Crise à la BIAC : la BCC invitée à jouer son rôle

Vendredi 8 avril 2016 - 11:22
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Le dossier de la Banque Internationale pour l’Afrique au Congo (BIAC) a suscité des commentaires dans tous les sens. Certains vont jusqu’à charger le Premier ministre, Matata Ponyo Mapon, l’accusant d’avoir programmé la mise à mort de cette institution bancaire, troisième dans le système bancaire congolais. Loin des considérations économiques, des apprentis économistes, tapis dans des officines trouvent une occasion de monter des fausses théories dans le but – inavouée – de jeter en pâture le Chef du gouvernement.

 

Certains sont allés jusqu’à comparer, malencontreusement, le cas de la BIAC au drame économique qui se joua dans les années 80 entre les trois grandes compagnies automobiles américaines : Ford Motors, General Motors et Chrysler. On a fait allusion à la bataille menée par l’ingénieur Lee Iacoca, président de Chrysler.

Malheureusement, tous les détracteurs du Premier ministre, mus par la boulimie de nuire, ont oublié que dans le dossier BIAC, la réalité se trouve ailleurs et non à l’Hôtel du Gouvernement.

 

Rôle de la Banque centrale

Le rôle d’une Banque centrale est et reste la supervision bancaire, la stabilité du système financier national et la mise en œuvre de la politique monétaire. La Banque centrale doit assurer cette surveillance au travers ses différents instruments. Force est de constater malheureusement qu’en RDC, même des économistes -considérés les plus chevronnés- s’adonnent à distiller de fausses théories économiques. Cette forfaiture est montée en épingle depuis la crise que traverse la Banque internationale pour l’Afrique au Congo (BIAC). Doit-on se poser la question alors le rôle de la Banque centrale du Congo dès lors qu’on enregistre la faillite de banques commerciales en RDC. C’est le cas de la Banque Congolaise (BC) qui a mis la clé sous le paillasson, avec comme conséquence la perte de l’épargne du public. Aujourd’hui encore, la Banque centrale du Congo a failli à, sa mission de supervision, en accordant un financement en blanc à la BIAC, c’est-à-dire en octroyant des crédits à cette banque commerciale sans le respect des normes prudentielles avec une gestion calamiteuse qui s’est soldée, in fine, par un bilan négatif. S’il en est ainsi, se demandent quelques analystes économiques, pourquoi alors détourner le débat vers le Chef du gouvernement dès lors que c’est la BCC qui a failli à ses prérogatives de mener à bien la formulation et la mise en œuvre tant de la politique monétaire que de la supervision bancaire. L’analyse objective de la situation, sur la base des évidences empiriques, a permis d’identifier deux principaux facteurs, notamment le refinancement ou le concours accordé par la Banque centrale aux banques commerciales dont la BIAC, à titre ponctuel pour des besoins de trésorerie. En effet, le refinancement ou le concours accordé par la Banque centrale aux banques commerciales à titre ponctuel pour des besoins de trésorerie entre fin novembre 2015 et fin janvier 2016, est passé de 40,1 milliards à 66,9 milliards de FC, soit une injection de la liquidité de 26,8 milliards de francs en deux mois. Le montant passera fin février à 49,3 milliards de francs. S’agissant de la BIAC, à fin janvier 2016, le refinancement était de l’ordre de 44 milliards de francs. Après recoupement des informations, il est établi que ce refinancement était accordé à la BIAC, en blanc, c’est-à-dire sans garantie (en cas de défaut de paiement. il n’était pas possible de réaliser la garantie puisqu’elle n’existait pas) et sous forme révolving (par reconduction, tacite). De ce fait, la BIAC est en permanence au guichet de refinancement, et ce depuis juin 2015. Elle présente ainsi des problèmes structurels allant au-delà de seuls besoins de liquidité. Face à cette évidence que tout économiste est censé savoir le gouvernement a mis en œuvre certaines mesures. C’est notamment celle de réduire le refinancement accordé à la BIAC. Ce dernier est passé, dans un premier temps, de 44 milliards de francs à 20 milliards à fin février, puis à 15 et finalement à 5 milliards de francs à fin mars 2016. L’effet conjugué de ces mesures a permis de stabiliser, voilà maintenant plus d’un mois (du 26 février à ce jour) le cours parallèle vendeur dans les fourchettes de 955 à 960 francs le dollar.

 

Ainsi, sans ces mesures, l’économie congolaise allait retomber dans les travers: «dépréciation, inflation, diminution du pouvoir d’achat, paupérisation». Parallèlement à ces mesures de court terme, le gouvernement entend résolument augmenter les allocations des dépenses en vue de l’accélération de la transformation structurelle de l’économie (essaimage des parcs agro-industriels, déploiement des infrastructures énergétiques et de transport...). En mille comme en un mot, la Banque Centrale du Congo a failli à sa mission. Faut-il rappeler à tous ceux qui se rependent en invectives contre le Chef du gouvernement congolais que la stabilité de la devise nationale (le franc congolais) est notre patrimoine commun. Elle est donc à préserver, au même titre que la souveraineté nationale ou l’intégrité du territoire. Elle impose discipline et sursaut patriotique dans le chef de tous et sans exclusives. Par- delà les divergences et les différences, il s’impose à tous l’obligation de la maintenir, envers et contre tout, et de la transférer à notre postérité. Si la RDC est citée aujourd’hui comme modèle de stabilité du macro-économique remarquable et de croissance résiliente, c’est grâce à la politique du Gouvernement dirigé des mains de maître par l’homme à la cravate rouge, sous le leadership du Président Joseph Kabila. Cette politique impose au gouvernement la responsabilité de veiller au maintien de la stabilité monétaire et à la préservation la stabilité financière, facteurs de cohésion sociale. Deux situations qui conditionnent la croissance économique et le développement durable, objectifs ultimes de la politique économique dont font partie intégrante les politiques budgétaire et monétaire.

 

Des responsabilités

 

A la Banque centrale du Congo, l’on ne doit pas perdre de vue qu’au regard’ de son réseau, la BIAC est une banque systémique. Sa disparition peut avoir des effets collatéraux importants. Mais sa sauvegarde ne doit pas se faire au détriment de la préservation du patrimoine commun. D’où la nécessité de sauvegarder en priorité le patrimoine commun qu’est la stabilité monétaire, et sans préjudice de ce qui précède, l’épargne publique collectée au ni veau de la BIAC. Loin de verser dans une analyse qui détourne l’opinion des vraies causes de la situation que traverse la BIAC, dans un communiqué de presse N°01/04/2016, la Primature s’est voulue rassurant quant au dossier. Elle appelle à l’observance des trois conditions à savoir : le suivi strict par la BIAC d’un plan d’action ; le refinancement ne peut plus être accordé en blanc. Il se fera désormais moyennant présentation des effets de qualité; le refinancement, qui n’est qu’un palliatif, sera actionné à condition de l’exécution du plan d’action permettant d’assainir les états financiers de la BIAC et de la mettre en bonne posture en cas de rachat par les repreneurs éventuel. Le suivi strict par la BIAC d’un plan d’action doit s’accompagner certains principaux axes: sa recapitalisation à l’effet de rendre positif son actif net; la réduction de ses charges d’exploitation, causes de ses pertes cumulatives qui obèrent son capital; le redimensionnement de son réseau ; le recouvrement des crédits accordés aux sociétés apparentées et autres; la vente de certains actifs.

 

Le gouvernement s’engage à accompagner la BIAC dans sa restructuration, à garantir l’épargne du public tout en ne sacrifiant ni la stabilité monétaire, ni la stabilité financière, piliers de la cohésion sociale et de la fierté nationale, acquises au prix de moult sacrifices. Loin de se comporter comme dans la cour du roi Pétaud sur l’avenue roi Baudouin n°5, l’on tient, comme les prunelles des yeux, à la responsabilité du gouvernement de veiller au maintien de cette stabilité monétaire et à la préservation la stabilité financière, facteurs de cohésion sociale. Deux situations qui conditionnent la croissance économique et le développement durable, objectifs ultimes de la politique économique dont font partie intégrante les politiques budgétaire et monétaire.

 

A la Banque Centrale de veiller à sa responsabilité (formulation et la mise en œuvre tant de la politique monétaire que de la supervision bancaire), qui n’a de sens et de raison d’être que si elle contribue à l’amélioration du bien-être et à la préservation de la cohésion sociale.

 

Par CN