L'Envoyé spécial des Etats-Unis sur les Grands Lacs, Russ Feingold, a dévoilé à RFI la position américaine à la suite de l'annonce le 29 janvier 2015 par le général Didiert Etumba, chef d’Etat-major des Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC), de l’opération « Sukola 2 » visant le désarmement forcé des Forces démocratiques pour la libération du Rwanda (FDLR) dans les provinces du Kivu (Est du pays).
« Nous sommes heureux que le gouvernement congolais ait reconnu la nécessité de passer à l’action, qu’il ait annoncé que les opérations allaient commencer, qu’il ait accepté le soutien de la Monusco. Je pense qu’il faut laisser une chance aux Congolais, et voir s’ils vont effectivement de l’avant avec cette opération », a-t-il déclaré samedi 31 janvier 2015 au terme du 24ème Sommet des chefs d’Etat et de gouvernement de l’Union africaine à Addis-Abeba (Ethiopie).
Il estime cependant que « la meilleure manière de gérer cette affaire, c’est de coopérer au maximum ».
« La Monusco pourrait apporter beaucoup à cette opération. Les officiers de la Monusco ont envie d’aider les FARDC à faire leur travail », a-t-il ajouté.
« C’est crucial de protéger les civils »
A la question de savoir ce qu’il convient de faire avec les civils qui vivent dans les zones de combat, Russ Feingold a répondu que « c’est l’une des questions les plus importantes ».
« La Monusco et ceux d’entre nous qui la soutiennent croient que c’est crucial de protéger les civils. Et la Monusco a mis au point un plan pour protéger les civils. Ils essaient autant que possible de planifier la protection des civils », a-t-il rassuré.
Quoique « la force de l'ONU n'est plus vraiment impliquée dans la planification », l’Envoyé spécial des Etats-Unis dans les Grands Lacs a expliqué que, « dans tous les cas, ce doit être l’une des principales priorités dans les opérations : faire tout ce qui est possible pour protéger les civils ».
« Nous parlons de ce problème avec les autorités congolaises régulièrement. Et ils nous ont bien sûr dit qu’ils allaient se soucier de cette question. Mais, les bons officiers de la Monusco pourraient vraiment aider à protéger les civils », a précisé Russ Feingold.
« Contraindre les FDLR à déposer les armes »
« Aujourd’hui donc, nous lançons en tant que Forces armées de la RDC des nouvelles opérations contre les FDLR pour les contraindre à déposer les armes. Et nous avons reçu encore une fois le soutien de la Monusco pour ces opérations», a déclaré le général Didier Etumba en lançant jeudi 29 janvier2015 à partir de Beni (Nord-Kivu) les opérations militaires « Sokola 2 » pour le désarmement forcé des FDLR.
Il a révélé avoir, « reçu personnellement, depuis six mois, l’ordre en tant que chef d’Etat-major des Forces armées de préparer les opérations contre les FDLR ».
« Ils étaient assez nombreux il y a 7 ans, 7 500 combattants. Et aujourd’hui, ils ne sont plus, à en croire toutes les sources fiables, un maximum de 1 400 combattants », a-t-il indiqué.
A propos d’un appui de la force d’intervention onusienne, il a dit que l’armée et la Monusco vont régulièrement évaluer cette opération.
« Nous nous sommes mis d’accord également avec la Monusco sur le fait que régulièrement, nous aurons à faire des évaluations conjointes au niveau tactique et opérationnel mais également au niveau stratégique. Cette opération contre les FDLR s’inscrit dans le cadre des opérations sokola2 », a souligné le général Didier Etumba.
En effet, l’ultimatum, fixé par la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs (CIRGL) et la Communauté de développement de l'Afrique australe (SADC) aux FDLR a expiré le 2 janvier 2015.
« La Monusco mettra à contribution tous les moyens à sa disposition »
Interrogé, le commandant des forces de la Monusco, le général Dos Santos Cruz, a déclaré que « la Monusco mettra à contribution tous les moyens à sa disposition et conformément à son mandat pour appuyer les FARDC dans le désarmement des FDLR ».
« Je salue l’annonce du lancement des opérations militaires contre les FDLR par le Gouvernement congolais. La Monusco soutient pleinement les FARDC, tant sur le plan opérationnel que logistique. Seuls les combattants seront visés dans ces opérations. Nous ne ménagerons aucun effort pour protéger les populations civiles », a déclaré dans un communiqué le représentant spécial du secrétaire général des Nations Unies en RDC, Martin Kobler.
Toutefois, selon le numéro 2 de la Monusco « que l’armée congolaise ait décidé de prendre le lead, on ne peut que s’en féliciter ». A en croire Abdallah Wafy, « venir en appui, c'est notre rôle ».
La société civile s’inquiète des « dégâts collatéraux »
Le porte-parole de la société civile du Nord-Kivu, Me Kavota qui déclare soutenir l'opération, aurait souhaité que l’opération « Sukola 2 » se fasse conjointement avec la Monusco pour « éviter les dégâts collatéraux ».
« Au cours des six derniers mois, les FDLR ont eu le temps nécessaire pour se disséminer à travers les populations civiles et peuvent jouer l'assimilation. Il faut que des dispositions soient prises de manière à mettre à l'abri les civils lorsque les tirs sont dirigés contre des personnes traquées, a-t-il recommandé.