L’Opposition a lancé, le lundi 20 avril 2014 à partir de la paroisse Notre Dame de Fatima, un appel au boycott des opérations de dépôt de candidatures aux élections locales, municipales, urbaines et législatives provinciales, lancées par la CENI (Commission Electorale Nationale Indépendante) le mercredi 15 avril 2015. Elle pose, entre autres préalables à toute participation à ces scrutins, l’audit du fichier électoral, le rejet du calendrier électoral actuel au profit d’un calendrier électoral consensuel, l’enrôlement de nouveaux majeurs présentement privés du droit de vote, la résolution des contraintes financières liées l’organisation du, processus électoral; Selon cette famille politique, toutes les zones d’ombres relatives au dossier des élections devraient faire l’objet d’une rencontre de clarification entre elle et la CENI. C’est du reste l’esprit de la lettre qu’elle a adressée, le vendredi 17 avril 2015, au Président du Bureau de cette institution d’appui à la démocratie, le convalescent Abbé Apollinaire Malumalu. Cette correspondance, apprend-on, est demeurée sans suite.
Nombre d’observateurs sont d’avis qu’en optant pour le boycott du processus électoral en cours, l’Opposition voudrait faire passer un passage plein de non-dits.
Doute sur l’indépendance de la CENI
Parmi les non-dits en question, il y a la persistance du doute sur l’indépendance de la Ceni. Les membres de l’Opposition, dont certains siègent à l’Assemblée Nationale et au Sénat, ont le sentiment que cette institution d’appui à la démocratie agit sous la dictée de la majorité au pouvoir. Lorsque cette dernière avait décidé de la révision de la loi électorale, en conditionnant l’organisation des élections au recensement et à l’identification de la population, la Ceni était restée muette, pensant même que c’était la bonne recette pour actualiser le fichier électoral. Il avait fallu des manifestations de rue pour remettre les pendules à l’heure et contraindre le pouvoir en place ainsi que la CENI à mettre une croix sur les données démographiques, pour le moment inopportunes, dès lors qu’elle avait déjà levé l’option, de ne pas enrôler de nouveaux majeurs. S’agissant de ces derniers, le « pouvoir organisateur » des élections s’est rangé à l’avis de la Majorité selon lequel leur enrôlement en 2015 entraînerait un glissement du calendrier électoral. Pourtant, cette option est violatrice de l’alinéa 5 de l’article 5 de la Constitution qui reconnaît à tout citoyen congolais âgé d’au moins 18 ans et jouissant de ses droits civils’ et politiques de voter et d’être voté.
Flou sur la direction de la Ceni
L’autre non-dit concerne la neutralité de la CENI. C’est dans cette optique que le législateur avait disposé que le président de son bureau provienne de la Société Civile et, plus précisément, des confessions religieuses. Malheureusement, les expériences de 2008 et 2011 avaient démontré que l’abbé Malumalu et le pasteur Ngoy Mulunda s’étaient comportés en défenseurs’ acharnés des intérêts de la Majorité Présidentielle.
Le retour aux affaires du prélat catholique, contre la volonté de l’Eglise catholique du Congo et du Vatican, a relancé la méfiance de l’Opposition vis-à-vis d’un responsable qui avait brillé par sa partialité dans la conduite du processus électoral de 2006. Ce qui vient davantage compliquer les bidons, c’est l’état de santé, devenu fort précaire, de l’abbé Apollinaire Malumalu. Absent du pays pendant plus de deux mois et de retour à Kinshasa voici quelques jours, des indiscrétions le donnent toujours en délicatesse de santé, ce qui laisse craindre le contrôle total de la Ceni par la majorité au pouvoir.
Les membres de l’Opposition qui réclament à cor et à cri un dialogue autour du calendrier électoral veulent connaître celui qui conduira la délégation de la CENI, car ils ont l’impression que cette dernière est pilotée par une main noire attachée aux stratégies de glissement, notamment le découpage territorial, le saupoudrage des moyens financiers entre le processus électoral, les nouvelles provinces, les infrastructures de base et le dossier sécuritaire, etc.
Bref, l’Opposition considère que sans audit du fichier électoral, sans calendrier électoral consensuel, sans volonté affirmée d’élimination des contraintes financières liées aux élections, sans clarification du véritable leadership de la CENI, les chances d’obtenir des élections libres, démocratiques, transparentes, crédibles et apaisées restent minimes. Pourtant, c’est l’une des exigences des partenaires extérieures de la RDC pour valider les résultats.
Par KIMP