Publié le 7 décembre 2014, le Gouvernement dit de cohésion nationale dirigé par Augustin Matata Ponyo risque d’être l’équipe qui aura la plus courte durée de vie de toutes les deux mandatures de Joseph Kabila. Les rumeurs sur le remaniement de ladite équipe courent depuis quelques jours. Les réactions musclées de certains partis politiques de la Majorité Présidentielle après la publication dudit Gouvernement ou les prises de position des mêmes formations politiques en ce qui concerne les échéances électorales seraient à la base du « tsunami » politique qui est annoncé. Décryptage !
Un jour après la publication de la liste des ministres faisant partie du Gouvernement dit, de cohésion nationale, plusieurs médias étrangers, notamment Radio France Internationale (RFI), prédisaient le remaniement de l’équipe Matata II au plus tard au mois d’avril 2015. Et là, les rumeurs qui circulent sous les manteaux et dans certains milieux sur l’éventuel remaniement de l’Exécutif national risquent de donner raison à ceux qui avaient prédit une courte durée à ce Gouvernement. En effet, il nous revient d’apprendre des sources proches de la Primature que le Premier ministre Augustin Matata Ponyo vient d’adresser une lettre à tous ses ministres. Dans cette correspondance, le chef du Gouvernement demande à ses ministres de ne pas former leurs cabinets jusqu’à nouvel ordre. Quel nouvel ordre et de qui viendra-t-il ? Mystère.
Révolution de palais.
Les premières réactions anti-Gouvernement dit de cohésion nationale sont curieusement du camp des partis politiques membres de la Majorité Présidentielle (MP). Quatre jours seulement après la publication de l’actuel Gouvernement. Modeste Bahati, reconduit pourtant comme ministre de l’Economie (il venait du ministère du Travail), animait une conférence au cours de laquelle son parti, l’Alliance des Forces Démocratiques du Congo (AFDC), étalait son mécontentement au regard de la composition de l’équipe gouvernementale.
Modeste Bahati affirmait, ce jour-là, que 1’AFDC «est peu représentée dans cette équipe alors qu’elle constitue la troisième force politique de la majorité avec ses 43 députés et 3 sénateurs». Dans la foulée, Modeste Bahati a exprimé «son ras-le- bol» face à des «injustices répétitives». «Toute chose a une fin et notre patience a également une fin. Nous avons enregistré des frustrations», a déclaré le président de 1’AFDC, visiblement remonté.
Il y a quelques semaines, le même parti (AFDC), par le biais de son Secrétaire général. Pascal Rukengwa, exigeait la publication du calendrier global des élections et le respect du délai constitutionnel en ce qui concerne la présidentielle de 2016. Bien plus. Pascal Rukengwa a révélé que « son parti avait écoulé le peuple qui s’était exprimé les 19, 20 et 21 clans la rue à Kinshasa et dans certaines grandes villes du pays».
Le pavé du Palu
Fidèle allié de Joseph Kabila et de la MP depuis 2006, Antoine Gizenga a surpris l’opinion tant nationale qu’internationale après la publication d’une déclaration politique rendue publique le 8 février à Kinshasa. Dans cette déclaration signée par Antoine Gizenga, le PALU a demandé le respect des échéances constitutionnalisées des élections et la publication rapide d’un calendrier global par la CENI. En clair, pour le PALU, les élections présidentielle, législatives, provinciales, municipales, urbaines et locales ne doivent pas connaître un glissement.
Or, pour tous ceux qui suivent l’évolution de l’actualité politique depuis un certain temps en République Démocratique du Congo (RDC), le mot « glissement » -avancé par l’Opposition- signifie prolonger le mandat du Chef de l’Etat, Joseph Kabila, au-delà de son mandat. Du côté de la MP, la déclaration du PALU a tout simplement été considérée comme un acte de « trahison ».
Le MSR et l’UFC visés Deuxième force politique de la MP à l’Assemblée nationale après le PPRD, le Mouvement Social pour le Renouveau (MSR) dirigé par Pierre Lumbi, le Conseiller spécial du chef de l’ Etal en matière de sécurité était le premier i tirer la sonnette d’alarme en ce qui concerne le processus électoral en RDC. En effet, le parti réclamait un débat au sein de la Majorité Présidentielle au sujet de la révision de l’article 220 de la Constitution. Depuis. le MSR est considéré par certains caciques de la MP comme le parti qui aura donné des arguments à l’Opposition quant au débat sur la révision ou non de la Constitution.
Pour sa part. Léon Kengo, président national de l’Union des Forces du Changement (UFC) et co-président des Concertations nationales, n’a jamais caché son opposition en ce qui concerne le débat sur la révision de la Constitution. C’est encore lui qui a bloqué l’initiative du camp présidentiel sur l’alinéa 3 de l’article 8 du projet de la loi électorale. Ce dernier article liait la tenue de l’élection présidentielle au recensement général de la population congolaise.
Bien qu’ayant placé des pions au sein du Gouvernement dit de cohésion nationale, Léon Kengo a, à travers la structure Opposition Républicaine dont il est l’autorité morale, passait en revue le 9 décembre, c’est-à-dire deux jours après la publication du Gouvernement de cohésion nationale, la situation socio-politique du pays, notamment l’application des résolutions issues des Concertations nationales, la révision constitutionnelle, le processus électoral, l’Office National d’Identification de la Population (ONIP) …
La donne UDPS
Au-delà des querelles intestines à la MP. Il y a aussi la donne UDPS qui pourrait, si elle est prise en compte, aboutir au remaniement du Gouvernement. En effet. Etienne Tshisekedi, le leader de l’Union pour la Démocratie et le Progrès Social (UDPS), réclame la tenue d’un dialogue politique afin d’apaiser le climat politique avant les futures échéances électorales.
L’appel de l’UDPS semble faire du chemin dans certains milieux aussi bien de la Société civile que de l’Opposition. Certains partenaires de la RDC ne seraient pas contre cette démarche. Du côté de la Majorité Présidentielle, on affirme que la main de Joseph Kabila reste tendue. En clair. Joseph Kabila est ouvert à tout dialogue politique.
Tout pousse à croire que la lettre de Matata aux ministres serait un signe qui annonce la redistribution des cartes politiques dans les jours qui viennent.
CN