Le pouvoir a-t-il les moyens de sa politique pour construire en moins de deux ans des ouvrages qu’il aurait dû construire en dix ans.
Les stratèges du régime politique en place en RD Congo ne tarissent pas d’idées pour donner plus de chances de survie à celui-ci, après le mandat présidentiel qui arrive à terme, en décembre 2016, conformément à la Constitution ! En effet, sur le plan juridique ces « penseurs » de la Majorité, ont décidé de faire agir le Parlement afin de conférer une certaine légalité à cette survie. C’est ainsi qu’à la faveur de la session de septembre de l’Assemblée nationale, ils ont réussi à faire inscrire la question constitutionnelle à l’ordre du jour des débats. L’étape suivante est celle de l’adoption par le même parlement d’un nouveau texte constitutionnel (qui serait déjà disponible) et à la soumission de celui-ci à un référendum populaire, via la Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI), totalement acquise à la cause du régime en place au pays !
Un budget surchargé ?
Sur le plan pratique, affectif et émotionnel, les stratèges du régime ont décidé de mobiliser le gouvernement pour exécuter en urgence des travaux, dont l’effet trompe-œil pourrait amener les masses populaires à changer d’avis sur les échecs de gouvernance accumulés par le régime en place depuis plus d’une décennie ! C’est ainsi que vient de se tenir à Kinshasa la 25ème réunion extraordinaire du Conseil de ministres, sous la direction de Joseph Kabila et au cours de laquelle il a été décidé de hâter la concrétisation de nombreux projets, dans le cadre du seul budget de l’exercice 2015.
A titre indicatif, on peut citer entre autres projets la mise en place des infrastructures dites structurantes (Centrale hydroélectrique de Zongo II, de Katende, de Kokobola, d’Inga III, etc), l’érection de villages modernes dans des localités et sites qui restent encore à déterminer ; la mise en, place de l’Agence Nationale de Services d’Electricité en milieux Ruraux (ANSER) ; l’électricité de certains territoires ruraux ; la construction et réhabilitation des infrastructures scolaires ; la mise en place de cantines scolaires, la mécanisation des non payés ou nouvelles unités de la Fonction publique ; la construction et réhabilitation des infrastructures de Santé, l’équipement des Zones de santé ; la mécanisation des non payés de ce secteur extrêmement sensible, la construction, réhabilitation et modernisation de routes de voiries et autres ; l’amélioration du transport en commun ; la nationalisation de rémunérations des agents et fonctionnaires de l’Etat (dont les salaires viennent d’être majorés de 17.000 francs congolais !) ; la poursuite de la bancarisation ; l’organisation des élections provinciales municipales et locales ; l’installation de tribunaux de paix, etc…
Les cinq nouveaux chantiers de Kabila !
De ce qui précède, il y a lieu d’attirer l’attention de l’opinion sur le fait que : la mise en place de l’Agence nationale de services d’électricité en milieux ruraux intervient au moment où l’Etat ne parvient pas à rentabiliser la Société nationale d’électricité (Snel) qui est capable d’assurer la desserte totale du pays en énergie électrique ; - le projet d’érection desdits villages modernes reste muet sur les études faites à ce sujet (types de maisons pour quel type de populations), sur le mode d’acquisition des maisons à construire etc ; sur les critères de sélection des territoires éligibles à ce projet ; sur le mode de fonctionnement des cantines scolaires à créer et les conditions pour y accéder ; sur le nombre et les moyens à mettre en œuvre pour un fonctionnement optimal des infrastructures de santé à créer ; sur les moyens de fonctionnement de nouveaux tribunaux de paix à créer pendant que ceux qui existent déjà laissent encore trop à désirer !
Comme on peut le constater le gouvernement veut mettre les bouchées double pour réaliser avant 2016 tout ce que le régime politique dont il dépend lui demande. Mais, a-t-il réellement les moyens de sa politique pour construire en moins de deux ans des ouvrages qu’il aurait dû construire en dix ans ?
Pour le pouvoir en place il reste encore deux ans pour qu’on puisse envisager sérieusement de passer la main. Mais celui-ci oublie superbement que l’année 2016 sera une année essentiellement électorale pleine d’impondérables !
Il apparait clairement que la 25ème réunion extraordinaire du Conseil de ministres tenue le week-end dernier a donné le jour à 5 nouveaux chantiers du Joseph Kabila sans le savoir alors que les 5 anciens ne sont même pas encore à 1/5 de leur réalisation. Que les griots qui sont au milieu du peuple congolais en fassent déjà une belle chanson de campagne électorale !
KAMBALE MUTUGHERWA