A en croire le dernier numéro de « Kongo dieto », le bulletin de liaison du mouvement politico-religieux « Bundu dia Mayala », ex-Bundu dia Kongo dissous par le ministère de l’Intérieur depuis 2007, le député national Ne Muanda Nsemi vient de prendre la décision de quitter la scène politique. Cette option serait dictée par le silence de la Présidence de la République face à la campagne de diabolisation dont il est l’objet au sein de l’opinion nationale, où continue de circuler la rumeur d’un pourboire de deux millions de dollars américains qu’il aurait reçus pour battre campagne en faveur du glissement, synonyme de prolongation du mandat de l’actuel Chef de l’Etat au-delà de 2016.
Dans « Kongo dieto », l’ex-gourou de Bundu dia Kongo se plaint du fait que la présidence de la République n’ait pas démenti, jusque-là, les bruits relatifs à l’affaire de corruption dans laquelle est mêlée sa personne. Les autres raisons de sa retraite politique et de sa rupture avec le Président de la République sont à chercher dans le maintien, par le pouvoir en place, de la mesure portant interdiction des activités de Bundu dia Kongo, du non-paiement des dommages-intérêts aux fidèles de ce mouvement politico-religieux morts, mutilés ou pillés lors des événements de 2007 à Luozi, Kinzao-Mvuete, Boma et Moanda, la non-libération de ses adeptes condamnés et jetés en prison depuis cinq ans, etc.
Mais c’est surtout à cause du discrédit dont il est victime depuis sa rencontre avec le Chef de l’Etat, au mois de juin dernier, et son surprenant acte d’allégeance à ce dernier, dans le cadre des ses consultations avec les forces politiques et sociales, en prélude au projet de Dialogue national, que Ne Muanda Nsemi a décidé de se retirer de la politique active.
Dans la foulée, l’homme qui soutenait avec force la tenue du Dialogue national et la participation de l’ensemble de la classe politique congolaise à ce forum, en vue d’avaliser un « glissement collectif » pour sauver la patrie en danger, a fait savoir qu’il n’est plus partisan de cette rencontre. Comme premier signal de son retrait effectif des activités politiques, il a déclaré avoir cédé la présidence de « Bundu dia Mayala » au député national Mantezolo.
Réalité ou bluff ?
Jusque-là, il est difficile d’accorder foi à l’engagement de Ne Muanda Nsemi de mettre fin à sa carrière politique. Le doute est d’autant permis que ce député national n’a pas encore renoncé à son mandat. Va-t-il cracher sur les avantages financiers, moraux et matériels liés à ce statut lors de la session ordinaire de septembre, qui s’ouvre dans une semaine ? On va le savoir bientôt. Tant qu’il va continuer à se prévaloir de sa qualité de député national, personne ne pourrait croire qu’il a définitivement rompu avec la politique.
Prudente, l’opinion croit que tout est possible avec cet acteur politique, qui se faisait passer pour le nouveau messie du peuple Kongo et du Congo démocratique depuis l’époque de Mobutu, et qui ne voulait entendre parler ni de Laurent Désiré Kabila, ni de son fils Joseph Kabila comme président du pays, mais qui a effectué un virage à 180 degrés en juin dernier, au sortir de son audience avec le Chef de l’Etat au Palais de la Nation. Personne n’en croyait ses oreilles en entendant ce personnage, pour qui des centaines d’adeptes de BDK avaient été massacrés par les forces de police et de sécurité en 2007, et qui menaçait de traduire tous les auteurs devant la Cour Pénale Internationale, clamer haut et fort que l’unique voie de sortie de la crise de légitimité au sommet de l’Etat était un « glissement collectif », dans une transition de trois ans. Passer de but en blanc d’opposant radical à l’allié du pouvoir pour constater, deux mois après, avoir été mené en bateau, devrait pousser à se méfier de pareil personnage. Kimp