Intérieur et sécurité : Boshab et l’inventaire de ses échecs

Mercredi 2 décembre 2015 - 13:19

Depuis son arrivée à la tête de la vice-primature en charge de l’Intérieur et Sécurité, l’ancien président de l’Assemblée nationale et secrétaire général du parti présidentiel (PPRD) s’est beaucoup plus illustré par une certaine incapacité à gérer son secteur. Il est aussi pointé du doigt pour son immixtion aux prérogatives d’autres institutions dont la CENI.

 

Au niveau sécuritaire, le bilan d’Evariste Boshab est loin d’être reluisant. Sous son règne, l’Est de la République, particulièrement le territoire de Beni, continue à vivre des moments d’horreurs sans précédent avec des massacres à répétition des populations civiles perpétrés par les présumés rebelles ougandais d’ADF. La société civile note, depuis le début de ces massacres, près de 500 morts, tués dans un mode opératoire cruel. Et l’Etat, représenté par le ministère en charge de 1’ Intérieur et Sécurité, peine à trouver une solution efficace pour mettre fin à ce cycle de violences.

 

Le dernier cas en date est les 24 morts déplorés le 29 novembre dernier à Eringeti de suite des affrontements entre les FARDC et les ADF. Encore une fois, les populations civiles ont payé le pot cassé. Des habitants traumatisés quittent cette localité située à environ 60 kilomètres de Beni.

 

Par ailleurs, on note également l’exacerbation des conflits ethniques dans certaines provinces dont le Sankuru. Dans la capitale Kinshasa, tout monde déplore le retour en force du phénomène « Kuluna» dans des quartiers populaires. Dans la commune de N’djili, un prêtre et un gardien dans une paroisse catholique ont été grièvement blessés à coup de machette dernièrement par ces jeunes délinquants qui tuent et pillent sous la barbe et le nez des autorités sécuritaires.

 

Devant ces cas d’insécurité, des questions se posent. Parmi elles, quel programme de sécurité Evariste Boshab a-t-il mis en place depuis sa nomination dans le gouvernement de cohésion nationale il y a une année. Et pourtant, ce dernier, lors de sa prise des fonctions, avait promis de « traquer jusque dans leur dernier retranchement tous les malfrats dans toute l’étendue du pays ». La réalité sur le terrain est tout le contraire. C’est plutôt ces malfrats, dans la capitale ou à l’intérieur du pays, qui continuent à traquer et à tuer des populations civiles jusque dans leurs domiciles. ‘Pendant ce temps, le ministre de tutelle semble passer son temps à fourrer son nez dans les affaires qui sont loin de ses attributions ou qui sont mal exécutées. Au Parlement, il est celui qui avait proposé un projet de loi sur la répartition de sièges par circonscription pour les élections municipales, urbaines et locales, truffé d’incohérences, selon les députés et sénateurs.

 

Substitution au président de la CENI

Ce professeur de droit avait aussi fait sensation en juillet dernier en se substituant au président de la Commission électorale nationale, indépendante (CENI). Il avait ainsi programmé, avec autorité, les dates de l’élection des gouverneurs des nouvelles provinces, avant de se rétracter.

D’autre part, le patron de la territoriale s’est révélé incapable de recadrer les choses pour une meilleure lisibilité des partis politiques en RDC. En effet, depuis l’auto-exclusion de leurs leaders de la Majorité présidentielle, certains partis politiques du G7 apparaissent sous une double facette avec des ailes dissidentes revendiquant les même logos, les mêmes emblèmes et les mêmes appellations. Avec cette cacophonie, certains analystes estiment que Boshab permet la violation de la loi et est loin de promouvoir la cohésion nationale.

 

Nommé au gouvernement Matata II pour veiller à l’aspect sécuritaire de la population et à la paix sociale, l’ancien SG du PPRD semble être à côté de la plaque, ce qui devrait décevoir le Chef de l’Etat qui avait placé ses espoirs en lui dans ce secteur. «Au lieu de penser aux stratégies adéquates pour mettre hors d’état de nuire les malfrats comme l’a fait son prédécesseur Richard Muyej, Evariste Boshab donne l’impression de s’occuper de tout sauf de la sécurité des Congolais », commente un habitant de Kinshasa.

 

Par CN