Très discret jusque-là dans ses prises de position vis-à-vis du processus électoral congolais, le successeur de Russ Feingold au poste d’Envoyé Spécial des Etats-Unis d’Amérique dans les Grands Lacs et en République Démocratique du Congo a rendu publique, le week-end dernier, une réflexion portant sa signature et dans laquelle il a rappelé son prédécesseur. Parlant des fins de mandat des Chefs d’Etat dans plusieurs Etats africains, dont le Congo démocratique, le diplomate américain a réitéré le vœu de son pays de voir les hommes au pouvoir à Kinshasa ne pas copier le mauvais exemple du Burundi.
Il a souligné que ce pays s’est placé dans une situation difficile à cause du refus de son président de respecter la Constitution. S’agissant du cas particulier du Congo/Kinshasa, Tom Perriello a insisté sur une passation civilisée du pouvoir au sommet de l’Etat, au terme d’une élection présidentielle, que Washington voudrait voir transparente et démocratique, et organisée dans le délai fixé par la Constitution. Il a fait savoir, à l’instar de son président Barack Obama, qui s’exprimait dernièrement à la tribune des Nations Unies sur les processus démocratiques en Afrique, que le développement économique et social, bref le bonheur des Africains devrait passer impérativement par la mise en place d’institutions démocratiques, animées par des dirigeants issus démocratiquement des urnes.
Selon Perriello, son pays fonde beaucoup d’espoir sur le processus démocratique en cours en RDC, afin qu’il s’inscrive dans la ligne de ce qui se fait déjà en Afrique du Sud, au Sénégal et au Ghana, où le décor de l’alternance démocratique au pouvoir est solidement planté.
La sortie médiatique de l’Envoyé spécial américain dans les Grands Lacs et en RDC n’est pas le fait du hasard. On pense qu’il est dicté par les velléités de glissement des mandats du présidents, des députés et des sénateurs que l’on observe à travers les contraintes politiques, financières et techniques qui semblent renvoyer tous les scrutins aux calendes grecques. Cette interpellation est perçue, par les analystes politiques, comme un énième avertissement sans frais aux dirigeants congolais tentés par la conservation du pouvoir par défi, comme c’est le cas au Burundi aujourd’hui et, certainement demain au Rwanda. Mais, les cas du Burkina Fasso et les manifestations de rue en janvier dernier à Kinshasa comme en provinces, contre la tentative de modification de la Loi électorale, devraient faire réfléchir ceux qui refusent de lire correctement les signes du temps.
Kimp