Un vent de grogne sociale souffle actuellement à la Commission nationale de prévention routière (CNPR), une entité rattachée au ministère des Transports. Ce mécontentement est alimenté par un arrêté signé par le vice-premier ministre Jean-Pierre Bemba, qui met en place une commission de suivi du protocole d’accord entre la CNPR et la Direction générale des douanes et accises (DGDA).
Se confiant à la presse ce lundi 4 février, Franklin Mbokolo, président de la délégation syndicale de la CNPR, a vivement critiqué l’arrêté de Jean-Pierre Bemba, le qualifiant de mesure préjudiciable aux finances de cette structure.
« Nous sommes très en colère parce que le vice-premier ministre des Transports a dépouillé les attributions de la CNPR par un arrêté. Il a nommé un comité de suivi de la convention CNPR-DGDA sans l’avis de ces deux structures, comme le prévoit le protocole d’accord. Cette structure créée par le VPM est politique, encombrante et budgétivore parce qu’elle vient saigner la CNPR », a-t-il déclaré.
Franklin Mbokolo a averti que si le vice-premier ministre ne retire pas son arrêté, il signerait la fin de la CNPR.
« Si cette structure, majoritairement composée des membres du cabinet, des hauts fonctionnaires du secrétaire général des Transports et d’un privé, All Impressor, demeure, la CNPR va cesser de fonctionner car elle n’aura pas les moyens. Cette structure constitue un danger pour les agents de la CNPR et pour l’Etat congolais », a-t-il poursuivi.
La CNPR se plaint d’avoir déjà perdu certaines de ses attributions au profit du secrétariat général du ministère. L’arrêté de Bemba pourrait aggraver cette situation, transformant la CNPR en une coquille vide.
« Le secrétariat général avait déjà ravi certaines attributions de la CNPR, notamment la délivrance des permis de conduire, le contrôle technique, l’agrément des auto-écoles et des garages. En nommant des politiciens de son cabinet et des hauts fonctionnaires du secrétariat général, c’est pour dépouiller la CNPR des attributions qui lui restent et saigner en blanc le peu de moyens qu’elle mobilise », s’est alarmé Franklin Mbokolo.
Il a également souligné que « l’arrêté du vice-premier ministre dote aux 10 membres de cette commission créée des jetons de présence, des allocations mensuelles et des indemnités. Tous ces fonds doivent être payés par la CNPR. C’est carrément un conseil d’administration qui est placé à la CNPR. Au lieu que le ministre nous trouve les moyens pour que nous nous acquittions mieux de nos attributions, il vient plutôt saigner le peu qu’on avait déjà ».
S’adressant à la première ministre le 28 janvier dernier, la délégation syndicale de la CNPR a demandé l’annulation de l’arrêté du ministre des Transports, affirmant qu’il « livre la CNPR aux prédateurs et bourreaux pour saigner notre service et l'asphyxier avec le risque de perdre l'attribution qui fait fonctionner la CNPR et créer le chômage en masse ». Les syndicalistes réclament également la résiliation du partenariat entre leur structure et All Impressor, la société privée qui leur fournit les imprimés de valeur.
Il convient de noter que la convention qui existe entre la CNPR et la DGDA permet à cette dernière de récupérer aux frontières les fonds destinés à la CNPR. Cet accord prévoit également une commission de suivi composée de huit membres, répartis également entre les deux parties.
« Dans l’arrêté, il est fait mention que neuf ans après, le comité de suivi DGDA-CNPR n'a pas été institué et qu'il faille rectifier cette lacune. Ce qui est faux ; il s'agit plutôt d'une machination motivée par l'intérêt égoïste des ennemis de la CNPR. Donc, le comité de suivi du protocole d'accord entre la CNPR et DGDA et les membres de chaque partie y sont représentés et désignés par les autorités compétentes à hauteur de 4 membres pour la CNPR et 4 autres pour la DGDA comme le dit en substance l'article 10 du protocole d'accord », a conclu le président syndical de la CNPR.
Alphonse Muderwa