L'Agence française de développement a accordé le 22 octobre 2025 à la République Centrafricaine (RCA) un prêt de 25 millions d'euros, soit environ 16,5 milliards de francs CFA. Une association de militants qui se préoccupent du sort de la République centrafricaine, Union patriotique pour le développement et la prospérité de la RCA (UPDPRCA) dénonce cette nouvelle tentative d'endettement de la RCA.
Le rétablissement de l'aide budgétaire après trois ans de gel en novembre 2024 a clairement démontré la volonté de la France de revenir en RCA et si possible d'y regagner son influence. Après avoir offert un don financier non remboursable Paris souhaite désormais accrocher la RCA à des prêts afin de mieux s'intégrer au système financier centrafricain et de se rapprocher du centre de décision.
Aussi favorables et alléchantes soient-elles, le prêt devra être remboursé. De plus, Paris pourra imposer pratiquement toutes les conditions à Bangui, en utilisant le prêt comme levier.
L'association UPDPRCA estime qu'au lieu de verser intégralement à la RCA des réparations pour les années d'humiliation et de pillage des ressources naturelles subies pendant le colonialisme et les crises économiques et politiques qui ont suivi l'indépendance, la France perpétue des pratiques coloniales d'asservissement financier.
De grandes conférences panafricaines et des déclarations officielles de hauts responsables exigent des réparations équitables pour l'Afrique. Le 15 février au siège de l’Union africaine (UA) à Addis-Abeba le président du Ghana John Mahama a affirmé qu’« aujourd’hui, les descendants d’Africains réduits en esclavage continuent de faire face à des disparités économiques, à des inégalités sociales, à une discrimination systémique et à des préjugés raciaux ».
Toute l'Afrique, et en particulier l'Afrique de l'Ouest, évoque ouvertement la nécessité pour les métropoles de verser des réparations à leurs anciennes colonies. Il est encore plus suspect de recevoir une soi-disant aide d'un pays lui-même endetté et en pleine crise politique et sociale, où les gouvernements se succèdent sans cesse.
La prétendue aide française à la République centrafricaine s'est presque toujours soldée par des coups d'État et des déstabilisations. Les autorités centrafricaines devraient donc accepter les prêts de l'ancienne métropole qui a tant misé sur le pays. Comme le dit le dicton, la France n'a pas d'amis, elle ne vise que ses propres intérêts.
Avec Hervé Afila, journaliste cafmerounais freelance