RDC : L’histoire se répète

Lundi 13 juin 2016 - 11:21
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Quand on observe avec attention la scène politique congolaise, on a l’impression que le temps a suspendu son envol. Certes, les contextes et les hommes ont changé mais les comportements demeurent les mêmes !

 

Tenez. Il y a vingt-six ans, à la faveur de la libéralisation de l’espace politique par le Maréchal Mobutu le 24 avril 1990, les anciens piliers du Parti-Etat avaient dans leur grande majorité jeté l’abas-cost et «l’écharpe assortie » dans le bac à ordures pour porter le « costume-cravate ». Ils se sont ensuite précipités sur la l2me Rue Limeté où ils ont adhéré à l’Union Sacrée de l’opposition pilotée par l’Union pour la Démocratie et le Progrès Social.

 

Qui ne se souvient de ce meeting monstrueux tenu au stade Tata Raphaël où les ex-caciques du régime firent feu de tout bois, donnant au Maréchal tous les noms d’oiseaux avant d’annoncer avec solennité qu’ils ne danseront plus pour le Président-Fondateur?

Mais au moment même où ils donnaient l’impression de signer un nouveau pacte avec le peuple, les anciens dépositaires du mobutisme se retrouvaient à chaque nuit tombée pour peaufiner des stratégies destinées à assurer la résurrection du monopartisme.

 

Le Phare a été, à l’époque, l’un des rares journaux à découvrir la supercherie et à la mettre sur la place publique. En juin 1990, soit deux mois à peine après le discours historique de la Nsele, le quotidien de l’avenue Lukusa mettait la main sur un document top- secret qui établissait la collusion entre Mobutu Sese Seko et ses anciens collaborateurs officiellement passes dans l’opposition. Respectueux des règles déontologiques, le journal s’assura de l’authenticité du document en rencontrant son principal initiateur avant de le mettre à la disposition de ses lecteurs.

 

Dans l’opinion, le choc fut terrible. Celle-ci découvrait, horrifiée, combien elle avait été abusée par des hommes qu’elle applaudissait au cours des meetings de l’opposition. Chacun réalisait soudainement que le port de la cravate, devenue le passeport pour conquérir les foules, ressemblait désormais à un masque qui dénaturait l’identité des politiciens à qui il conférait un statut auquel ils ne devraient jamais prétendre. Ainsi débuta le feuilleton des « vrais-faux opposants » qui a permis à Mobutu de gagner du temps. Mais à force de tirer sur la corde des traîtres, le Maréchal rompit définitivement les équilibres sur lesquels reposait son pouvoir, au point d’ouvrir grandes les portes du pays aux envahisseurs rwandais et ougandais.

 

A la faveur de l’organisation prochaine du Dialogue politique dont les contours ne sont pas encore définitivement dessinés, la question des vrais-faux opposants revient en force. Des hommes sérieux d’apparence se préparent à jouer des vilains tours aux familles politiques qu’ils représentent. Ils nous rappellent ainsi ces années 90 au cours desquelles des individus du mên7e acabit se rendaient à Gbadolite la nuit pour recevoir des instructions et rentraient dans la capitale à cinq heures du matin, juste à temps pour être au Palais du Peuple et y distiller des mensonges.

 

Pour permettre à nos lecteurs de mieux évaluer les événements qui se déroulent sous leurs yeux, Le Phare a décidé d’ouvrir ses archives. L’occasion est ainsi offerte à nos lecteurs de constater que rien ne se perd et rien ne se crée. Bien au contraire, l’histoire se répète.

 

Dans cette première livraison, nous mettons à la disposition du public « le dossier vrais-faux opposants ». L’objectif poursuivi n’est-pas d’installer la méfiance entre la population et la classe politique, mais plutôt de pousser cette dernière à adopter un comportement responsable qui vise le bien-être collectif et l’éradication des dérives prédatrices.

Par SAKAZ

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