* D’après le ministre angolais des Relations extérieures, la décision d’engager une action militaire contre les rebelles rwandais a déjà été prise et il ne reste maintenant qu’à la mettre en œuvre.
Pretoria attend les explications de Luanda.
Le sommet des présidents de l’Afrique australe et de la région des Grands lacs sur la question des rebelles rwandais dans la partie Est de la RDC, prévu cette semaine à Luanda, a été annulé. Les autorités angolaises. "Ce sommet des chefs de l’Etat ne sera pas organisé, car la décision d’engager une action militaire contre les FDLR a déjà été prise et il ne reste maintenant qu’à la mettre en œuvre", a déclaré hier lundi 12 janvier, Joaquim do Espirito Santo, directeur Afrique du ministère angolais des Relations extérieures. Du côté de Pretoria, on ne cache pas son mécontentement et l’on demande des explications à Luanda.
L’organisation de ce sommet entre la Communauté de développement d’Afrique australe (SADC), présidée par le Sud-africain Jacob Zuma, et la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs (CIRGL), dirigée par l’Angolais José Eduardo dos Santos, avait été annoncée par Luanda, puis confirmée par Pretoria. Selon l’AFP, ces assises devaient décider des suites à donner au non-respect par les Forces démocratiques de libération du Rwanda (Fdlr) -en action dans l’Est de la RDC- de l’ultimatum fixé pour leur reddition le 2 janvier dernier.
L’ensemble des pays de la région ont déjà affirmé leur soutien à une action militaire contre les Fdlr sous l’égide de la Mission des Nations unies en RDC (Monusco), mais sa concrétisation se fait attendre. Luanda et Pretoria ont toutefois annoncé le maintien d’une rencontre entre les présidents Zuma et Dos Santos pour le mercredi 14 janvier en Angola, avec la RDC comme principal sujet de discussion, et éventuellement des questions bilatérales.
L’Afrique du sud, le Malawi et la Tanzanie participent notamment à la brigade d’intervention de la Monusco, forte d’environ 3.000 hommes et déployées dans les Nord-Kivu et Sud-Kivu, provinces de l’Est de la RDC, les plus affectées par les exactions des Fdlr. Depuis des mois, l’ONU appelle les pays africains à s’engager plus massivement dans cette mission, dont les actions militaires doivent être autorisées par le Gouvernement de la RDC, sans grand succès.
REACTIONS CONTRASTEES
Après l’annulation, par l’Angola, de ce sommet de la SADC et les pays des Grands lacs, le Rwanda a été le premier à réagir. La chef de la diplomatie rwandaise a salué la décision de l’Angola. " Le président Dos Santos se soucie vraiment et comprend la valeur de la stabilité régionale ", s’est en effet réjouie Louise Mushikiwabo. La ministre rwandaise des Affaires étrangères avait, la veille, dans les colonnes du New Times, a estimé que le sommet de Luanda était une " perte de temps et d’argent ", et qu’il fallait agir contre les Fdlr.
Dimanche en séjour à Kigali, le patron de la Monusco, Martin Kobler, n’évoquait pas l’annulation du sommet, le qualifiant simplement d’incertain. M. Kobler a toutefois martelé que la Monusco était prête et que les opérations militaires contre les Fdlr pourraient commencer dès le feu vert de Kinshasa.
LE SON DE CLOCHE DE KINSHASA
On sait seulement que vendredi dernier, le Gouvernement congolais, à travers son porte-parole, a signifié que la traque des Fdlr "s’effectuera au meilleur moment", précisant toutefois qu’il ne mènera pas cette opération pour se conformer à des pressions extérieures.
Au cours d’une conférence de presse à Kinshasa, Lambert Mende a précisé que ce désarmement forcé s’effectuerait au meilleur moment et sous la forme la mieux appropriée, au regard de tous les paramètres à la disposition des FARDC et autres services de sécurité congolais. Rachidi MABANDU