Selon l’Agence France Presse, le Secrétaire Général des Nations Unies, Ban ki-moon, a déposé le week-end dernier un rapport au Conseil de Sécurité, dans lequel il recommande le dégraissage des effectifs militaires de la Monusco (Mission des Nations Unies pour la Stabilisation du Congo) dans une proportion de 10 %. En termes chiffrés, cela voudrait dire que le nombre des casques bleus devrait passer de 20.000 à 18.000 hommes. En fait de réduction, seulement 2.000 hommes de troupes seraient appelés à plier bagages.
S’agissant des 3.000 officiers et soldats déployés également dans l’Est de la République Démocratique du Congo, pour le compte de la Brigade d’Intervention de la Monusco, aucun ne devrait être retiré du front. Bref, 21.000 militaires onusiens restent encore en campagne sur le territoire congolais, aux côtés de ceux de l’armée nationale.
En attendant la position du Conseil de Sécurité et la publication des détails dudit rapport, les observateurs notent que le SG des Nations Unies n’a répondu que partiellement à la requête du Chef de l’Etat congolais, Joseph Kabila, qui avait souhaité, dans son message à la Nation, le 15 décembre 2014, par le biais des Sénateurs et députés réunis en Congrès, la réduction sensible des troupes onusiennes. Il avait exprimé cette demande dans la perspective du retour progressif de la paix dans les parties Nord, Est et Sud du pays ainsi que de l’augmentation de la capacité de riposte des FARDC face aux forces négatives tant nationales qu’étrangères.
Mais, tout porte à croire que du côté de New York, on n’est pas encore convaincu de la capacité de l’armée congolaise à supporter seule le poids des velléités de perturbation de la paix et de la sécurité de la RDC par les rébellions et autres groupes armés tant internes qu’externes. On se souvient à ce propos qu’au lendemain de l’adresse de Joseph Kabila, l’on avait constaté une certaine gêne chez Martin Köbler, Représentant Spécial du Secrétaire Général de l’Onu, qui avait indiqué que le problème de réduction des effectifs des casques bleus relevait de la compétence exclusive du Conseil de Sécurité. Pourtant, il est connu, dans les annales de l’ONU, que cet organe ne peut lever une option sur la situation sécuritaire d’un pays sous sa « tutelle militaire » qu’au regard des données que lui fournissent ses représentants présents sur le terrain.
La Monusco « for ever » ?
Le message envoyé implicitement par le Secrétaire général de l’ONU aux décideurs politiques et au commun des Congolais est que leur pays ne réunit pas encore les conditions requises pour un dégraissage à grande échelle des effectifs des casques bleus. La situation sécuritaire est si volatile qu’il serait imprudent, de la part du Conseil de Sécurité, de laisser la RDC à la merci des forces négatives nationales et étrangères qui ne demanderaient pas mieux.
Une réduction des effectifs de la Monusco serait d’autant mal venue qu’un nouveau défi sécuritaire est à relever à compter du 02 janvier 2015, à savoir celui de la démobilisation forcée des rebelles rwandais des FDLR (Forces Démocratiques pour la Libération du Rwanda) réfractaires au désarmement volontaire. Ce challenge est d’autant périlleux qu’il serait risqué, de la part des Nations-Unies, de réduire leurs effectifs de façon sensible et d’hypothéquer, par le même fait, leur puissance de feu face à une force négative manifestement déterminée à ne pas quitter le sol congolais, dans un espace qu’elle contrôle depuis 20 ans.
Ainsi donc, en dépit de l’impact négatif que cela produit, pour les autorités civiles et militaires congolaises, au sein de l’opinion tant nationale qu’internationale, la présence militaire onusienne est encore incontournable. Jusqu’à nouvel ordre, le pays reste ainsi sous la haute surveillance des Nations Unies. Compte tenu du climat de ni paix et ni guerre qui prévaut en Province Orientale, au Nord-Kivu, au Sud-Kivu et au Sud-Katanga, le Conseil de Sécurité s’apprête à prolonger, pour la nième fois consécutive, le mandat de la Monusco en RDC. Et le scénario dure depuis 15 ans. Il va en être ainsi tant que le pays ne se sera pas doté d’une armée et des services de sécurité à même de sécuriser ses populations et ses ressources naturelles.
Kimp