L’opération qui aurait permis de dénicher de nombreux civils majeurs qui vivaient dans ce camp sans en avoir le droit, viserait aussi à «assainir» les lieux avant l’échéance électorale de 2016
L’insécurité grandissante qui sévit dans les 24 municipalités qui composent la ville-province de Kinshasa n’épargnerait pas non plus certains domaines habités par les policiers et militaires.
C’est le cas, entre autres, du vaste camp Kokolo dont les habitants ont été tirés du sommeil hier mercredi matin par un bouclage décidé par les responsables de ce casernement suite à la mort suspecte du fils d’un officier supérieur, indiquent des sources généralement bien informées.
Mais, d’autres sources soutiennent que ce bouclage viserait plus à donner au pouvoir l’occasion d’assainir cet important camp militaire, alors que la tension monte déjà au sein de la classe politique à l’approche de la fin du second et dernier mandat de Joseph Kabila en novembre 2016.
Quoi qu’il en soit, le bouclage effectué hier aurait permis de dénicher de nombreux civils qui vivaient dans ce camp avec leurs familles sans pour autant être militaires ni appartenir à une famille militaire.
Plus graves encore, certains civils prétendant être fils de militaires décédés auraient été surpris en possession d’armes à feu au cours de cette opération de bouclage qui vient ainsi mettre à nu la confusion qui règne dans certaines casernes de Kinshasa en termes de logements.
En effet, trouver un logement décent à Kinshasa est devenu un véritable casse-tête pour les Kinois dont la plupart vivent de la débrouille quotidienne, faute d’un emploi .
Face à cette équation, certains sans-emplois ont appris à contourner la difficulté en recourant au service des hommes en uniforme qui acceptent de les héberger dans les camps, moyennant des espèces sonnantes et trébuchantes ! C’est le fameux phénomène » maquisards » auquel on assiste aussi depuis des années dans les campus universitaires de Kinshasa (Unikin) et de Lubumbashi (Unilu) en ce qui concerne les étudiants.
Au camp militaire Kokolo, les maquisards bénéficiant de cette forme d’hébergement illicite ont non seulement l’avantage de ne pas payer les factures d’eau et d’électricité, mais aussi de vivre à proximité du centre-ville. Ce phénomène est également courant dans d’autres camps de la ville proches des cités populaires.
Certains de ces » maquisards » profitent de la perche ainsi leur tendue pour ouvrir en plein camp des maisons de commerce telles que boutiques, terrasses, et autres étalages, échappant ainsi au contrôle des services des impôts et des affaires économiques.
Cette confusion permet aussi à certains malfrats d’aller trouver refuge dans ces camps après avoir commis des forfaits.
Les camps militaires étant des lieux hautement stratégiques, il est inacceptable que des civils, pour des raisons sociales ou autres, aillent y trouver refuge. Nous osons croire que le bouclage effectué hier au camp Kokolo a permis aux autorités de prendre la mesure de la gravité de la situation.
Aux dernières nouvelles, nous apprenons que le bouclage fait hier au camp Kokolo s’est poursuivi jusqu’aux quartiers périphériques tels que GB, Bandal Makelele, et Bandal Synkin.
Kinshasa étant une ville en pleine croissance tant sur le plan démographique qu’économique, la délocalisation de certains camps militaires aujourd’hui assiégés par les cités devient une nécessité que la fameuse » révolution de la modernité » chère au pouvoir en place doit intégrer dans sa feuille de route. Car, gouverner c’est prévoir, dit-on.
Par DMK