La Société civile de la RD Congo a encore élevé la voix pour réclamer son implication dans l’un des plus grands projets de barrage au monde, Inga 3 Basse Chute(BC), qui doit permettre à la RDC de produire 4 800 mégawatts, soit l’équivalent de trois réacteurs nucléaires de troisième génération. Au cours d’un entretien avec la presse à la veille de la Noël au siège du Cepetede, Justin Mobomi, coordonnateur de la coalition d’ONG pour le suivi des réformes de l’action publique (Corap), a relevé le paradoxe dans la planification de la vente de l’électricité d’Inga 3 BC proposée par l’étude de faisabilité rendue publique au mois de septembre 2013. « Il s’établit pour le moment comme suit : 2.500 MW à la République sud-africaine, 1.300 MW à l’industrie minière du Katanga et 1.000 MW à la SNEL. Ces derniers consisteraient en 600 MW garantis et 400 MW variables en fonction de l’étiage du fleuve Congo, avait précisé Matata Ponyo dans une correspondance adressée au président de la Banque Mondiale à Washington… », a rapporté Justin Mobomi.
Face à cette classification, la Société civile a conclu qu’Inga 3 apparait plus comme un projet commercial que social. Pour elle, la meilleure répartition aurait été de satisfaire les besoins locaux à la hauteur de 50% de la production du projet. « Ceci pour réaliser le vœu du Chef de l’État exprimé lors de son adresse à la nation par le biais du Congrès le 14 décembre 2015, souhaitant l’amélioration du taux de desserte en électricité de notre pays qui, quoiqu’étant passé de 9 à 15% ces 3 dernières années, reste encore faible par rapport à la moyenne africaine de 30% », a martelé Justin Mobomi.
Consciente de l’intérêt socio-économique de Inga 3, la Société civile a rappelé que les aspects de la gouvernance, de la transparence, de la dignité humaine et du respect des normes socio-environnementales, et de faisabilité techniques sont des exigences pour la mise en œuvre des grands projets de développement et doivent être pris en compte.
Ainsi, dans le lot des préalables avant l’entame des travaux d’Inga 3 BC, elle cite l’indemnisation des familles dépossédées par la construction d’Inga 1 et 2. Ensuite, le dédommagement des personnes qui seront affectées par Inga 3 dans la vallée de Bundi, considérée comme un grenier agricole. Autre recommandation de la Société civile : son implication dans toutes les phases de ce processus de réalisation de ce barrage, car certaines réunions se tiennent déjà en son absence. « Nous sommes faiblement impliqués, alors que la population doit être informée en temps réel afin d’éviter des dettes monstres du genre 14 milliards USD que la RDC a contractés pour la construction de Inga 1 et 2. Les conséquences de cette irrationalité sont visibles jusqu’à ce jour… », a indiqué le coordonnateur du Corap.
Toujours dans ce registre, la Société civile a tenu à rappeler au gouvernement ses engagements pris auprès de la Banque Mondiale de l’impliquer au Conseil d’administration de l’Agence pour le développement et la promotion d’Inga (ADEPI), structure chargée de la mise en œuvre du projet Inga 3 BC et des phases ultérieures du Grand Inga, dont elle sera notamment l’autorité concédant pour l’attribution des concessions. « L’Adepi doit rester ouverte aux revendications de la Société civile qui tient à ce que ce projet puisse bénéficier en premier lieu aux populations congolaises. Elle devrait déjà diligenter des études cumulatives d’impacts environnementaux pour le projet Grand Inga », a-t-elle conclu.
Tshieke Bukasa