Interrogé dans le cadre de "Masolo ya Kati", podcast du Groupe d'étude sur le Congo et d'Ebuteli, Stylianos Moshonas, chercheur post doctoral de l'Institut de politique et de gestion du développement à l'Université d'Anvers, a affirmé le Gouvernement congolais doit s'investir dans la mise à la retraite des fonctionnaires pour réduire les effectifs pléthoriques dans l'administration publique.
Il a souligné la nécessité pour l'État congolais de disponibiser les fonds qui accompagnent cette action au lieu que les financements proviennent uniquement de la Banque Mondiale.
Étant donné que les indemnités de fin de carrière sont modiques, S. Moshonas a préconisé l'instauration d'un nouveau régime permettant à l'État de revoir à la baisse les primes en augmentant les salaires de base des fonctionnaires.
"Les pensions de retraite sont minimes. Ça, c'est un problème qu'il faut réfléchir. À côté de ça, il y a des primes qui constituent beaucoup plus que des salaires, mais ce n'est pas tous les agents qui en bénéficient. Il y a de fortes inégalités entre ministères. Ça concerne plutôt Kinshasa que les provinces. On peut réfléchir à basculer une pension des primes dans le salaire de base afin que les agents puissent partir à la retraite avec une pension qui soit conséquente. Ça implique le développement d'une politique salariale réelle qui n'est pas encore sur la table aujourd'hui", a-t-il fait observer.
Pour lui, cette réforme permettra notamment la maîtrise du nombre des agents de la fonction publique.
"Il y a de l'espace pour rationaliser un peu plus. Bien-sûr qu'une réforme ne va pas régler tous les problèmes, mais les réformes sont des processus permanents qui doivent être soutenus dans le temps et petit à petit, on doit arriver à une certaine rationalisation de tout ça. Sinon, je ne vois pas comment l'État pourrait subvenir à cette non-maîtrise des effectifs, ce gonflement, cette fluctuation à la hausse des agents publics. À un moment donné, il faudra que ça soit maîtrisé et là je crois que une réforme de ce type est inévitable. Le problème est qu'une réforme de ce type sera très difficile pour une partie des fonctionnaires. Certes, tellement pour les fonctionnaires qui se retrouvent dans le système, mais également pour d'autres aussi", a indiqué ce chercheur.
Néanmoins, S. Moshonas a reconnu que cette politique sera confrontée à plusieurs difficultés notamment la protestation des administratifs.
"Le politicien qui va se lancer là dedans, c'est peut-être trop, mais je dirai qu'il signerait presque son arrêt de mort en tant que politicien parce que les retombées ou les mécontentements des administratifs seront extrêmement sérieux. En même temps, je crois que c'est nécessaire", a-t-il indiqué.
En RDC, les travailleurs sont éligibles à la retraite dès l'âge de 65 ans ou après avoir effectué 35 années de carrière, d'après la Loi n°16/013 du 15 juillet 2016 portant statut des agents de carrière des services publics de l'État.
Merveil Molo