Mbikayi au ministre Belge qui demande un dialogue en RDC : « 3 gouvernements sont déjà tombés en moins d’un an en France. Pourquoi ne demande-t-il pas à son voisin d’organiser un dialogue inclusif inter-français pour résorber la crise ? »

Mercredi 8 octobre 2025 - 10:38
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Tribune Libre 138

Dialogue national ou repêchage ?

C’est avec intérêt que j’ai lu les extraits du discours du ministre belge des Affaires étrangères, Maxime Prévot, qui a donné son avis sur la condamnation à mort de l’ancien président Joseph Kabila. Il a, dans la même lancée, rappelé la nécessité d’organiser un dialogue national pour décrisper l’atmosphère vis-à-vis de l’opposition républicaine. Ce n’est pas à Maxime Prévot d’en parler publiquement.

Nous reconnaissons à tout citoyen, qu’il soit congolais ou étranger, le droit d’exprimer un point de vue sur l’actualité dans un cadre privé. Mais qu’un ministre d’un pays étranger se permette de critiquer publiquement la politique intérieure d’un État souverain, c’est franchir une ligne rouge. Pour des souverainistes que nous sommes, cela reste inacceptable.

Certes, un pays ami peut formuler des observations sur certaines préoccupations internes. Mais l’élégance diplomatique voudrait que cela se fasse par des canaux discrets : entretiens bilatéraux, notes verbales, appels entre ministres, ou encore dans le cadre d’organisations internationales. Et encore faudrait-il que cette correction soit réciproque.

Si le ministre belge n’avait pas laissé transparaître un réflexe d’ingérence hérité d’une certaine tradition paternaliste, il aurait commencé par balayer devant sa porte.

Chez son voisin français, la classe politique peine à constituer un gouvernement depuis la dissolution de l’Assemblée nationale par Emmanuel Macron, désavoué par le peuple. Trois gouvernements sont déjà tombés en moins d’un an, le dernier étant celui de Sébastien Lecornu, démissionnaire à peine vingt-quatre heures après sa nomination.

Pourquoi Maxime ne demande-t-il pas à son voisin d’organiser un “dialogue inclusif inter-français” pour résorber la crise ? Parce qu’il respecte la France. Et parce que la classe politique française se respecte.

En France toujours, N. Sarkozy, condamné par la justice, a crié au scandale et dénoncé l’instrumentalisation politique des juges. M. Le Pen, après sa condamnation, a parlé d’un acharnement visant à l’écarter de la course présidentielle. Pourtant, le ministre belge n’a pas osé commenter ces affaires. Pourquoi ? Parce qu’il respecte la justice française.

Que certains Congolais, notamment les partisans de J. Kabila, contestent le verdict et dénoncent un procès inéquitable, c’est leur droit. Mais ce n’est pas à Maxime Prévot de s’en faire le porte-voix.

Lorsqu’il appelle à un dialogue national, ce n’est pas lui qui parle. C’est l’opposition congolaise qui s’exprime à travers lui. Après l’échec de leur projet de résolution au Congrès américain destiné à s’opposer au prétendu “3ème mandat” de F. Tshisekedi, certains ont trouvé en lui un relais.

Mais pourquoi notre opposition réclame-t-elle à cor et à cri un dialogue ? S’il n’y avait pas la guerre d’agression imposée par le Rwanda, quels autres prétextes aurait-elle trouvés ?

En principe, une opposition forte n’implore pas le pouvoir d’organiser un dialogue ; elle impose un rapport de force sur le terrain, par des actions politiques  qui l’y contraignent. Elle ne délègue pas à des chancelleries étrangères la mission de plaider sa cause.

Les opposants, notamment ceux réfugiés à l’étranger, exigent des élections dans les délais. Fort bien. Mais quand comptent-ils rentrer pour affronter sur le terrain une majorité aussi forte et populaire que l’Union sacrée de la Nation ?

La vérité est simple : ils ne réclament pas un dialogue pour créer l’harmonie, mais pour obtenir un repêchage. Après avoir boycotté les élections pour les uns et mordu la poussière pour les autres, ils cherchent à entrer dans les institutions par la fenêtre, en espérant se refaire une santé politique.

Quel intérêt aurait la majorité au pouvoir à offrir une bouffée d’oxygène à des adversaires politiquement essoufflés ?

Le Congo n’a pas besoin de dialogue maintenant. Il a besoin de stabilité et de son intégrité territoriale. Vrai ou faux?

Tribune de Steve Mbikayi, député national et président du Parti Travailliste (PT)

 

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