Le Sommet « Climat et Territoire »
En prélude à la 21ème conférence des Parties à la Convention –cadre des Nations –Unies sur les changements climatiques (COP21), qui se déroulera à Paris en décembre 2015, un mini sommet climat et territoire s’est tenu à Lyon, en France, du 1 au 4juillet 2015 mettant aux prises 800 acteurs internationaux du secteur environnemental. Au courant de la semaine suivante, le Président de la République Française François Hollande a ouvert une conférence scientifique internationale « Notre avenir commun face au changement climatique » au siège de l’UNESCO et celle-ci a également réuni des acteurs majeurs de la communauté scientifique.
La non-prise en compte des populations autochtones dans les rencontres internationales sur le dérèglement climatique
Ce qui de prime abord nous a paru inconcevable c’est que pour un sommet mondial dont l’enjeu est de taille en ce qu’il abordera la problématique du changement climatique et ses répercussions au niveau planétaire en s’appuyant sur les résultats du 5ème rapport d’évaluation du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC)afin d’élaborer des solutions communes potentielles en faveur de l’atténuation du dérèglement climatique, les populations autochtones ne soient pas jusqu’à présent suffisamment prises en compte alors même qu’elles se situent au cœur de la question.
La RDC,deuxième grand massif forestier du monde mais pays aux multiples contrastes.
Car pour un pays comme la Rdc par exemple ,deuxième poumon forestier du monde après l’Amazonie, ce sont en majorité les peuples autochtones qui habitent le bassin du Congo.
Deuxième grand pays après l’Algérie du fait de sa superficie de 2.345.000km2 et une population de plus de 70 millions dont 70% est pauvre. Cette pauvreté présente plusieurs facettes à savoir :un faible revenu ,des besoins alimentaires insatisfaits, une incapacité d’accéder aux soins de santé et à la scolarisation ,une inaptitude à se loger décemment etc…………
Cette situation contraste avec les énormes potentialités agricoles de la RDC , qui dispose de 80millions d’hectares de terre arable, dont 10 millions seulement sont effectivement exploités.
De plus , la superficie totale du pays est évaluée à plus de 234 millions d’hectares dont 145 millions d’hectares couvertes des forêts ,soit 60% de la superficie totale du territoire national.
Le Programme Détaillé pour le Développement de l’Agriculture en Afrique(PDDAA)
Mis sur pied en juillet 2003 dans le cadre du Nouveau Partenariat pour le Développement de l’Afrique (NEPAD)en vue de l’amélioration et la promotion de l’agriculture africaine ,le Programme détaillé pour le Développement de l’Agriculture en Afrique(PDDAA) vise à éliminer la faim et à réduire la pauvreté par le biais de l’agriculture .Ce secteur doit son importance d’abord au nombre des personnes qui en tirent directement leurs moyens de subsistance(presque 75% de la population )et ensuite à sa contribution pour 40% au PIB du pays.
Le Plan National d’Investissement Agricole(PNIA)
Depuis 2003,la RDC s’est engagée dans le processus PDDAA avec l’élaboration du Plan National d’Investissement Agricole (PNIA).le PDDAA est en effet le cadre mis sur pied pour permettre aux pays africains d’atteindre les OMD par la sécurité alimentaire et nutritionnelle ,l’augmentation des revenus et la réduction de la pauvreté ainsi que la croissance socio-économique durable.
Les Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD)
Pour rappel, en 2000, la RDC s’est engagée avec l’appui du PNUD, dans le processus de réalisation des Objectifs du Millénaire pour le Développement(OMD) qui sont les suivants.
-Réduire de moitié l’extrême pauvreté et la faim
-Réaliser l’éducation primaire universelle et l’égalité des sexes ;
-Réduire de deux tiers la mortalité des enfants de moins de 5ans et de trois quarts la mortalité maternelle ;
-Inverser la tendance en matière de propagation du VIH/SIDA et du paludisme.
-Réaliser un développement durable et assurer la visibilité de l’environnement.
Dés lors, comment associer de manière significative les populations autochtones dans le solutionnement de toutes ces problématiques.
Par leur sensibilisation à travers des débats, la vulgarisation des stratégies de réduction d’émission de gaz à effet de serre et des formations .il faut également réajuster les politiques d’approvisionnement en eau, d’amélioration de l’habitat, d’aménagement du territoire et de la production de la nourriture de ces populations autochtones.
La Chambre de commerce, d’agriculture et des métiers de la Mongala, fer de lance de la promotion des peuples autochtones.
C’est le challenge que s’est fixé la chambre de commerce , d’agriculture et des métiers de la Mongala asbl, membre de la société civile congolaise qui exerce en territoire rural dans la nouvelle province de la Mongala ,présidée par Monsieur Liengo Bayeni Monga Nkoso Maurice Pascal, Juriste et Consultant Economique .
Au lieu que tous ces sommets qui, du reste, se succèdent à un rythme effréné ne soient uniquement l’apanage des hauts fonctionnaires , experts gouvernementaux et ministres ,les organisateurs y gagneraient en y associant largement les représentants des populations autochtones ,membres de la société civile et autres experts indépendants qui partagent leurs préoccupations au quotidien.
Car s’agissant par exemple de la RDC, aux termes mêmes de la loi n°011/2002 du 29août 2002 portant code forestier de la RDC en ses articles 78,79,80 alinéa 1er et 2ième, la reconstitution des ressources forestières incombe à l’Etat ,aux entités décentralisées ,aux concessionnaires ,aux exploitants forestiers et aux communautés locales.
L’Etat encourage l’implication de tous les citoyens , des communautés locales et des entités décentralisées dans les opérations de reboisement .A cet effet ,des terrains forestiers domaniaux ,des plants et graines d’essences forestières ainsi que l’encadrement nécessaire sont mis à la disposition des personnes physiques ou morales dans les conditions fixées par arrêté ministériel.
Les personnes et les communautés qui réalisent des reboisements bénéficient ,en tout ou en partie des produits forestiers qui en sont issus ,dans les conditions fixées par arrêté ministériel ,l’exploitation desdits produits doit être effectué dans le respect des dispositions de la présente loi et de ses mesures d’exécution, notamment quant à la protection de l’environnement.
Le leadership perdu de la RDC en matière environnementale
Le gouvernement de la République Démocratique du Congo peine à récupérer son leadership lui subtilisé par l’autre Congo, en tant que puissance environnementale continentale et même mondiale. Car ,tel que le renseignent les statistiques ,la forêt de la RDC, à elle seule, représente 10% des forêts tropicales mondiales ,50% des forêts africaines et 60% des forêts du Bassin du Congo. Les forêts de la RD Congo stockent plus ou moins 140Gt CO2,soit un cumulé de 3années d’émissions mondiales. Ce riche potentiel forestier de la RDC ne reste pas moins à l’abri de menaces écologiques liées à la déforestation et à l’avancée du désert de Sahara au nord vers le sud,et du désert de Kalahari du sud vers le nord.
La déforestation annuelle en République Démocratique du Congo est estimée à plus ou moins 400mille hectares. Cette déforestation est causée à 80% notamment par l’Agriculture itinérante sur brûlis et la Carbonisation du Bois-énergie en Bois de chauffe consécutive à la concentration démographique dans les grands centres urbains.
Comment en est elle arrivée à être reléguée à l’arrière-plan ?
Tout simplement par manque d’une politique volontariste et intégrée en matière de gestion durable des écosystèmes forestiers du pays à l’instar d’autres pays de la sous-région. Pour preuve , la faiblesse de la législation de la filière bois qui ouvre une fenêtre au pillage éhonté des essences tropicales de bois précieux de la Rdc par les libanais ,chinois ,multinationales et autres..
De nos jours , la question environnementale est devenue l’enjeu majeur pour l’atteinte des OMD à telle enseigne que même le Souverain Pontife l’a inscrite dans son agenda, lors de sa dernière tournée en Amérique Latine , son continent d’origine et a publié quelque temps avant une encyclique dans lequel l’écologie tient une large part.
Le Pape a dit qu’il ne faut plus tourner le dos à notre mère la Terre et a lancé un appel pressant pour une exploitation responsable de ses richesses. A l’étape de La Paz, en Bolivie, il a plaidé pour une écologie intégrale qui ne donne pas lieu à une exploitation de l’homme.
Les stratégies de la chambre de commerce, d’agriculture, et des métiers de la Mongala face aux opportunités de financement des opérations de reconstitution du capital forestier.
Pour relever ce défi, la chambre de commerce, d’agriculture et des métiers de la Mongala doit mobiliser d’importantes ressources financières. Au-delà des cotisations des membres, des dons et legs, elle doit identifier et capter les financements qu’offre la communauté internationale aux associations régionales de protection de l’environnement, de conservation de la nature et de développement durable. En tant que personne morale de droit privé, appelée à s’impliquer dans le processus de reconstitution du capital forestier en RDC, elle souhaite être accréditée au Fonds Vert pour le Climat, coopérer avec les institutions Françaises, Européennes pour la mise en œuvre des activités privilégiant un développement sobre en carbone dans le cadre d’une économie verte. Elle n’oublie pas de faire également des appels de pied à l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature, au Fonds pour l’Environnement Mondial, l’Union Européenne, la Coopération Française et Allemande.
La politique internationale en matière de gestion durable des écosystèmes
La solution au problème de l’environnement requiert des mesures à l’échelle mondiale. Le Nord, qui ne compte que 20% de la population du globe consomme 85% des ressources mondiales en énergie non renouvelable .Mais la pollution fait des ravages au Nord comme au Sud.
Au Nord : on note des émissions de gaz nocifs pour l’atmosphère, le gaz carbonique, responsable de l’effet de serre et le dioxyde de souffre à l’origine des pluies acides. La perte de la couche d’ozone par l’émission du chlorofluorocarbone par l’usage des produits tels que les aérosols et les réfrigérateurs, les effluents industriels, les déchets toxiques et la pêche trop intensive menacent la vie marine des océans.
Au Sud : il se poursuit la désertification des zones arides et semi-arides ,la dégradation des ressources en eau ,les incendies des forêts ,le déboisement dans les régions tropicales pluviales ,la menace de la perte des poissons de mer et d’eau douce ,causée par le déversement des produits chimiques et autres déchets dans l’eau .La pollution intense de nombreuses grandes villes et les conditions infrahumaines dans lesquelles vivent leurs habitants. La disparition d’espèces végétales et animales qui ne vivent que dans les forêts tropicales, la destruction de la biodiversité suite à la propension des sociétés multinationales à la surexploitation des forêts, l’émission dans l’atmosphère des gaz et autres substances nocives provenant de la consommation des combustibles fossiles, la non –évacuation des déchets et des eaux usées.
Pour lutter contre ces fléaux, les pays du monde doivent collaborer par le biais des dispositions nationales et internationales, sensibiliser les citoyens aux problèmes de l’environnement afin de ménager l’écosystème, la biosphère, la biodiversité ainsi que l’atmosphère. Au cours de la COP 21, nous osons croire qu’un pacte mondial sur le dérèglement climatique sera finalisé. Par ailleurs,
l’ONU a depuis longtemps déjà adopté certaines mesures en la matière, notamment :la résolution 43.53 de 1988 sur la protection du climat mondial ;la conclusion en 1985 de la Convention de Vienne pour la protection de la couche d’ozone et le Protocole de Montréal de 1987 ;la création du groupe intergouvernemental sur l’évolution du climat par le PNUE ,d’une part par l’O.M.M.,d’autre part ,la Déclaration de la Haye de 1989 qui traite des questions relatives à l’évolution du climat ,au réchauffement de l’atmosphère et à la détérioration de la couche d’ozone .Cette déclaration pose le principe du droit des pays en développement à un dédommagement juste et équitable dans la mise en œuvre des mesures visant à protéger l’atmosphère, compte tenu à la fois des exigences de leur développement et de leur moindre responsabilité dans la dégradation de l’atmosphère. La Convention de 1982 sur le droit de la mer dans laquelle la haute mer est déclarée patrimoine commun de l’humanité .la Convention institue un régime internationalement accepté pour la gestion des océans fondé sur le principe de l’équité dans l’utilisation de leurs ressources. Elle reconnait aux Etats côtiers une souveraineté permanente sur les ressources naturelles à l’intérieur d’une autorité internationale des fonds marins, chargée de réglementer l’exploitation des eaux internationales, des fonds marins et du sous-sol marin, en particulier par l’extraction des minerais.
la Convention jette ainsi les bases de la dénucléarisation et de la démilitarisation des régions océaniques telles que l’Océan Indien, la Méditerranée, la Mer du Japon et l’Océan Antarctique.
Enfin, il y’a eu la Conférence de RIO en 1992 et le Protocole de KYOTO de 1997 sur la réduction de gaz à effet de serre.
Conclusion
En conclusion ,notre pays la RDC doit se rendre à l’évidence qu’il est appelé à un destin mondial sur le plan environnemental et qu’à ce titre il doit exercer la plénitude de son leadership dans ce secteur pointu de son développement tant économique que social et jouer ainsi un rôle moteur dans le combat que mène l’humanité pour la stabilisation du climat mondial
Correspondance particulière
Copyright Pascal Ma ilanga Juillet 2015