RDC : 344.000 avortements provoqués enregistrés en 2021 à Kinshasa (Enquête PMA)

Lundi 17 octobre 2022 - 07:45
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Selon l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS), la République démocratique du Congo est l'un des pays les plus concernés au monde par la problématique des avortements provoqués et des violences basées sur le genre. 

Pour lutter efficacement contre ces fléaux, l'Ecole de santé publique de l'Université de Kinshasa, en collaboration avec le ministère de la Santé, hygiène et prévention, a présenté le vendredi 14 octobre 2022, les résultats de l'enquête Performance Monitoring for Action (PMA-RDC) sur les violences basées sur le genre et l’incidence des avortements à Kinshasa et au Kongo Central, au cours de l’année 2021.

Selon cette étude, l'incidence de l'avortement provoqué à Kinshasa s'est située autour de 150 avortements pour 1000 femmes de 15 à 49 en 2021. Ce qui, extrapolation faite, équivaut à 344.000 avortements enregistrés au cours de cette période. Dans la province du Kongo Central, cette incidence se situe autour de 44 avortements sur 1000 femmes de 15 à 49 ans. Ce qui équivaut à environ 51.000 avortements enregistrés en 2021.

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Les données présentées par le professeur Pierre Akilimali, investigateur principal, indiquent que l'incidence de l'avortement provoqué est plus élevée chez les jeunes femmes, les femmes non mariées et les femmes sans enfant à Kinshasa.

Un autre constat fait par l'étude à Kinshasa est que seulement 19% des femmes interrogées savent que la loi actuellement en vigueur en RDC autorise l'avortement dans certaines conditions ; et près d'une femme sur quatre (23%) ne connait pas la méthode d'avortement sécurisé (chirurgicale ou médicamenteuse).

A quelques diffirences près de Kinshasa, rapporte le professeur Pierre Akilimali, l'incidence de l'avortement au Kongo Central est plus élevée chez  les femmes non mariées et les femmes sans enfant. Malgré les lois récentes, un tiers des femmes interrogées ne connaissent pas les conditions légales dans lesquelles l'avortement provoqué est autorisé en RDC.

Selon cette enquête, l'avortement médicamenteux a été usité à 29%, contre 25% pour la chirurgie. Les pharmacies (35%) et les formations sanitaires privées (27%) sont les sources des soins les plus fréquemment utilisées.

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Dans le volet violences basées sur le genre, l'enquête indique que plus de 3 femmes sur 10 (35,3%) ont subi des violences entre partenaires intimes (VPI) à Kinshasa. Au Kongo Central, 29,7% des  femmes en âge de procréer ont subi des violences entre partenaires intimes et 15% ont subi des violences au sein du ménage l'année précédant l'enquête. 18% de femmes ont subi des violences corporelles entre partenaires intimes et 6,9% ont suvi des violences corporelles au sein de leur ménage.

A titre de recommandations, en ce qui concerne les avortements à Kinshasa et au Kongo Central, les chercheurs de l'Ecole de santé publique de l'Université de Kinshasa ont proposé le renforcement de la sensibilisation sur les méthodes et services de planification familiale, sur les circonstances dans lesquelles l'avortement est légal ; et assurer la disponibilité des soins d'avortement sécurisé de qualité.

En ce qui concerne les violences basées sur le genre, les chercheurs recommandent, entre autres, l'élargissement des politiques efficaces de prévention, la sensibilisation sur les stratégies centrées sur la femme, l'intégration du dépistage des violences entre partenaires intimes aux services de routine et la multiplication des interventions pour aider les femmes à être plus en sécurité lorsqu'elles ne peuvent quitter leur relation.

La publication de ces résultats a eu lieu en présence du secrétaire général à la santé publique, hygiène et prévention, Dr Body Ilonga, de la directrice du Programme national de santé de la reproduction « PNSR », Dr Anne-Marie Tumba, du directeur de l’Ecole de santé publique, le professeur Joël Konde, du directeur pays de IPAS, du représentant les partenaires du ministère de la Santé, Dr Jean-Claude Mulunda, du député Bathe Ndjoloko et de son collègue Christelle Vuanga.

Orly-Darel Ngiambukulu