Au cours d'un point de presse ce mardi 4 novembre 2025, en sa résidence de Kinshasa, l'opposant Jean-Marc Kabund a annoncé une manifestation le 15 décembre 2025 pour exiger la convocation d'un dialogue national inclusif, solution qu'il juge sine qua non pour résorber la crise sécuritaire qui prévaut dans l'Est de la RDC.
Dressant dans la foulée un tableau sombre de tous les secteurs de la vie nationale, le président national de l'Alliance pour le Changement (A.Ch.) a fustigé la gouvernance de Félix Tshisekedi. Ce dernier, selon lui, fait pire que Joseph Kabila, son prédécesseur, et est responsable de la guerre qui perdure dans l'Est de la RDC.
Jean-Marc Kabund se dit convaincu que la guerre dans la partie Est est entretenue par le chef de l'État Félix Tshisekedi qui, à l'en croire, mû par la peur de quitter le pouvoir en 2028, la laisse délibérément se poursuivre pour justifier un « glissement » anticonstitutionnel au-delà du délai légal.
S'agissant de la gouvernance du pays, il estime que Félix Tshisekedi est en train d'installer un régime dictatorial en muselant les opposants.
"La République Démocratique du Congo traverse l’une des périodes les plus douloureuses de son histoire récente. Sept ans bientôt depuis que Monsieur Félix Tshisekedi Tshilombo a accédé à la magistrature suprême, le pays s’enfonce dans une dérive politique, morale, économique et institutionnelle sans précédent. Sur le plan politique, nous assistons à la destruction méthodique des acquis démocratiques. La gouvernance actuelle se caractérise par le culte de la personnalité, la centralisation du pouvoir, la manipulation des institutions et la réduction de l’espace politique ainsi que la suspension en cascade des partis politiques de l’opposition. Il perfectionne du jour au lendemain sa mauvaise gouvernance. Il fait pire que Joseph Kabila", a-t-il déclaré.
Sur le plan économique, Jean-Marc Kabund soutient que la situation reste alarmante en dépit des discours "triomphalistes du pouvoir".
Il allègue que l'économie demeure fortement dollarisée et extravertie. La RDC importe tout, de la boîte d'allumettes au poisson chinchard. La monnaie nationale est devenue un instrument de propagande politique en lieu et place d'être le reflet de la souveraineté et le fondement de l'économie de la RDC.
"Nous voyons le pouvoir faire de notre monnaie un instrument de spéculation, détruisant le pouvoir d’achat de la population déjà appauvrie, qui voit son panier de la ménagère se vider, une véritable escroquerie à ciel ouvert. Les prix des denrées de base flambent, pendant que les dirigeants s’enrichissent de manière illicite et honteuse. Les investissements productifs sont absents, les infrastructures sont délabrées et les quelques réalisations observées cachent un vaste réseau criminel de surfacturation et de détournement de deniers publics. La corruption est devenue la norme au sommet de l’État", a-t-il lâché.
Sur le plan social, le président national de l'A.Ch. indique que le peuple est abandonné à son triste sort. Les fonctionnaires de l'État, poursuit-il, vivent sans espoir, attendant avec incertitude et dans la plupart des cas jusqu’au 39e jour du mois pour être payés.
Les enseignants et les médecins sont « clochardisés », la jeunesse est abandonnée, livrée au chômage et à la délinquance. La famine bat le record dans tout le pays avec une exacerbation dans les provinces de l’Est et du Kasaï.
Sur le plan sécuritaire, Jean-Marc Kabund estime que le drame le plus insoutenable demeure celui que vivent les Congolais de l’Est de la République qui, depuis plus de deux décennies, paient le prix du silence. Des vies y sont fauchées et des familles déchirées.
« Nos morts ne sont pas des statistiques, ce sont des mères, des pères, des enfants, des jeunes, des soldats, des citoyens, des Congolais », a-t-il insisté.
Aujourd’hui, la rébellion AFC/M23, appuyée militairement par le Rwanda, continue d’occuper des portions entières du territoire national.
"Le pays est en train de se fragmenter, se dirigeant tout droit vers sa balkanisation, pendant que ceux qui ont juré de le protéger s’adonnent à la politique du déni et de la diversion. Personnellement, je ne suis pas surpris de la situation dans laquelle se trouve notre pays, car j’avais tiré la sonnette d’alarme en 2022", a-t-il déclaré.
Face à ce tableau sombre qu'il dresse, Jean-Marc Kabund appelle au dialogue inclusif pour des solutions définitives.
"C’est pourquoi face à l’option militaire, mal pensée et mal exécutée, et à une diplomatie de façade mise en place par le pouvoir actuel, nous proposons le dialogue inclusif comme solution à la crise sécuritaire et humanitaire qui secoue notre pays", a-t-il dit.
Jean-Marc Kabund dit appeler au dialogue national inclusif qui, selon lui, n’est pas une option, mais un impératif catégorique. Il considère que le refus obstiné de Félix Tshisekedi à convoquer un dialogue politique inclusif avec l’ensemble des forces vives et des acteurs armés serait une erreur grave caractérisée par une stratégie cynique qui consiste à conserver le pouvoir au-delà de son second et dernier mandat par un « glissement », à défaut d’un troisième mandat difficile à obtenir par le changement de la Constitution.
Junior Ika