La décision du gouverneur de la ville de Kinshasa, Gentiny Ngobila Mbaka, interdisant la tenue de toutes les différentes marches annoncées dans la capitale de la République Démocratique du Congo est loin de faire l'unanimité au sein de la classe sociopolitique congolaise.
En effet, l'Union pour la Démocratie et le Progrès Social (UDPS), le Parti du Peuple pour la Reconstruction et la Démocratie (PPRD), la coalition LAMUKA ainsi que d'autres structures de la société civile ont prévu des manifestations à Kinshasa dans les jours à venir.
Pour l'Association Africaine de Défense des Droits de l'Homme (ASADHO), la décision de Gentiny Ngobila profite au Front Commun pour le Congo (FCC) dont son parti politique le PPRD est membre.
"Pour nous, cette décision de Monsieur Gentiny Ngobila profite au FCC dont il est membre, ça c'est la première observation. Et la marche prévue par le PPRD, nous nous pensons qu'elle a été inventée pour permettre à Ngobila d'interdire les autres marches", a dit Jean-Claude Katende, président de l'ASADHO, ce mercredi 8 juillet 2020 à 7SUR7CD.
S'agissant de l'État d'urgence sanitaire évoqué par le gouverneur de la ville pour interdire la tenue de toutes ces marches, le président de l'ASADHO estime que cela ne peut pas constituer une raison valable pour empêcher les Congolais de manifester conformément à la Constitution.
"Il faut noter que l'État d'urgence sur base duquel il a pris cette décision, ne suspend pas l'exercice des droits fondamentaux consacrés par la Constitution, dont le droit à manifester pacifiquement. Sa décision pour nous, elle est tout simplement abusive et tend à suspendre définitivement les droits constitutionnels", renchérit-il.
Par ailleurs, Jean-Claude Katende soutient que le gouverneur de la ville de Kinshasa aurait pu inviter les organisateurs de toutes ces marches à respecter les gestes barrières pour éviter la propagation du coronavirus.
Le président de l'ASADHO a, dans la foulée, appelé les éléments de la Police Nationale Congolaise au professionnalisme et les militants des partis politiques à manifester pacifiquement en respectant les principes démocratiques.
Pour rappel, le gouverneur de la ville a, au cours d'une séance de travail mardi dernier avec les délégations de l'UDPS et LAMUKA, fait savoir que la tenue de leurs marches n'était pas possible compte tenu de l'État d'urgence sanitaire décrété par le chef de l'État pour lutter contre la covid-19, interdisant notamment le rassemblement de plus de 20 personnes.
Malgré la décision du gouverneur, l'UDPS et LAMUKA ont maintenu leurs marches prévues respectivement le 9 et 13 juillet prochains. Pour l'UDPS, il sera question de protester contre l'entérinement de Ronsard Malonda à la tête de la Commission Électorale Nationale Indépendante (CENI) par l'Assemblée nationale.
Le parti présidentiel, dirigé par Jean-Marc Kabund, a retenu le palais du peuple comme point de chute de sa marche, où un mémorandum sera déposé au bureau de l'Assemblée nationale. LAMUKA marchera pour le même motif, mais également pour exiger le retrait des propositions de loi Minaku-Sakata sur la réforme de la justice.
Jephté Kitsita