Ultimatum du 16 février : La réplique de la Ceni au Front Citoyen 2016 !

Mercredi 23 décembre 2015 - 10:59

Comme si elle avait déjà vu la chose venir, la centrale électorale, via son président, a eu à répondre anticipativement aux menaces et à l’ultimatum de l’Opposition réunie dans le cadre du Front Citoyen 2016.

Pour Corneille Nangaa, la publication d’un nouveau calendrier électoral ne pose fondamentalement aucun problème techniquement parlant. Il peut être publié à tout moment, mais sans résoudre le problème principal qui est celui de son application.

 

En effet, le bureau de la Ceni note une série de contraintes majeures qui doivent impérativement trouver solution en dehors de la Ceni pour garantir la publication du nouveau calendrier. Le président Nangaa a donc plaidé, à sa manière, pour l’organisation urgente d’un Dialogue constructif entre les acteurs et les différents partenaires au processus électoral. À défaut d’emprunter le plus rapidement la voie du Dialogue, Corneille Nangaa prédit déjà une impasse qui serait catastrophique pour le pays.

 

Il y a donc d’autres préalables à vider, fait-il savoir, avant de se lancer dans la publication d’un nouveau calendrier. Malheureusement, soutient-il, ces préalables ne relèvent pas de la compétence de la Céni. Il a pointé directement du doigt la classe politique (Majorité et Opposition) qui, affirme-t-il, a l’obligation d’aplanir à l’avance ses divergences pour permettre à la Céni de planifier un cycle électoral réaliste dans un climat apaisé.

 

L’OIF

 

S’agissant concrètement de répondre aux recommandations de l’OIF concernant le nettoyage du fichier électoral, la Ceni évoque précisément la question des morts. Il faut nettoyer le fichier de tous les cas de décès. Mais tout en approuvant la pertinence de cette recommandation, la Ceni relève qu’elle n’a légalement aucun mandat pour s’occuper de cette question. Bien plus, si pas pire, est le fait qu’il n’existe pas au pays un état civil crédible et à jour. Comment dans ce contexte attester de la validité des cas de décès qui pourront être soulevés?

 

Sous quelque angle que l’on puisse évoquer la question, on se rend tout de suite compte que la question du processus électoral et du nouveau calendrier n’est pas aussi simple que certains voudraient la présenter. Il y a une dimension de ce problème qui va bien loin au-delà du mandat constitutionnel de la centrale électorale. Cela nécessite un consensus à un niveau beaucoup plus élevé de la nation : le niveau politique.

 

Or, la posture du Front Citoyen 2016 reste celle de la négation de toute nécessité du Dialogue. Il devient impossible, dans pareil contexte, de tenir la Ceni comptable d’un quelconque blocage du processus électoral.

 

De l’avis de plusieurs analystes, la RDC est victime d’une conjuration collective qui implique à la fois la Majorité et l’Opposition. Dans les deux camps, on ne propose pas une alternative crédible pour tirer le processus électoral du gouffre. La Majorité semble jouer la carte du temps qui coule et qui impose finalement sa logique. L’Opposition elle donne l’impression de vouloir attendre, voir souhaiter un tsunami populaire pour démanteler l’ordre politique actuel.

 

Mais chaque camp se trompe lourdement. Gagner du temps, comme c’est la stratégie des uns ou laisser pourrir la situation, comme le souhaitent les autres, c’est remettre en cause tous les acquis démocratiques de ces vingt-cinq dernières années. C’est aussi ramener la RDC loin en arrière. Avec toutes les conséquences incalculables en termes de développement.

 

Tout compte fait, l’ultimatum du Front Citoyen n’aurait de sens que si la classe politique nationale levait tous les obstacles relevant de sa compétence sur le sentier des élections. Procéder autrement, c’est s’enfermer dans un cul de sac improductif.

Par LP