Me Marie-Louise Okako, l'un des avocats des parties civiles, s'est appesantie lors de sa plaidoirie le mercredi 16 février 2022, sur la reconstitution des faits de l'assassinat de Floribert Chebeya et Fidèle Bazana.
Dans sa narration, elle a mis un accent particulier sur le fait que ce forfait commis par les policiers membres du bataillon « Simba » créé par John Numbi et dirigé à l'époque par Christian Ngoy Kenga Kenga, était un complot ourdi depuis bien longtemps.
4 mois avant l'exécution de cette mission, a-t-elle indiqué, les policiers Christian Ngoy Kenga Kenga, Jacques Migabo et Paul Mwilambwe qui vivaient sous le même toit, ont déménagé de leur lieu d'habitation pour s'installer sur la même avenue où se trouvait la résidence de Chebeya afin de suivre de près ses mouvements.
« Au mois de février 2010, le commissaire Christian Ngoy Kenga Kenga naturellement avec son ange gardien, Jacques Migabo et Paul Mwilambwe déménagent du numéro 15 de l'avenue où ils habitaient pour aller habiter sur la même avenue que la victime Chebeya. Au mois de février 2010, nous ne pouvons pas comprendre pourquoi ils ont déménagé, mais eux-mêmes savaient. Ce n'est pas surprenant qu'on retrouve le plan de la maison Chebeya entre les mains de la police. Cela signifie que Chebeya a été traqué comme une bête depuis longtemps avant que le 1er juin 2010, on en arrive à son assassinat », a souligné Me Okako.
Elle a mis en exergue le rôle odieux joué par le colonel Daniel Mukalay.
« Le 31 mai 2010, l'assassin Daniel Mukalay parce qu'il est déjà condamné, va appeler Chebeya pour l'informer qu'il sera reçu vers 17h30 par l'Inspecteur général de la police. L'information qu'il a livrée à Chebeya n'était pas connue du service du protocole pourtant attitré de l'inspection générale de la police. Parce que cela ne suffisait pas, il fallait se rassurer que cette fois-ci, on l'a bien eu après l'avoir loupé de l'assassiner à Lubumbashi et le lendemain matin, l'assassin Mukalay prendra soin d'appeler encore Chebeya pour lui dire que ce jour-là, on l'attendait à l'IG à 17h30. Nous avons eu à le suivre qu'à 17h30, c'est en dehors des heures de service à la police nationale. Le même 31 mai 2010, Mukalay avait fait le tour de la ville et s'était rendu jusqu'à Mitendi prétendument en visite familiale. Vous comprendrez par la suite qu'après l'assassinat, le corps de Chebeya et Bazana se soient retrouvés à Mitendi. Mukalay était en éclaireur pour préparer le terrain comme un bon fossoyeur afin d'aller remettre Chebeya et Bazana à leur croque-mort pour qu'ils soient enterrés dans la concession du général Djadjidja », a dit Me Okako.
S'appuyant sur les révélations faites par différents témoins et renseignants, Me Okako a décrit les circonstances de l'assassinat de Chebeya et son compagnon avec le mode opératoire utilisé par les exécutants : « menotter, cagouler, scotcher puis asphyxier ». Puis, les corps sans vie des victimes ont été acheminés à Mitendi.
Me Okako dénomme ce procès « Effacer le tableau » car, a-t-elle expliqué, tout avait été mis en œuvre pour brûler la reconstitution des faits dans le but inavoué d'organiser l'irresponsabilité pénale des auteurs.
« Effacer le tableau pourquoi ? Parce que l'adjoint du colonel Kenga Kenga a trouvé la mort dans les circonstances non encore élucidées à ce jour. L'occupant de la maison de Djadjidja qui a eu à recevoir le corps de Bazana et qui aurait pu nous éclairer sur l'endroit où il l'a placé, a trouvé curieusement la mort. Enfin, tous les éléments et effets trouvés sur le théâtre des faits à Mitendi avaient été détournés par le biais du colonel Mukalay », a-t-elle précisé.
Il sied de noter que les avocats des parties civiles n'ont pas clôturé leurs plaidoiries. Ils vont poursuivre le même exercice à l'audience prévue le mercredi prochain.
Merveil Molo