Processus électoral : Martin Fayulu, « Kabila doit dire qu’il ne sera pas candidat en 2016 »

Lundi 10 novembre 2014 - 11:28

Dans un communiqué daté du mercredi 5 novembre 2014, les Forces Acquises au Changement (FAC), représentées par leur coordonnateur Martin Madidi Fayulu, demandent au gouvernement du Premier ministre Augustin Matata Ponyo "de retirer purement et simplement" le projet de loi portant modification de l’article 197 de la Constitution relatif au mode de scrutin pour le vote des députés provinciaux. Ils invitent, par ailleurs, "Monsieur Kabila" à annoncer au peuple congolais "qu’il ne se présentera pas à l’élection présidentielle de 2016".

Les bouleversements politiques survenus le 30 octobre au Burkina Faso sont suivis attentivement dans le lenderneau politique kinois. Et pour cause, les similitudes sont plutôt légion. D’une part, un président de la République, en l’occurrence Blaise Compaoré, tente de modifier la Constitution pour s’octroyer un nouveau mandat. Le cinquième. De l’autre, un peuple, le peuple burkinabé qui aspire à un autre avenir, exige l’alternance politique. La suite est connue: autiste, Compaoré a été chassé du pouvoir alors que son dernier mandat doit s’achever en décembre 2015.

Au Congo démocratique, "Joseph Kabila", au pouvoir depuis le 26 janvier 2001, tient à briguer un troisième mandat. Et ce rn dépit de la désapprobation générale exprimée par les représentants des forces politiques et sociales. Comme "Blaise", "Kabila" compte sur ses partisans qui sont "majoritaires" tant à l’Assemblée nationale qu’au Sénat. Le "raïs" et sa mouvance multiplient des subterfuges. Le dernier en date, c’est bien la mise sur pied, en octobre dernier, d’un organisme chargé du "recensement administratif" de la population...à moins de deux ans du délai constitutionnel pour la tenue de l’élection présidentielle. A Kinshasa, un nouveau mot est entré dans le vocabulaire : "glissement". Il s’agit du glissement du calendrier électoral. Les "FAC" lancent l’alerte.

A la lumière des événements du Burkina Faso, les "FAC" invitent "Joseph Kabila" "à renoncer à toute initiative" de nature à "remettre en cause la stabilité et la consolidation de la démocratie" au Congo-Kinshasa. Ils l’exhortent, au passage, à se livrer à une introspection "et, (...), à tirer des leçons salutaires de l’expérience burkinabé en épargnant au peuple congolais le recours à l’article 64 de la Constitution".

Se référant à certaines déclarations des caciques de la mouvance kabiliste selon lesquelles "la situation qui prévalait au Burkina Faso avant la chute de Compaoré ne peut pas être comparée à celle de la RDC", les "FAC" déconseillent à "Joseph Kabila" d’écouter les "thuriféraires jusqu’auboutistes" de sa mouvance". Pour eux, celui-ci "serait bien inspiré de se prononcer clairement et sans ambages sur cette question importante de la vie politique nationale (...), en disant au peuple congolais qu’il ne se présentera pas à l’élection présidentielle de 2016".

Le communiqué demande, par ailleurs, au gouvernement du Premier ministre Augustin Matata Ponyo "de retirer purement et simplement" le projet de loi portant modification de l’article 197 "car il viole l’article 220 de la Constitution".

Pour les "FAC", la création de l’organisme dit "Office National d’Identification de la Population" (ONIP) - chargé du recensement administratif de la population - renvoie "à une stratégie tendant à obtenir le "glissement" au-delà de 2016 en faveur de Monsieur Kabila". "Les FAC, poursuit le communiqué, tiennent à rappeler à l’opinion tant nationale qu’internationale que toutes les opérations liées au vote (enrôlement des électeurs, bureaux de vote, bulletins de vote, urnes etc…) sont du domaine exclusif de la Commission électorale nationale indépendante, et nous nous réservons le droit de demander à la population de boycotter et/ou de rejeter toute initiative ou opération tendant à éviter les élections en 2016".

Faute de recevoir des "réponses claires à ces préoccupations", les Forces Acquises au Changement n’excluent pas "d’appeler le peuple dans une campagne de désobéissance civile conformément aux dispositions pertinentes" de la Constitution. Ambiance!

Baudouin Amba Wetshi