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« Jamais un acteur politique n’a été accueilli comme lui ». « Etienne Tshisekedi : l’accueil de l’année ». Ce sont quelques-uns des titres lus dans les journaux parus hier à Kinshasa. Selon les partis membres du Rassemblement des Forces acquises au changement, plus d’un million de Kinois avaient fait le déplacement de l’aéroport de N’Djili pour accueillir le sphinx de Limete.
Etienne Tshisekedi regagne Kinshasa après avoir réussi à organiser un Conclave qui avait réuni presque tous les partis et regroupements politiques de l’Opposition au mois de juin dernier à Bruxelles (Belgique). Travaux à l’issue desquels certains acteurs politiques de l’Opposition qui ne voulaient pas entendre parler de la tenue du dialogue avaient mis de l’eau dans leur vin. Certes, tous ou presque restent accrochés à un dialogue organisé dans l’esprit de la Résolution 2277 des Nations Unies, mais au moins ils ont, comme Etienne Tshisekedi, donné leur accord de participer au dialogue. Du coup, le leader de l’UDPS, jeté dans les oubliettes dans certains milieux politiques, est redevenu la pierre angulaire d’une opposition sans repère, sans âme, sans patron...
Rentré le 27 juillet à Kinshasa, Etienne Tshisekedi a déjoué tous les pronostics. L’homme a mis plus de 5 heures pour parcourir les 5 kilomètres qui séparent l’aéroport de N’Djili de sa maison. «Comme sous Mobutu, Etienne Tshisekedi n’a rien perdu de son aura ; il garde intacte sa capacité de mobilisation», ont souligné plusieurs sources.
Accueil triomphal, et après... ?
Depuis la Belgique où il était en soins médicaux, Etienne Tshisekedi avait justifié l’organisation du Conclave de l’Opposition, mais surtout la mise en place du «Rassemblement» dans le seul souci de remobiliser les forces du changement afin d’obtenir l’alternance politique au mois de décembre. Et maintenant qu’il a foulé le sol congolais et accueilli triomphalement non seulement par les «combattants» de son parti, mais aussi par tous les partis et acteurs politiques de l’Opposition, le leader de l’UDPS a la lourde mission de montrer qu’il n’a pas pris le risque d’interrompre sa convalescence pour ne pas répondre aux attentes de ces Kinois qui ont bravé le soleil pour aller l’accueillir. Pour plusieurs analystes politiques, la principale mission d’Etienne Tshisekedi est surtout de refaire l’unité d’une Opposition qui présente certaines fissures. Cette semaine, quelques partis de la Dynamique de l’Opposition, notamment l’UNC de Vital, la CDER de Jean-Lucien Bussa et le MLC de Jean-Pierre Bemba sont allés déposer les listes de leurs délégués au comité préparatoire du dialogue politique. Et cela, au moment où Etienne Tshisekedi, au nom du «Rassemblement», récusait Edem Kodjo, le facilitateur désigné par l’Union Africaine.
Etienne Tshisekedi et les autres acteurs politiques de la méga plate-forme née après le Conclave de Bruxelles accusent le diplomate togolais de «travailler pour les intérêts de Joseph Kabila». En effet, les opposants congolais soupçonnent Factuel locataire du Palais de la Nation de vouloir profiter du dialogue politique pour briguer un 3ème mandat.
Conduire l’Opposition à la victoire finale
L’autre «devoir» d’Etienne Tshisekedi est celui de conduire l’opposition à la victoire finale l’issue de la prochaine élection présidentielle. Or, craignent plusieurs observateurs de la scène politique congolaise, c’est ici où les Romains vont s’empoigner. En effet, comme en 2006 et 2011, l’Opposition risque de se présenter en ordre dispersé en alignant plusieurs candidats face à l’unique du camp adverse.
Malgré son âge, le leader de l’UDPS sera sûrement le candidat de son parti à la présidentielle. Ancien gouverneur de l’ex-province du Katanga, Moïse Katumbi, bien que condamné, s’est déjà déclaré candidat. Arrivé 3ème en 2011. Vital Kamerhe sera, lui aussi, désigné par son parti, 1’UNC. Ancien fonctionnaire du Fonds monétaire international (FMI), Freddy Matungulu est aussi cité parmi les sérieux prétendants à la course pour la magistrature suprême.
Question : Etienne Tshisekedi saura-t-il peser sur le choix du candidat unique de l’Opposition pour la prochaine présidentielle ? Sur ce dossier, tout le monde attend voir la marge des manœuvres du leader de 1’UDPS. Du coup, son discours du 31 juillet prochain est très attendu.
Par CN