RDC : le plan de sortie de crise de l’UDPS

Vendredi 27 février 2015 - 10:32

Le Secrétaire général de l’UDPS (Union pour la Démocratie et le Progrès Social), Bruno Mavungu, a rendu public, hier jeudi 26 février devant les journalistes réunis à la permanence de Limete, le plan de sortie de crise de son parti pour la RDC.
Intitulé « Feuille de route de l’UDPS pour la sortie de crise », le document porte la signature du président national du parti, Etienne Tshisekedi wa Mulumba.
Il contient trois parties essentielles, à savoir : contexte général, causes de la persistance de la crise en RDC, et règlement rapide et satisfaisant de la crise par l’organisation du dialogue politique.

Au point, l’Udps rappelle le parcours politique du pays, avec quelques éléments historiques ayant marqué l’histoire pour arriver à la crise actuelle. Du début des conflits armés en 1996 à nos jours, en passant par le Dialogue intercongolais, qui avait débouché sur la mise en place du régime de 1+4, les élections de 2006 et 2011…rien n’est resté dans l’oubli.
Au deuxième point, l’Udps fait un constat amer : le conflit électoral de 2006 s’est réglé par la voie des armes, tout comme les manifestations du 26 novembre 2011 marquant la clôture de la campagne électorale de la présidentielle ont été réprimées dans la violence ayant entraîné mort d’hommes. Les événements du 19 au 23 janvier 2015 ont bouclé cette page noire des violences politiques ayant causé la mort d’hommes, conclut le document.

Voici le plan proprement dit de sortie de crise de l’Udps :

A. Configuration politique

Les élections de 2011 ont eu le mérite de reconfigurer politiquement la classe politique congolaise et de recadrer la ligne de démarcation claire entre ceux qui soutiennent le système en place et leurs alliés, d’un côté, et ceux qui réclament la vérité des urnes, de l’autre.
Deux tendances se dessinent clairement entre les tenants du statut quo et ceux qui militent pour le changement.
Ainsi, le contentieux électoral de 2011 se trouve être la cause essentielle de la crise politique actuelle en République Démocratique du Congo.
Il va sans dire qu’un dialogue pourra mettre autour d’une table :
– Monsieur Etienne Tshisekedi et ses alliés pour le camp du changement ;
– Monsieur Kabila et les siens pour le camp du statut quo ;
– La modération sera assurée par l’Envoyé spécial du SG des Nations unies en RDC et chef de la Monusco, conformément à la Résolution 2147 du Conseil de sécurité de l’Onu qui dispose :
« Autorise la Monusco à appuyer, en coordination avec l’équipe de pays des Nations unies et d’autres acteurs, y compris par l’intermédiaire des bons offices du Représentant spécial du Secrétaire général, les efforts des autorités de la République Démocratique du Congo pour mettre en œuvre les réformes prévues par l’Accord-cadre et pour stabiliser l’Est du pays et, à cet effet, à : promouvoir la consolidation de la paix et un dialogue politique transparent et sans exclusive entre toutes les parties prenantes congolaises en vue de favoriser la réconciliation et la démocratie et encourager l’organisation d’élections crédibles et transparentes, conformément au cycle électoral et à la Constitution (…)».

B. Lieu de la tenue du dialogue :
Kinshasa, capitale de la RDC
C. Taille et composition :
40 participants répartis équitablement entre les deux tendances politiques en présence et leurs alliés respectifs, soit 20 membres par délégation.

D. Ordre du jour :
Premier volet : Règlement du contentieux électoral de novembre 2011 et son corollaire qui est la crise de légitimité. Pour cela, il faudra alors :
– Identifier les responsables de la fraude électorale des élections organisées en 2011;
– Que les responsables à l’origine de la fraude soient écartés de la gestion du pays à tous les niveaux et du déroulement du processus électoral en cours.

Deuxième volet : définir un processus électoral consensuel
1. Calendrier électoral :
– Définir un nouveau cycle électoral de manière consensuelle, sachant qu’on a eu deux cycles électoraux incomplets et entachés d’irrégularités ;
– Organiser premièrement la présidentielle qui pourra être couplée aux législatives dans le délai constitutionnel, conformément à l’article 73 de la Constitution, au plus tard le 19 septembre 2016.
– Les autres scrutins devront être organisés après les élections présidentielle et législatives.

2. Restructuration de la CENI
Se référant aux expériences passées, notamment les élections de 2006 et 2011, où les membres de la Ceni ont été instrumentalisés, l’Udps exige la mise en place d’une Commission électorale dont les membres seraient choisis de manière paritaire, à savoir : 12 membres à raison de 6 par camp politique.
En plus, la Ceni devrait avoir une présidence collégiale (2 présidents représentant chaque camp).

3. Contentieux électoral :
Prenant acte de la promulgation de la loi organique portant organisation et fonctionnement de la Cour constitutionnelle, le parti d’Etienne Tshisekedi fustige cependant une désignation aux couleurs politiques ou sur la base d’appartenance ou affiliation politique de ses membres. Car, fait-il savoir, cela aura des conséquences inéluctables quant à leur indépendance et autonomie.

4. Fichier électoral :
L’Udps réclame sa fiabilisation. Elle exige un audit externe du fichier afin de garantir la transparence et la crédibilité du processus électoral. Pour cela, un consensus devra être trouvé quant aux modalités de cet audit (choix du prestataire, date…).
En outre, le fichier électoral devra être inclusif et nettoyé en tenant compte de nouveaux majeurs, des Congolais de l’étranger, des non-inscrits, et des doublons.

5. Traçabilité des résultats:
La présence des témoins dans les bureaux de vote doit être obligatoire. La mention de leurs observations devra figurer sur les PV, avec copie à chacun d’eux.
Quant à la compilation des résultats, le parti propose une solution consensuelle en vue d’éviter les contestations et la fraude.
Enfin, le plan de sortie de crise de l’Udps propose également le renforcement du mandat de la Monusco et la création d’un observatoire des élections chargé de la certification des résultats.
Quant à la durée du dialogue, l’Udps propose dix jours au maximum dont trois réservés aux travaux de facilitation de la Monusco.
Dom

 

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