Elections des gouverneurs : Matata abdique !

Lundi 7 septembre 2015 - 16:21

On ne croyait pas si bien dire quand Le Palmarès a prédit que le déclin des marchés financiers chinois ne pouvait être sans conséquence sur l’économie congolaise et, de ce fait, épargner le processus électoral en cours. Le Premier ministre a avoué après une audience de plus de deux heures que le gouvernement était en difficulté pour financer l’organisation des élections des gouverneurs et vice-gouverneurs des provinces nouvellement créées.

Il s’est exprimé en ces termes jeudi dernier : “Nous n’avons pas d’argent pour organiser ces élections et installer les nouvelles provinces”.

La Cour constitutionnelle recevait la délégation conduite au nom du gouvernement par le vice-premier ministre et ministre de l’intérieur et Sécurité, Evariste Boshab, d’une part, et celle de la Ceni, conduite par son vice-président, André Mpungwe, d’autre part, avant le Premier ministre. Cette haute instance de la juridiction congolaise était saisie par la Ceni pour interpréter la loi sur l’installation de nouvelles provinces et le retard dans l’organisation des élections des gouverneurs et vice- gouverneurs.

Annoncée pour le 31 juillet dernier, l’élection des gouverneurs et vice- gouverneurs de nouvelles provinces a été reportée au 6 octobre 2015. Lors de l’annonce de ce report, la Ceni avait renvoyé la date de la fin du dépôt des candidatures au 21 août dernier.

Le 21 août dernier, la Ceni avait exprimé sa volonté d’harmoniser le calendrier des élections des gouverneurs et vice-gouverneurs des vingt et une nouvelles provinces pour le rendre compatible avec le processus de mise en place de nouvelles provinces.

Le Gouvernement congolais qui se félicitait de la stabilité macroéconomique, a dû revoir à la baisse ses prévisions en envisageant désormais un taux de croissance de 8,4 % pour l’année 2015, contre 9,2 % annoncé au mois de juin. Déjà, en février dernier, Kinshasa tablait sur une croissance de 10,4 %. C’était sans compter avec le bouleversement des marchés financiers chinois.

La République démocratique du Congo reste marquée par la baisse du cours de ce métal. En effet, depuis le début d l’année, le cours du cuivre, principale exportation congolaise, a baissé de 23,18 %. Établi à 4.86 dollars la tonne le jeudi 27 août, il est à son plus bas niveau depuis mi-2009. En effet, la RDC comte parmi les partenaires commerciaux privilégiés de la Chine. Premier pays producteur mondial de cobalt, la RDC se dispute avec la Zambie la place de premier producteur africain de cuivre.
L’extraction et la transformation de ces deux minerais, très abondants dans l’ex-province du Katanga dont la Chine est un grand importateur, sont le moteur de la croissance économique nationale.
Dans un communiqué du gouvernement, le ministre des Finances Henri Yav Mulang s’est exprimé en ces termes: “En raison de son influence majeure sur les marchés internationaux, la prévision de croissance revue à la baisse de la Chine a réduit les prévisions d’importation et provoqué une baisse du prix du cuivre - une des principales exportations de la RDC -, au plus bas depuis six ans”.

Comme cela ne suffisait pas, l’Observatoire de dépense publique (Odep) a publié un rapport accablant une nouvelle fois contre le gouvernement sur l’exécution du budget pour les exercices 2012-2014. Il a relevé que la tendance est à ta baisse dans les réalisations des recettes du budget de l’Etat. Par contre, certaines institutions de l’Etat font un dépassement budgétaire chaque année, a souligné l’observatoire.

Cette étude menée du 24 juin au 24 juillet 2015 rappelle qu’en 2012, l’Etat congolais avait pu collecter 65 % des recettes fiscales attendues, tandis qu’en 2013, ce taux avait chuté à 63 %. En 2014, seules 49,5 % des recettes fiscales avaient pu être collectées.

Selon l’Observatoire de la dépense publique, certains secteurs sont souvent en dépassement budgétaire tandis que d’autres secteurs de développement et des services sociaux ne reçoivent pas la totalité de ce que prévoit le budget.

Il appartient désormais à la Cour Constitutionnelle de trouver de nouvelles astuces en vue de permettre à la machine de la Ceni de poursuivre le processus électoral sinon c’est la catastrophe.

Par LP