Profond malaise dans le camp des Kabilistes : Venant Tshipasa poussé à la porte de sortie de la MP

Mercredi 14 octobre 2015 - 13:19

La Cofedec injustement écartée de la gestion de la chose publique depuis Matata I, malgré son poids politique

Le départ de l’abbé Malumalu de la présidence de la CENI, diversement interprété, a davantage accentué la crise au sein de la Majorité présidentielle (MP).

Comme si cela ne suffisait pas, des sources généralement bien informées affirment qu’un autre poids lourd de la MP, originaire de la province du Nord-Kivu, est poussé à la porte de sortie. Il s’agit du député national Venant Tshipasa Vangi Sivavi, président national de la Cofedec.

En effet, les cadres de la Cofedec constatent que leur leader et leur parti politique sont systématiquement écartés de la gestion de la chose publique depuis la formation du premier gouvernement d’Augustin Matata Ponyo, le 28 avril 2012.

Aussi, des observateurs avisés notent que, durant le deuxième et dernier mandat de Joseph Kabila (2011-2016), une main noire a choisi de mettre à l’écart le président national de la Cofedec ainsi que sa formation politique, alors que la fidélité et la loyauté de Tshipasa envers l’autorité morale de la MP et à la Majorité présidentielle n’ont jamais été démenties depuis dix ans.

Des sacrifices consentis

Des cadres de la Cofedec rappellent que leur leader politique a conduit plusieurs missions de pacification dans la province du Nord-Kivu, au nom du chef de l’Etat. A ces occasions, ce député national a posé plusieurs gestes et actions sociales en vue de soulager, tant soit peu, la souffrance des compatriotes habitant cette partie du pays, meurtris par les affres de la guerre.

Des cadres de la Cofedec révèlent, par ailleurs, que Venant Tshipasa a fait plus de 50 navettes entre Kinshasa et la province du Nord-Kivu, son fief électoral, dans le cadre des vacances parlementaires. Ce, souvent au péril de sa vie, toujours à l’écoute de la population à qui il apporte un message de paix, d’amour et de réconfort surtout aux déplacés de guerre, au nom du chef de l’Etat Joseph Kabila.

Personne dans la province du Nord-Kivu n’a oublié, en effet, l’attaque dont l’élu de Lubero, en 2006, alors qu’il était ministre des Affaires foncières du gouvernement de transition 1+4, a été victime et dont il est sorti indemne. Venant Tshipasa avait alors échappé à un assassinat pendant la campagne électorale.

Son cortège avait été mitraillé par des éléments armés non autrement identifiés en territoire de Rutshuru. Il y a eu des pertes en vies humaines et des blessés par balles, alors que le président national de la Cofedec battait campagne pour Joseph Kabila entre les deux tours de la présidentielle face à Jean-Pierre Bemba Gombo.

Au regard de tous ces sacrifices, de nombreux cadres de la Cofedec se disent déçus du fait que le parti et son leader sont payés en monnaie de singe. Il y a donc lieu, pour les observateurs politiques avertis, de s’interroger à haute voix si Venant Tshipasa et la Cofedec ne vont-ils pas quitter les rangs de la Majorité présidentielle.

Appels de pied du G7

En effet, à en croire des sources proches de Tshipasa Vangi Sivavi, ce dernier aurait été contacté par des ténors de la nouvelle plateforme politique dénommée G7. Surtout qu’il entretient d’excellentes relations fraternelles et amicales avec la plupart d’entre eux.

D’ailleurs, avec quelques uns, il faisait partie du groupe parlementaire Alliance des Républicains Démocrates (ARD) de la Majorité présidentielle (MP).

Les mêmes sources affirment que le président national de la Cofedec résiste encore aux appels incessants de ses anciens amis du G7.

Et aux cadres de son parti de s’interroger, jusqu’à quand la Cofedec et son leader politique résisteront-ils encore ? Surtout que la base du parti, dans la province du Nord-Kivu, continue de vivre dans une insécurité généralisée, et qu’elle croit être abandonnée à son triste sort par le pouvoir de Kinshasa.

Les poids lourds marginalisés, au profit des légers

Pour beaucoup d’analystes politiques, le dernier réaménagement technique du gouvernement, intervenu le 25 septembre 2015, était la dernière opportunité offerte au président Joseph Kabila de rendre justice à la Cofedec, après plusieurs promesses non tenues.

Mais hélas, cette formation politique a, une fois de plus, été flouée. Quels sont alors les critères d’entrée au gouvernement, et quel est le poids politique des partis et personnalités membres de la MP face à la Cofedec et son leader ?

Partant des faits, le ministre Alexis Thambwe Mwamba, par exemple, candidat malheureux aux législatives de 2011 dans son fief de Kindu, qui n’a aucun élu, occupe le fauteuil du ministre de la Justice et Droits humains. Tryphon Kinkiey Mulumba, unique député élu de son parti (PA) à Masi-Manimba au Bandundu, a été ministre des PT-NTIC sous Matata I, puis ministre chargé des Relations avec le Parlement depuis Matata II jusqu’à ce jour.

Raymond Tshibanda de l’ULDC qui n’avait qu’un seul élu, Zacharie Bababaswe qui vient d’ailleurs de créer son propre parti (AGIR), occupe un important ministère, celui des Affaires étrangères.

Quel est alors le poids politique de ces trois membres du gouvernement, au sein de la MP, face à Venant Tshipasa dont le parti compte quatre députés nationaux, deux sénateurs et 13 députés provinciaux ?

Pourtant, le critère de la MP pour qu’un parti ait automatiquement droit à un ministère, c’est d’avoir quatre députés nationaux. Est-ce l’autorité morale, le secrétaire exécutif de la MP ou le premier ministre qui bloque l’entrée de la Cofedec au gouvernement et dans les entreprises du portefeuille de l’Etat ? Difficile à répondre.

Selon plusieurs analystes, la popularité et le leadership de Venant Tshipasa à l’Est de la RD Congo dérangent certaines sensibilités. Des observateurs soulignent que c’est grâce à son leadership que Joseph Kabila a visité plusieurs agglomérations du Grand nord de la province, telles que Beni, Butembo, Kayina, Lubero, Kirumba, Kaseghe, Kanyabayonga, Rutshuru…

Pour l’heure, le regard de Tshipasa est tourné vers les élections de 2016. Ses ambitions sont d’avoir encore plus de députés nationaux, provinciaux, afin de gérer les Assemblées provinciales et diriger les exécutifs provinciaux du Nord et Sud-Kivu ainsi que de l’Ituri. Un énorme défi à relever.

Par Lefils Matady