
Je ne connais pas personnellement Jacques Kyabula Katwe, gouverneur « suspendu » du Haut-Katanga, mais je me permets d’intervenir pour rééquilibrer le débat, au regard de l’injustice qu’il subit depuis un certain temps.
Voilà bientôt deux mois que le vice-premier ministre et ministre de l’Intérieur, Jacquemain Shabani, a rappelé Kyabula à Kinshasa pour une séance de travail après ses propos tenus le 1er juillet dernier à Lubumbashi, lors du meeting de l’Union sacrée. Depuis, le gouverneur est toujours bloqué dans la capitale au nom d’une enquête censée élucider les circonstances de sa disparition puis de sa réapparition à Lubumbashi avant son arrivée à Kinshasa. Mais jusqu’à quand ? La question reste entière.
Kyabula se retrouve isolé, seul face à certains acteurs du régime qui semblent déterminés à se débarrasser de lui pour imposer leur tempo politique dans le Haut-Katanga et y installer un nouveau gouverneur. Pourtant, il bénéficie encore de la confiance de la population. Le dernier sondage de l’institut Les Points révèle que 81 % des habitants de la province réclament son retour et la reprise de ses fonctions.
Un tel plan, s’il venait à aboutir, affaiblirait directement le président Félix Tshisekedi dans une province où son influence est précieuse et chèrement acquise. Nul n’ignore le rôle de Kyabula dans la construction de cette image présidentielle auprès des Katangais. Alors que le pays fait déjà face à une crise sécuritaire grave à l’Est, pourquoi ouvrir un autre front inutile, au risque d’enfoncer la nation dans le chaos ?
L’ancrage politique et social de Kyabula reste une barrière contre l’opposition, qu’elle soit politique ou armée. Son absence prolongée fragilise la cohésion entre le pouvoir central et le terrain, et ouvre des brèches que l’opposition – surtout militaire – pourrait exploiter. C’est une stratégie dangereuse pour la stabilité nationale et pour l’influence du chef de l’État dans le Haut-Katanga.
Face à l’évidence, il est urgent que le président Tshisekedi instruise son ministre de l’Intérieur afin de lever cette mesure et de permettre à Kyabula de regagner sa province pour suivre l’exécution des projets en cours. J’insiste et persiste : il est temps de réhabiliter le gouverneur du Haut-Katanga.
Olivier Rolland Tshimanga, Journaliste et Assistant à l'Université des Sciences de l'Information et de la Communication (UNISIC) ex IFASIC