
La Grande Bretagne est le deuxième partenaire de développement le plus important de la République démocratique du Congo (RDC), après les Etats-Unis. Londres dépense annuellement 550 millions Usd en faveur de la RDC. Son ambassadeur en RDC souhaite que 2016 consacre plutôt l’édification de l’Etat congolais.
Dans un message de vœux adressé au peuple congolais et à ses dirigeants, Graham Zebedee, Ambassadeur de Grande Bretagne en RDC, souhaite que « 2016 soit une année de la refondation de l’Etat congolais de manière à offrir au peuple un avenir prometteur ».
« Aujourd’hui, peu de pays dans le monde dépendent de l'aide extérieure »
« Malgré toutes les discussions autour des élections, l’année 2016 devrait être une année consacrée à un recentrage sur l'édification de l'Etat », dit le diplomate britannique dans son message daté du 30 décembre 2015.
Cependant, il a aussi exprimé ses regrets quant à la gouvernance générale du pays. « Il est regrettable de constater que le gros de services de base fournis au peuple congolais est principalement financé par le peuple congolais lui-même, sa diaspora, les églises, les ONG et les gouvernements étrangers », affirme-t-il.
Justifiant son propos, il a rappelé qu’en 2014, le gouvernement congolais a dépensé quasiment autant pour le seul Parlement que pour le secteur de la santé de tout le pays.
« 12 % des dépenses sur financement interne en 2014 sont allées à la Présidence, à la Primature et au Parlement, soit l'équivalent des dépenses de l'Education Primaire, Secondaire et Technique. Aujourd’hui, peu de pays dans le monde dépendent de l'aide extérieure pour répondre aux besoins fondamentaux de leur peuple », fait remarquer Graham Zebedee.
Il ajoute que « personne n'aime cette situation même pas le peuple congolais ». Soulignant que son pays dépense annuellement 550 millions Usd, Graham Zebedee se félicite que cet argent est dépensé pour l'édification de l'État congolais, en assurant ainsi les services de santé, d’éducation, d’eau, de sécurité et d’hygiène aux populations.
« Utiliser les voies de sortie de la pauvreté et de la dépendance qui existent »
« Nous sommes fiers d'être le deuxième partenaire de développement le plus important de la RDC, après les États-Unis, et d’aligner pleinement nos dépenses sur les stratégies et les priorités du gouvernement congolais. Nous sommes ici pour le long terme. Mais aucun pays ne voudrait continuer à débourser de telles sommes importantes pour toujours », souligne-t-il.
De son avis, le Premier ministre Matata devrait utiliser les voies de sortie de la pauvreté et de la dépendance qui existent et qu’il connait à savoir :
-tout faire pour attirer les investissements ;
-mobiliser davantage de taxes; investir les recettes fiscales selon les priorités de la nation ;
-s'assurer que les partenaires internationaux apportent un appui correct au gouvernement et assurent une meilleure coordination entre eux ;
-payer la totalité des salaires dus aux fonctionnaires et dans les meilleurs délais tout en s’assurant qu'ils n’usent pas de leurs positions pour servir leurs propres intérêts ;
-et si les biens de l'Etat doivent être vendus, le faire dans l'intérêt de la nation, et non de celui des individus.
« Seules de telles mesures permettront à toute la nation de bénéficier de la croissance économique impressionnante réalisée au cours de la dernière décennie », pense le représentant de Londres à Kinshasa. Restant objectif, Graham Zebedee signale que « beaucoup de progrès ont été accomplis dans la mise en œuvre de plusieurs plans ».
« La RDC a beaucoup amélioré la promotion des investissements étrangers. Certaines taxes superflues ont été supprimées, du moins en théorie. La bancarisation a rendu possible le paiement de plus de fonctionnaires que par le passé, réduisant ainsi les risques de corruption », reconnait-il.
Il ajoute que « les infrastructures routières ont réduit les distances entre les villes et villages tout en facilitant l'accès aux transports publics dans les principales villes. De nombreuses autres réformes courageuses et créatives telles que le Grand Inga sont en cours ».
Pour autant, il pense que ces réformes ne transformeront pas la RDC si elles sont compromises sur le terrain. « Chaque fois qu'une société effectue un paiement illicite, elle aggrave la situation du climat des affaires pour elle-même et pour d'autres sociétés.
Quand un poste gouvernemental revient à la personne ayant les meilleures « connexions », et non les meilleures compétences, cela affaiblit l’efficacité de la fonction publique. Si un percepteur conserve une partie des recettes fiscales qui devraient revenir au budget de l'État, une telle soustraction ne contribue pas à construire des écoles ni des hôpitaux ».