« Une autre vision du Gabon, Prémices pour la démocratie » : c’est l’intitulé du nouveau livre de l’homme politique gabonais, Pierre-André Kombila-Koumba, publié aux éditions l’Harmattan, 2014. Cet essai politique dresse une vue globalisante de la situation politique, économique et sociale du Gabon actuel. L’auteur part des causes lointaines et proches des problèmes politiques de l’Afrique tout entière, qui selon lui, expliquent ceux de son pays. En épinglant les différents maux qui rongent son pays, il se questionne sur l’avenir de cette nation et propose des pistes de solutions pour sortir le peuple gabonais de sa souffrance et rétablir la légitimité républicaine.
Pierre-André Kombila livre sa pensée à travers les trois grandes parties du livre: Le problème du Gabon (9 chapitres) ; De la nécessité d’une collaboration exemplaire avec l’ancienne métropole (4 chapitres) ; et Enoncé d’un parcours : Notes bibliographiques.
Dans le premier chapitre de la première partie « Un Gabon nouveau, une société nouvelle pour un Etat nouveau», l’auteur fait un état des lieux du Gabon, jugé rétrograde. Il exprime la nécessité d’une alternance au pouvoir par le terme : l’homme nouveau, l’Etat nouveau.
Dans son analyse, il fait allusion à un récent débat sur une chaîne de télévision africaine, des intellectuels africains qui imputaient la fragilité et la faiblesse de nos Etats à la qualité de nos leaders choisis au moment des indépendances. Ces derniers ont affirmé que « les plus visionnaires ont été marginalisés quand ils n’ont pas purement et simplement été liquidés physiquement. Avec Kwame Nkrumah et Hamilcar Cabral pour l’Afrique de l’Ouest, Barthelemy Boganda et Patrice Emery Lumumba pour l’Afrique Centrale, Jomo Kenyatta pour l’Afrique de l’Est et Gamal Abdel Nasser Hussein pour l’Afrique du Nord. Ceux qui ont été maintenus et soutenus n’avaient pas un niveau intellectuel suffisamment élevé pour comprendre les enjeux ou pour bâtir des Etats au sens plein du terme ».
Dans les lignes suivantes, Pierre-André Kombila affirme que les problèmes de l’Afrique aujourd’hui, ce sont d’abord ses dirigeants, son élite politique, mais aussi ses populations. Il poursuit en disant que s’il faut reconnaître que le pouvoir est mal exercé, il faut aussi admettre que nos populations agissent peu, regardent et laissent faire. A ce niveau, ajoute-t-il, la responsabilité est partagée si nous faisons nôtre cette pensée d’Albert Einstein : « Le monde va mal, pas tant à cause de ceux qui font le mal, mais à cause de ceux qui regardent et laissent faire ».
L’auteur dénonce ainsi la prise en otage du Gabon et de son peuple, par un groupement politique au pouvoir depuis un demi-siècle, qui s’est arrogé, contre la Constitution de la République et contre la volonté de la majorité, tous les droits. D’où le questionnement de ce dernier sur l’avenir d’un pays aussi monolithique que le Gabon, où l’absence d’alternance politique a enraciné les mauvaises habitudes de gestion d’un Exécutif qui a la mainmise sur tous les leviers du pouvoir et des affaires, gérant le pays comme un patrimoine familial.
Face à cette impasse qui fait du Gabon un pays condamné à végéter, Pierre-André Koumbila fait remarquer que les Gabonaises et Gabonais doivent se lever pour travailler à préparer une alternance politique qui mette enfin le Parti Démocratique Gabonais (PDG) hors d’état de nuire. Mettre l’homme qu’il faut à la place qu’il faut, et ceci, à tous les niveaux de la société. Pour y parvenir, Il propose de détruire le jeu archaïque du PDG et libérer le Gabonais des pesanteurs du passé. Car, dit-il, pour espérer évoluer, le Gabonais doit passer d’abord par le changement de l’Homme Gabonais, dont la personnalité est encore dominée par un des éléments prégnant de la culture traditionnelle selon lequel le chef est le seul détenteur de la sagesse et répartiteur des biens.
Rectifier la fonction présidentielle
Dans ce chapitre, «Rectifier la fonction présidentielle pour promouvoir la démocratie et la gouvernance», l’auteur fait allusion à la perversion de la fonction présidentielle, qui détermine les orientations des activités nationales, caractérisées par un gaspillage notoire des millions de dollars du trésor public. Il relève ensuite comment appliquer l’Etat de droit en identifiant les catégories sociales en contradiction et leurs attentes et en réglant celles de chacune.
Mais pour rectifier la fonction présidentielle, libérer les Gabonais des pesanteurs du passé et appliquer l’Etat de droit, Pierre-André Kombila propose un changement de paradigme : écarter de la gestion des affaires du pays le PDG et tout ce qu’il incarne.
Dans la deuxième partie, il mentionne que le pouvoir français actuel peu accompagner son pays sur la voie de la démocratie vraie qui mène à l’alternance, quand bien-même elle fabrique des rois du pays.
Enfin, dans la dernière partie de l’essai, l’auteur fait part à ses lecteurs de son itinéraire personnel, de sa propre expérience de l’histoire gabonaise.
Myriam Iragi