
Cinq zones de santé de Kinshasa s'apprêtent à accueillir chacune un laboratoire moderne d'analyses biomédicales. Il s’agit des zones de santé de Maluku 1 et 2, N’Sele, Mont-Ngafula 2 et Selembao. L’œuvre est de l’Agence française de développement (AFD) dans le cadre de son projet Laboh-Kin, dont le coût est de 12 millions d’euros, avec la mise en œuvre assurée par Expertise France.
Chaque laboratoire, d'une superficie de 400 m², est déjà achevé à 90 %. Ils comporteront deux volets : un volet clinique, qui concerne directement les patients se rendant à l'hôpital, et un volet de surveillance épidémiologique ou de santé publique. Cela permettra à ces zones de santé de ne plus dépendre des laboratoires tels que l’Institut national de recherche biomédicale (INRB) et HJ Hospital.
« Nous avons pris le paquet minimum complémentaire d’analyse que la direction nationale de laboratoire définit pour les hôpitaux généraux de référence. C’est-à-dire que chaque laboratoire aura le service de parasitologie, le service d’hématologie, le service de sérologie, le service de microbiologie et celui de biochimie », a expliqué le Dr Siméon Tawite, responsable de la composante Laboratoire du projet Laboh-Kin, lors d’une visite à l’hôpital général de Kinkole (zone de santé de N’Sele) et à l’hôpital général de Makala, ex-Sanatorium (zone de santé de Selembao), le mardi 8 juillet.
Le projet prévoit également la formation du personnel sur l'utilisation des nouveaux appareils.
« L’aspect formation est également pris en compte par le projet. Le personnel est en train d’être formé sur des notions qu’il n’avait pas et sur des notions qu’il a déjà, mais en tenant compte de l’évolution de la technologie. C’est ainsi que des stages sont prévus dans deux laboratoires certifiés de Kinshasa, qui fonctionnent selon les normes internationales. Ils iront en immersion là-bas et reviendront gérer leurs propres équipements », a ajouté le Dr Siméon Tawite.
La zone de santé de N’Sele compte plus de 700 000 habitants répartis sur 1 408 km², avec une densité de 504 habitants/km². Malheureusement, au sein de son hôpital de référence, l’analyse des échantillons se fait manuellement. Le laboratoire ne dispose que d'un petit semi-automate vétuste et de trois microscopes.
« Plusieurs de nos malades, nous les envoyons faire les examens ailleurs et parfois nous-mêmes,nous convoyons les échantillons dans des conditions de mobilité difficiles que connaît Kinshasa, vers des structures médicales éloignées dont les prix dépassent largement la bourse de nos patients. Parfois, nous mettons trois jours pour obtenir les résultats. Imaginez-vous les conséquences. Ce laboratoire va résoudre ce problème », s'est réjoui le Dr Samy Tessi, médecin chef de staff de l’hôpital général de Kinkole.
À l’hôpital général de référence de Makala, les conditions sont également affreuses, similaires à celles de Kinkole. Le plateau technique est « comparable à celui d’un dispensaire du quartier », a déploré le biologiste Franck Lukombo.
« Notre zone de santé compte 708 131 habitants. Actuellement, nous parcourons plusieurs kilomètres pour effectuer les examens, souvent à l’INRB. Cet ouvrage va nous rendre un immense service. Nous sommes entourés par six autres zones de santé qui rencontrent le même problème et qui auront certainement recours à cet ouvrage. Nous remercions énormément l’AFD ainsi que nos autorités nationales et provinciales pour avoir pensé à nous », a poursuivi le Dr Théophile Ezangu, médecin chef de zone de santé de Selembao.
Deux maternités pour renforcer l’accès aux soins maternels et infantiles
Dans le cadre du projet Mère et Enfant Promekin II, doté d’un budget de 17 millions d’euros, l’AFD finance également la construction d’une maternité à Kingasani, dans la commune de Kimbanseke, et d’une autre à Binza, dans la commune de Ngaliema, les deux gérées par des congrégations catholiques. Ces unités ont la particularité d’avoir chacune un centre de néonatologie et une salle d’opération.
La maternité de Binza qui est en voie de devenir un centre hospitalier, sa nouvelle unité qui est à 70% de réalisation a la capacité d’accueil de treize lits dont huit dans une salle commune mais séparés par des box, trois chambres privées, un lit pour les urgences et un autre pour les cas de césarienne. L’ancienne unité n’a que la capacité d’accueil de trois lits mais atteint parfois 400 accouchements par mois, à en croire les responsables.
« On luttait depuis longtemps pour avoir un bloc opératoire maintenant nous allons en avoir grâce à l’AFD. En cas de césarienne, nous étions obligés de parcourir presque six kilomètres avec la patiente pour arriver à l’hôpital de Kintambo », a déclaré Godefroid Luyeye, médecin directeur.
Et à la sage-femme,Vicky Mango d'ajouter :
« Jusqu’ici nous ne sommes qu’une maternité de base, c’est-à-dire que nous ne prenons en charge que les accouchements par voie basse. Avec la nouvelle maternité, notre plateau technique va s’agrandir avec le bloc opératoire »
Selon le groupe AFD, près de 700 millions d’euros ont été mobilisés pour la RDC depuis la signature du protocole avec le gouvernement congolais en décembre 2021, afin d’accompagner le pays dans la mise en œuvre de sa politique nationale de développement. « Une part importante de ces fonds est dédiée aux infrastructures urbaines », souligne l’Agence.
Bienfait Luganywa