Rétro 2015 – Monusco : de Köbler à Sidikou

Jeudi 31 décembre 2015 - 12:16

Tel un couperet, la nouvelle du départ de Martin Köbler, le représentant spécial du Secrétaire général de l’Onu en RD Congo, est tombé officiellement au cours de la conférence de presse hebdomadaire de la Mission des Nations-Unies pour la stabilisation de la RDC(Monusco), le mercredi 2 septembre 2015 à son quartier général de Gombe à Kinshasa.

Sur fond d’un sentiment d’inachevé, l’opinion publique a simplement pris acte de cette information, car la nomination du patron de la Monusco ne dépend uniquement que de Ban ki-moon.

Personnage hors du commun ayant conquis la sympathie des Congolais, surtout ceux d’en bas, qui voyaient en lui un homme de toutes les situations critiques (sécuritaire, humanitaire, voire politique). Et pour preuve ! L’image de lui, perché sur un char de combat UN, reste impérissable dans la mémoire des Congolais au lendemain de la défaite et de la débandade des rebelles pro rwandais du Mouvement du 23 mars(M23), fin novembre 2013.

Remplacé par le Nigérien Maman Sambo Sidikou, le jeudi 8 octobre 2015, l’Allemand Martin Köbler qui a passé deux ans à la tête de la Monusco a révélé, lors de ses adieux aux Congolais, qu’il quittait le pays avec 3 principaux sentiments mixtes: celui de satisfaction, de fierté et de frustration. Satisfaction, expliquait-t-il, car estimant avoir réalisé ses objectifs dont le plus grand est la victoire sur le M23 et l’augmentation du capital confiance et affectif pour les casques bleus au sein de la population du Kivu.

Fier d’avoir redoré l’image de la Monusco, il a cependant regretté la détérioration de la coopération avec les FARDC dans la traque contre les rebelles rwandais des FDLR. L’ONU exigeant du haut commandement militaire des FARDC d’extirper de ses rangs deux généraux accusés de graves violations des droits de l’homme, le gouvernement congolais a plutôt choisi de résister en les maintenant. D’où son appel répétitif au déblocage de cette situation, car l’unité fait la force. « Nous devons planifier conjointement et partager des informations dans ces combats. On est prêt à le faire. Car nous avons notre valeur ajoutée (moyens de combat comme des hélicos) et les FARDC aussi la leur (connaissance de la langue, du terrain, etc.). Malheureusement, nous sommes incapables d’avancer avec elles depuis plusieurs mois ! », a-t-il regretté avant de partir.

L’autre motif de frustration, se fondait, selon lui, sur le dialogue stratégique devant aboutir au retrait de la Monusco du sol congolais. A ce sujet, Köbler était d’avis que les casques bleus devraient quitter, mais graduellement. Pour lui, il ne fallait pas seulement la réduction des menaces, mais aussi le rétablissement de l’autorité de l’État, la lutte contre l’impunité, la protection des droits de l’homme, la libération de l’espace politique et d’expression pour l’Opposition, la Société civile, les journalistes, etc. Bref, c’est la situation générale du pays qui devrait déterminer le départ de la Monusco.

C’est son successeur Maman Sidikou qui a hérité de tous ces dossiers importants. Ayant une vaste expérience, sur papier, de plus de 25 ans dans les services nationaux et étrangers de son pays, de l’ONU et de l’Union africaine, l’Africain n’a pas encore émis des signaux forts pouvant rappeler la détermination affichée de son prédécesseur de voir les choses changer effectivement en RDC.

L’opinion congolaise souhaite vivement que le nouveau chef de la Monusco suive les traces de son prédécesseur qui  s’est montré toujours actif, homme du terrain et chercheur des solutions.

Tshieke Bukasa