
La Fondation katangaise, une structure qui réunit les populations congolaises de l'espace Katanga, est sortie de son silence pour condamner le procès en cours contre l’ancien président de la République, Joseph Kabila Kabange, aujourd’hui sénateur à vie.
Dans une déclaration faite à l’issue d’une réunion tenue le samedi 26 juillet 2025 à Lubumbashi et dont une copie est parvenue à 7SUR7.CD ce jeudi, l’organisation s’est dite préoccupée par ce qu’elle qualifie de « dérive judiciaire à caractère politique » et lance un appel au président Félix Tshisekedi pour un apaisement national.
Selon Dieudonné Banga Mukose, président national de la Fondation katangaise qui a signé ce communiqué, le procès initié devant la Haute Cour militaire est entaché de « vices autant juridiques que politiques ». Il s’appuie, d’après lui, sur une « levée controversée » de l’immunité parlementaire de Joseph Kabila et sur les propos « intempestifs » d’un ancien ministre de la Justice qui, déjà à l’époque, avaient été dénoncés comme sources de tension.
« Cette affaire traduit une forme d’acharnement contre un homme d’État, fils du Katanga, qui a dirigé le pays pendant plus d’une décennie. Son statut de sénateur à vie, garanti par la Constitution, devrait appeler au respect, à la mesure et à la retenue institutionnelle », lit-on dans cette correspondance.
Dans la foulée, il rappelle que la libération récente de l’ex-ministre Martin Kabwelulu, après deux mois de détention et une audition « humiliante » diffusée sur les réseaux sociaux, fait partie des cas qui illustrent aussi ce climat délétère.
La Fondation katangaise reproche également aux élus de l'espace Katanga leur « inaction face à ce qu’elle qualifie de campagne d’humiliation ciblée ».
Pour la Fondation katangaise, ce procès contre Joseph Kabila risque de faire basculer le pays dans une spirale dangereuse de règlements de comptes politiques.
« Le Congo ne doit pas devenir le théâtre de procès politiques aux relents de vengeance. Il mérite un avenir de paix, d’unité et de maturité démocratique. Que restera-t-il de notre mémoire institutionnelle si chaque alternance devient le prétexte à une purge politique ? Comment préserver l’État de droit si la justice militaire s’écarte de son impartialité pour servir des agendas politiciens ? », s'est-il demandé.
Face à cette situation, la Fondation katangaise, par l'entremise de son président national, Dieudonné Banga Mukose, formule plusieurs recommandations.
« Appelle la Haute Cour militaire, qui a déjà accédé à la remise
sollicitée par la partie civile, à répondre également à l’appel des
communautés, en sursoyant à toute procédure précipitée. Elle l’invite à faire preuve de discernement et à réexaminer, avec responsabilité
et patriotisme, les conditions de son indépendance, dans l’intérêt supérieur du vivre-ensemble national. En appelle au Président de la République, garant de l’unité nationale et de la stabilité institutionnelle, pour qu’il encourage un apaisement politique et judiciaire, conforme à l’esprit de la Constitution et à la nécessité d’un dialogue inclusif ; Invite la classe politique, les forces sociales et la Communauté internationale à soutenir une dynamique de concorde nationale fondée sur le dialogue, la justice équitable, la réconciliation, et le respect des équilibres démocratiques », a-t-il souhaité.
Il est à noter que la Fondation katangaise dit réaffirmer son attachement à une justice indépendante et respectueuse des droits constitutionnels ; à la cohésion nationale fondée sur la reconnaissance de toutes les composantes du peuple congolais ; à la mémoire républicaine et la dignité des anciens chefs d’État.
Patient Lukusa, à Lubumbashi