Tribune Libre n°118
Éducation et excellence en Afrique : quand une école congolaise se hisse au niveau mondial
Dans le silence relatif des projecteurs internationaux, une école congolaise signe une performance remarquable au Baccalauréat International (IB), ces dernières années . Il s’agit du Cartésien, établissement privé congolais, dont la cohorte 2025 a obtenu des résultats dignes des meilleurs standards mondiaux.
Avec plusieurs élèves ayant obtenu 37 à 38 points sur 45, soit entre 82 % et 84 % de réussite et une densité de candidats situés entre 35 et 36/45, l’école se situe bien au-dessus de la moyenne mondiale (30,58 points en 2025). À titre comparatif, des institutions prestigieuses comme Dulwich College à Séoul affichent des moyennes de 36,1 points, tandis que la plupart des écoles africaines autorisées IB gravitent entre 32 et 34.
L’excellence dans le détail
Très bien cotés à Genève, les sujets des mémoires soutenus par ces élèves congolais donnent un aperçu du niveau d’encadrement intellectuel et de maturité conceptuelle :
•En mathématiques appliquées : modélisation de files d’attente bancaires, loi normale, suite de Fibonacci.
•En sciences physiques : expérimentations sur la gravité, la dispersion lumineuse, la résistance électrique.
•En sciences sociales : impact des stratégies marketing de Nokia, gouvernance de Meta, place des femmes en politique en RDC et au Rwanda.
Ce ne sont pas simplement de bonnes notes; c’est un niveau de questionnement universitaire appliqué dès l’enseignement secondaire.
Bien souvent quand on parle du Cartésien, on fait allusion aux langues : Anglais, français, espagnol. Or la spécialité de l’école réside dans les mathématiques dont la pondération est au dessus de toutes les matières.
La preuve est que souvent, les mémoires de nos finalistes portent plus sur les sciences que sur les langues : Mathématiques, physique, chimie ; suivies du cours de politique mondiale, de la gestion et de l’économie. Domaines qu’ils embrassent généralement dans les bonnes universités d’ outre-mer.
En comparant nos performances de trois dernières années à celles d’établissements situés en Russie (Letovo School, 43/45), Hong Kong (St Paul’s Co-ed School, 42,3) ou Japon (K. International, 41,5), on comprend que le Cartésien est encore en phase ascendante, mais déjà dans la compétition internationale des écoles IB performantes.
Ce cas d’excellence suggère une conclusion claire:
lorsqu’ils sont bien encadrés, les enfants africains sont capables de rivaliser, et potentiellement de surpasser ceux issus des pays les plus développés.
La qualité n’est donc pas une question de continent, mais de méthode, de volonté, d’environnement éducatif et d’ambition pédagogique.
Le rôle du secteur privé comme levier
En analysant les facteurs de cette réussite, deux éléments-clés apparaissent :
1.Un encadrement pédagogique personnalisé, avec une attention particulière à la discipline académique.
2.Un investissement éducatif structuré, souvent plus rigoureux que dans le système public classique.
Cela ne signifie pas que l’enseignement privé doit remplacer le public. Mais cela pose avec insistance la question suivante :
Pourquoi ne pas nous inspirer du modèle privé performant pour réformer en profondeur l’enseignement général congolais ?
Gratuité de l’enseignement : un point d’appui
La gratuité de l’enseignement de base, décrétée par le président Félix Tshisekedi, est sans conteste une avancée historique. Elle a permis à des milliers d’enfants issus des milieux les plus précaires d’accéder à l’école.
Mais elle ne peut à elle seule produire l’excellence :
Elle doit s’accompagner de réformes de fond, centrées sur la qualité pédagogique, la formation des enseignants, la gouvernance scolaire et l’innovation didactique.
Les défis sont énormes.
Pour cette raison, le budget du ministère de l’enseignement primaire, secondaire et technique doit être revu à la hausse.
lecartesien.org
Tribune de Steve Mbikayi