Les événements du lundi 19 au jeudi 22 janvier ont eu le mérite de remettre les deux familles politiques de la scène congolaise à l’école de l’éthique républicaine. Les malheureux dérapages observés dans la capitale et reconnus par les deux familles politiques ont servi de leçon magistrale à ces dernières.
Bukavu
Aussitôt l’accalmie revenue, le Président de l’Assemblée Nationale et Secrétaire Général de la Majorité avait reconnu des dérapages occasionnés par un usage mal contrôlé de la force publique. Le speaker de la chambre basse du parlement avait dès lors pris l’engagement de corriger la situation à l’avenir au nom de sa famille politique.
Du côté de l’opposition, toutes tendances confondues, l’on a aussi reconnu et déploré les pillages et autres actes de vandalisme et de provocation gratuites. L’engagement a aussi été pris de rectifier le tir à l’avenir.
Sur le coup, il était difficile d’attester de la bonne foi des deux familles politiques congolaises. Il était tout autant impossible d’évaluer dans quelle mesure les leçons de la tragédie de janvier 2015 ont porté dans les deux camps. L’opinion nationale en était ainsi, à s’interroger, non sans appréhension, sur la suite des événements.
C’est finalement de Bukavu, au Sud-Kivu, qu’est venue la réponse aux craintes des millions des congolais. Une marche de protestation a été organisée par l’Opposition dans cette ville hier. La motivation de la marche était la situation prévalant à Kinshasa dans le cadre de la réouverture du procès Kamerhe - Wivine Moleka. Les manifestants tenaient ainsi à exprimer leur opposition à ce qu’ils considéraient comme une manœuvre politicienne dilatoire visant une des têtes d’affiche de l’Opposition.
Le signal
Alors que des millions de manifestants sont descendus dans la rue, il a été heureux de constater que rien de fâcheux n’est survenu jusqu’à la fin de la manifestation. D’un côté, les forces de l’ordre qui ont encadré les manifestants ont été d’un professionnalisme qui fera date dans les annales du pays. De l’autre côté, les manifestants se sont montrés à ce point discipliné que du coup, le spectre du chaos projeté par les émeutes de Kinshasa s’est totalement dissipé.
Bravo pour la démocratie congolaise. Il est heureux de constater que Pouvoir et Opposition ont compris que la Rdc est un bien précieux que chacun des deux camps se doit de protéger à tout prix.
Manifester sa désapprobation contre une action publique est un droit garanti à tout Congolais. En revanche, il revient à ceux qui gouvernent de veiller à la sécurité des biens publics, de ceux privés et des personnes.
Espérons que le signal de Bukavu servira de repère pour un nouveau départ après l’échec de Kinshasa provoqué par les deux familles politiques du pays. La Rdc en sortira plus que jamais gagnante.
LP