FDLR et ADF : les «commandos invisibles» refusent de mourir

Mardi 10 mars 2015 - 11:06

Les nouvelles en provenance de différents fronts où les FARDC traquent, depuis plus d’un mois, des rebelles ougandais et rwandais (Ituri, Nord-Kivu, Sud-Kivu, Nord-Katanga) font état des succès sans bavures des forces loyalistes. Bien que mise momentanément « hors-jeu », la Monusco ne s’est pas empêchée de saluer, dernièrement, le professionnalisme de l’armée congolaise. A ce jour, le nombre de rebelles rwandais faits prisonniers dépasse la centaine. Quant à leurs « homologues » ougandais, ils en ont à des actions sporadiques de guérilla dans le Parc de Virunga ainsi que les périphéries de Beni (Nord-Kivu) et Bunia (Ituri).

L’impression qui se dégage, après un mois de traque, est que tous les sanctuaires des FDLR (Forces Démocratiques pour la Libération du Rwanda) et des ADF/Nalu situés en Ituri, au Nord-Kivu, au Sud-Kivu et au Nord-Katanga, se trouvent sous le contrôle total de l’armée régulière. Toutefois, les tueries à répétition des populations civiles par des éléments armés identifiés tantôt comme des combattants ADF, tantôt comme appartenant aux FDLR, voire aux groupes armés locaux inquiètent.

Les autochtones ont des raisons de s’inquiéter car la série noire semble se poursuivre allègrement dans un espace géographique où les opérations « Sukola I » et « Sukola II » sont censées avoir réduit presqu’à nulle la capacité de nuisance des « forces négatives ». Lorsqu’on apprend que le week-end, dix personnes ont été fauchées à Walungu, dans le Sud-Kivu, sans qu’on ait réussi à identifier leurs exécuteurs, qu’une autre a été tuée sur l’axe Kasindi-Beni au Nord-Kivu et qu’une dizaines d’autres ont échappé à la mort au camp des déplacés de Lagabo, non loin de Bunia, après une attaque d’inconnus qui seraient des membres de l’ADF, on ne peut que s’interroger sur la persistance de l’insécurité.

Certes, les FARDC se trouvent totalement engagées dans la phase d’éradication des forces négatives internes et externes sur une large corridor allant de l’Ituri au Nord-Katanga, en passant par le Nord-Kivu et le Sud-Kivu, mais la sécurité reste précaire. Nos compatriotes de l’Est ne savent pas dormir en paix et vaquer librement à leurs occupations voici deux décennies. Ils aimeraient savoir pourquoi des « forces négatives » pratiquement atomisées continuent de semer la mort à tout vent et de piller leurs biens.

Complicités internes

Il continue de se poser, sur les différentes lignes de front en Province Orientale, au Nord-Kivu, au Sud-Kivu et au Nord-Katanga, l’épineux problème des complicités internes, militaires comme civiles, qui gênent considérablement les opérations de traque des forces négatives, locales et étrangères. Le constat que l’on a souvent fait à ce propos est que l’insécurité récurrente a été transformée en fond de commerce aussi bien par des officiers « affairistes » et des éléments incontrôlés de l’armée régulière que de jeunes désœuvrés prêts à vendre leur âme au diable, des commanditaires nationaux et étrangers versés dans le trafic des minerais de sang, enfin des rebelles ougandais et rwandais visiblement opposés à toute idée de retour dans leur mère patrie.

C’est cette termitière du mal qu’il faut détruire si l’on veut donner aux FARDC le maximum de chances de réussir leur mission de rétablissement de la paix en Province Orientale, au Nord-Kivu, au Sud-Kivu et au Nord-Katanga. Sinon, l’opération « Sukola II » risque de ne pas régler l’équation, jusque-là insoluble, des « forces négatives » internes et externes qui renaissent, comme la génération spontanée, aussitôt après la clôture de chaque campagne de traque. On le voit avec des ex-combattants du M23 qui recommencent à se signaler ça et là, alors que leur mouvement a été officiellement démantelé en octobre 2014. On le remarque avec des combattants ADF qui continuent de squatter le parc de Virunga. Quant aux FDLR, c’est depuis 1994 qu’ils se sont installés en RDC, comme en territoire conquis, avec femmes, enfants, biens et argent. Régulièrement traqués, ils plient mais ne rompent pas. Si les « commandos invisibles » continuent à frapper en Ituri, au Nord-Kivu, au Sud-Kivu et au Nord-Katanga en pleine opération « Sukola II », cela peut pousser à douter de la volonté de Kinshasa d’y éliminer l’insécurité.

Kimp