Plusieurs délégués de l’Opposition congolaise ont séjourné aux USA, plus précisément à Washington, du 07 au 11 mars 2015. Il s’agit entre autres de Vital Kamerhe (président de l’UNC), Samy Badibanga, président du groupe parlementaire UDPS et Alliés, Martin Fayulu (président de l’Ecidé et Coordonnateur de « Sauvons la RDC »), José Makila (président de l’ATD), Jean-Lucien Bussa (président de CDR). Bien qu’investi du rôle de porte-parole, l’ancien speaker de l’Assemblée Nationale s’est organisé pour laisser aussi la parole à ses pairs.
Donné pour l’un des initiateurs de cette tournée américaine de l’Opposition, J. Herman Hank Cohen, ancien Secrétaire d’Etat adjoint pour l’Afrique, a fait à sa manière la compilation du message apporté par les Opposants au pouvoir en place à Kinshasa et les réactions de l’opinion américaine, surtout au niveau du Département d’Etat. Selon les notes du précité, l’Opposition a rappelé aux décideurs politiques et fonctionnaires américains ce qu’ils savent déjà, à savoir que la Majorité au pouvoir à Kinshasa a définitivement renoncé à tout projet de révision constitutionnelle ou de la loi électorale ou encore d’organisation de référendum ou de recensement de la population. Elle a toutefois attiré leur attention sur les manœuvres dilatoires visant à obtenir coûte que coûte le glissement du calendrier électorale et partant, la prolongation automatique du second et dernier mandat du Chef de l’Etat.
Logique du glissement du calendrier électoral
Cette stratégie reposerait, selon elle, sur plusieurs pistes, notamment l’allongement des délais d’organisation des élections locales, municipales et législatives provinciales théoriquement prévues en 2015 mais impossibles de parachever cette année ; la surfacturation des coûts des élections prochaines à hauteur de plus d’un milliard de dollars américains alors que les scrutins de 2011 n’avaient coûté que 480 millions Usd ; le processus de mise en place en catastrophe de nouvelles provinces, villes et cités pour faire imploser le budget national et rendre impossible le financement du processus électoral en cours ; l’exclusion de 10 millions de nouveaux majeurs, source sûres de frustrations post-électorales.
Selon l’Opposition, une prolongation de la législature en cours pour au moins cinq ans, qui devait être provoquée par le recensement et l’identification de la population, peut être obtenue grâce aux entraves techniques et financières d’organisation des élections locales, municipales et législatives provinciales.
Herman Cohen a noté qu’à propos du calendrier électoral, l’Opposition a proposé le report des élections locales et urbaines à 2017, afin de faire respecter les délais constitutionnels d’organisation des élections présidentielle et législatives, impérativement fixées à l’année 2016 au plus tard. Elle a suggéré aussi que priorité soit accordée aux élections législatives provinciales, car les députés provinciaux devraient constituer le corps électoral pour les sénateurs ainsi que les gouverneurs et vice-gouverneurs de provinces, dont les mandats ont dépassé la limite du tolérable.
Craignant le glissement intention du calendrier électoral, l’opposition a demandé que la communauté internationale maintienne ses pressions sur les hommes au pouvoir à Kinshasa, afin que le peuple congolais ait des élections transparentes dans le délai constitutionnel. Elle a exprimé aussi sa préoccupation face à l’arrestation et à la détention, en prison, d’une trentaine d’opposants et d’activistes des droits de l’homme, sans compter des manifestants interpellés lors des journées folles du 19 au 23 janvier 2015.
A en croire l’ancien Secrétaire d’Etat Adjoint aux Affaires Africaines, le Département d’Etat a assuré les opposants congolais que Washington va continuer à soutenir le respect de la Constitution ainsi que la tenue d’élections libres, justes et transparentes, dans le délai constitutionnel. Il leur a été garanti la nomination imminente du successeur de Russ Feingold comme Représentant spécial des Usa pour la Région des Grands Lacs, avec une mission similaire à celle du sénateur démissionnaire.
Bref, la voix de l’Opposition a porté loin et a été parfaitement entendu par les officiels américains.
KIMP