Nouveau berceau du banditisme urbain à Kinshasa, Masina la commune révolutionnaire, tisse depuis des mois, une triste réputation qui ôte de l‘imaginaire populaire, ces clichés de quartiers cossus où de nouvelles bâtisses en étage prennent le dessus, mais celle d‘un secteur où la sécurité est devenue une denrée rare dans ses principaux quartiers. Il ne se passe plus deux jours sans que l‘on puisse déplorer par-ci, un cas de braquage, et par-là, un vol à main armée.
A la base de cette ambiance de terreur, comme il faudrait le signaler, la pègre très active et qui selon certaines informations obtenues de la police, compte dans ses rangs, des éléments incontrôlés et des civils. Le week-end dernier, ces malfaiteurs ont fait plusieurs victimes dans plusieurs quartiers de cette mairie.
Le safari criminel a commencé dans la nuit du samedi 22 au dimanche 23 novembre 2014, au quartier 2 pour se terminer au quartier 3. Une bande dont on ignore pour l‘instant l‘identité des membres, a aligné six éléments incontrôlés pour réaliser ce chapelet d‘extorsions à main armée.
Quartier 2. Il est 22 heures. Sous un ciel gris, un vent violent souffle à grandes rafales sur cette partie de la ville, avec menaces de pluie. Les rues se vident au rythme des piétons qui regagnent leurs maisons au pas de course, avant que tombent les premières gouttes de la pluie.
Un groupe des malfaiteurs venus de nulle part, a démarré son périple criminel en interpellant des piétons porteurs de sacs à main ou des mallettes. Objet de l‘interpellation, fouiller les bagages, arracher les billets de banque et autres téléphones portables dont ils débarrassent de leurs cartes sim. A la moindre résistance, des coups de feu tirés en l‘air obligent les victimes à céder leurs effets de valeur. Et pour ne pas être localisés dans un coin précis de la commune, ils continuent leur ronde en extorquant des biens des promeneurs fortunés.
Toujours dans ce quartier 2, M. Mpia, propriétaire d‘une boutique à Ndjili, a croisé ces bandits qui en fouillant sa mallette, ont arraché les recettes de la journée dont le montant n‘a pas été communiqué, ainsi que ses deux téléphones VIP de marque Samsung.
Vers 23 H, les bandits se sont dirigés au quartier 3. De passage sur avenue Sukambundu, une boutique encore ouverte, attire leur attention. Trois malfaiteurs se déploient dehors, empêchant aux clients d‘aller s‘approvisionner en articles de traite. Leurs comparses feront irruption dans le petit magasin où Romain Muya, 51 ans, a cru bon de les servir.
Que voulez-vous ? a lancé l‘opérateur économique. A peine, il a terminé à poser la question, l‘un d‘eux lui braquait son arme en exigeant qu‘il leur remette toutes les recettes réalisées. Chose qu‘il n‘a pas accepté de faire. Révolté, il a répliqué qu‘il ne lui doit rien. Témoin de l‘événement, Mlle Ngalula, la fille de la victime. C‘est en ce moment que l‘homme à la gâchette facile a tiré deux coups de feu sur l‘infortuné Romain Muya. Deux balles meurtrières l‘ont atteint dans le dos. La victime s‘est alors écroulée, luttant entre la vie et la mort, avant que cette dernière ait le dernier mot.
Devant cette cruauté, la fille de Romain Muya a éclaté en sanglots, toute traumatisée. Les bandits se sont alors précipités sur quelques articles et les billets de banque traînant dans la caisse, avant de sortir en catastrophe pour une destination inconnue.
Conscience chargée, ils n‘ont pas pu poursuivre leur safari criminel. Des minutes plus tard, après leur départ, les membres de famille de la victime et les voisins du quartier venaient constater les dégâts. Romain Muya avait déjà rendu l‘âme. Ils achemineront le corps à la morgue de l‘Hôpital général de référence de Kinshasa, en attendant que le médecin-légiste puisse déterminer les causes exactes de sa mort, ainsi que les points d‘impact des balles.
Ce nième meurtre commis par des éléments incontrôlés en cette fin d‘année, interpelle de nouveau les responsables de la sécurité de la ville de Kinshasa. Car, le banditisme, à en croire des analystes, ne prolifère que dans les communes où il y a un déficit de couverture sécuritaire.
La population de Masina excédée par des actes de criminalité, jure désormais de se prendre en charge, promettant de régler les comptes aux malfaiteurs, si la police ne parvenait pas à sécuriser davantage les quartiers. Trop, c‘est trop, a craché un habitant de cette mairie, estimant que la recrudescence du banditisme ne pouvait perdurer outre mesure, sans réaction des populations.