Au cours d’un point de presse tenu ce dimanche 21 mai 2023, le président du parti politique Mouvement Lumumbiste Progressiste (MLP), Franck Diongo, a dénoncé l’implication d’une « milice » du parti présidentiel, dénommée « Brigade Spéciale de l’UDPS », dans les actes des violences perpétrés lors de la marche de l’opposition du 20 mai dernier à Kinshasa.
Face à la presse, le président du MLP a soutenu que manifester est une façon d’exprimer son opinion dans un État dit démocratique, et son parti qui s’est toujours engagé pour l’intérêt de la population et de la démocratie ne pouvait faire exception, au regard des raisons qui ont conduit à cette marche, notamment l’organisation des élections chaotiques.
« Les villes mortes, le sit-in, les marches sont les expressions démocratiques dans un État de démocratie. Et celui qui nous a enseigné,c’est Étienne Tshisekedi wa Mulumba d’heureuse mémoire. C’est un moyen d’exprimer son opinion pacifiquement avec l’ensemble de la population. C’était la marche de l’opposition. Nous n’avons pas été organisateurs, ni co-organisateurs de la marche, mais nous avons appelé à soutenir cette marche, au regard des raisons évoquées. Tous les patriotes, même le CLC avait soutenu, nous avons été obligés par devoir patriotique, d’appeler nos combattants et tous les congolais, les mouvements citoyens, de participer à cette action patriotique qui dénonce la dictature, l’organisation des élections chaotiques, la vie chère », s’est-il exprimé.
Pour Franck Diongo, le régime de Félix Tshisekedi a tout fait pour empêcher la réussite de cette action de l’opposition.
« Le régime au pouvoir a tout fait pour empêcher à ce que l’opposition fasse sa marche. Parce qu’il est incompréhensible qu’un régime qui veut se dire de démocratie ou d’Etat des droits, puisse permettre 3 manifestations le même jour. Il y a la marche de l’opposition, le meeting d’un parti de la majorité ou encore une autre marche de la majorité, et le fait d’avoir reporté la matche de l’opposition. Tous ces éléments laissent croire qu’il n’y a pas eu la volonté politique de permettre à ce que l’opposition puisse faire sa marche », a déploré Franck Diongo.
Le président du MLP a également dénoncé l’utilisation des armes et des mâchettes par des policiers sur les manifestants.
« Le constat général ce qu’il y a eu usage disproportionnel de la force par la Police. La violence qui a eu lieu n’a pas été proportionnelle aux équipements, à la volonté des mesures de maintenir l’ordre public, les instruments qu’on donne pour le maintien de l’ordre public, on n’a vu ça. Vous avez vu l’usage des armes à feu, des armes létales, des gaz lacrymogènes et d’autres armes blanches. Vous avez vu des policiers avec des machettes, et de cela découle des blessés graves, légers, et des morts non évoqués », a-t-il fait savoir.
Dans la foulée, ce leader de l’opposition a fustigé l’implication de la brigade spéciale de l’UDPS dans les actes des violences ainsi que sa collaboration avec les forces de l’ordre.
« De ça découle également la présence remarquée d’une milice, appelée Brigade Spéciale de l’UDPS, dénommée force du progrès. On a vu cette brigade en action, légalisée par le pouvoir d’Etat. Le fait de légaliser une milice dénommée force du progrès, comme brigade spéciale de l’UDPS, cela voudrait dire que chaque parti doit avoir sa milice parce que lorsqu’ils opèrent avec des machettes, ils contrôlent des véhicules, ils ont des cachots, si chaque parti légalise sa milice, vous aurez la guerre civile à Kinshasa », s’est-il indigné.
Faisant état d’au moins 25 blessés, dont près de 10 dans une situation grave, des disparus et 12 motos arrachées par ladite brigade lors des attaques contre les militants de son parti dans plusieurs coins de la capitale, Franck Diongo note une régression de la démocratie dans le pays.
« Par rapport au combat pour la démocratie, nous avons le regret de vous dire qu’il y a une régression de la démocratie et nous condamnons la répression, et la circonstance aggravante est que celui qui nous a enseigné la démocratie, c’est son fils biologique et politique qui est Président. Félix Tshisekedi ne peut pas faire ça à l’opposition parce que l’UDPS a fait 37 ans de combat. Il y’a régression de la démocratie, et nous exigeons une enquête indépendante et une enquête du Gouvernement, parce j’ai suivi le rapport préliminaire ou provisoire de la Police, mais ils n’ont pas dénoncé l’implication et la collaboration de la milice et l’armée, nous avons besoin d’un État beaucoup plus juste, plus honnête et plus sincère. Nous nous sommes bâtis pour la démocratie. Le combat de la démocratie doit continuer et le pouvoir ne peut pas agir avec une milice d’un parti au pouvoir », s’est-il exprimé.
Par ailleurs, Franck Diongo a appelé le président Félix Tshisekedi et l’UDPS à revenir sur les pas d’Etienne Tshisekedi et à ne pas « cracher » sur son combat.
Christian Dimanyayi