Lors d'une conférence de presse tenue ce lundi 28 août 2023 à Kinshasa, les avocats du député national Édouard Mwangachuchu ont une nouvelle fois exprimé leur désaccord face aux charges qui pèsent contre leur client. Accusé de trahison, de détention illégale d'armes de guerre et de participation à un mouvement insurrectionnel, Mwangachuchu risque la peine de mort.
Cependant, selon ses avocats, le procès a des motivations de haine et de stigmatisation. Ils ont dénoncé les propos discriminatoires à l'égard de leur client, qui n'ont aucun rapport avec les accusations portées contre lui.
« Au terme des audiences, nous sommes arrivés à la conclusion selon laquelle que toutes les preuves qu'on a tenté d'apporter contre l'honorable Mwangachuchu s'articulent autour de son appartenance à l'ethnie tutsi. Et cela a fait penser au ministère public qu'il peut même se dispenser d'apporter des preuves irréfutables au-delà de tout doute inimaginable », a déclaré Me Thomas Gamakolo.
En outre, les avocats de Mwangachuchu alléguent que leur client ne peut être considéré comme victime expiatoire de tous les crimes et les fautes présumés commis par des Tutsis, sans aucune preuve spécifique de sa culpabilité dans ces actes.
« Nous estimons qu'avec ce procès, notre vivre-ensemble et la cohésion nationale sont mis à rude épreuve. Notre client, n'étant pas le Jésus-Christ des Tutsis, ne va pas être puni pour des faits d'autrui aux prétextes qu'il est de la même ethnie que des membres de la rébellion M23. Chacun doit répondre des faits individuellement commis », a insisté Me Gamakolo.
Jusqu'à présent, a-t-il fait remarquer, aucune preuve concrète n'a été présentée pour étayer les griefs mis à charge de Mwangachuchu. Ce qui prouve qu'il est l'objet d'une véritable chasse aux sorcières.
« Le réquisitoire du ministère public est formulé sur base d'aucun élément de preuve. En effet, rien n'a été prouvé sur le fait que notre client financerait le M23, moins encore aurait fourni des armes aux membres de cette rébellion ou constituer un groupe d'hommes au sein de la concession pour renforcer le M23. S'agissant de cette concession de la SMB, il y a un péché originel qui consiste à faire croire qu'elle appartiendrait à notre client, ce qui a poussé ses détracteurs à échafauder cette affaire dans le but de la lui arracher. Malheureusement pour eux, cette concession ne lui appartient plus depuis 2014 », a-t-il indiqué.
De plus, les avocats de Mwangachuchu appellent à un procès équitable et à la fin de la stigmatisation ethnique. Ils plaident pour que leur client (âgé de 70 ans) « affaibli par la maladie » soit jugé sur base des faits concrets et non pas sur des suppositions ou des stéréotypes. Ils ont également souligné l'importance de respecter les droits de leur client en tant qu'être humain, sans égard à son origine ethnique.
La peine de mort a été requise contre l'élu du Nord-Kivu par le ministère public. C'était lors de l'audience qui s'est déroulée le vendredi dernier à la prison militaire de Ndolo.
Merveil Molo