires d’une note officielle du ministère de l’Intérieur de RDC : il leur est demandé de fournir la liste des enfants pour lesquels un jugement d’adoption a été prononcé. La MAI a aussitôt transmis cette liste via l’ambassade de France à Kinshasa.
La MAI s’est également rendue dans deux orphelinats où se trouvent les enfants adoptés par des familles françaises.
Depuis, quatre mois se sont écoulés sans que cette équation ne soit résolue.
Il faut signaler que 1300 familles dans le monde, dont 300 familles françaises, attendent de pouvoir aller chercher leurs enfants depuis deux ans. La RDC ayant décrété un moratoire depuis le 25 septembre 2013 interdisant la sortie du territoire de ces enfants.
» Nous n’avons jamais pu les serrer dans nos bras. Pourtant ce sont nos enfants que nous aimons déjà de tout notre cœur! « , déclare un parent victime de ce moratoire.
Par Lefils Matady