Quoi que transformées, les entreprises contribuent à peine au budget de l‘Etat. Une tendance que le Premier ministre, Matata Ponyo Mapon, promet d’inverser. Faut-il déjà penser à une nouvelle mise en place dans les entreprises du portefeuille. Le sujet fait débat. Tout dépend de l’option politique qui sera levée au sein de la Majorité présidentielle, particulièrement. C’est la clé de l’énigme pour permettre à Matata d’intégrer ces entreprises dans son plan de mobilisation des recettes publiques.
Depuis la dernière nomination de 2008, après un concours supervisé par le Comité de pilotage de la réforme des entreprises du portefeuille de l’Etat (Copirep), les entreprises publiques transformées en sociétés commerciales, baignent dans un désordre indescriptible. La plupart d’entre elles sont gérées par des mandataires avec un statut précaire. Ils sont généralement intérimaires. Ce qui a fini par entamer le rendement de ces sociétés commerciales, totalement détenues par l’Etat congolais.
Lundi dernier, la Troïka stratégique du gouvernement s’est longuement attardée sur le dossier. Autour du Premier ministre, Matata Ponyo Mapon, les membres de cette structure technique du gouvernement ont fait le point de la situation des entreprises du portefeuille. Sur cette liste, on dénombre des poids lourds du portefeuille, notamment la Snel, la Regideso, la Gécamines, la Sokimo, etc. Sans compter d’autres entreprises publiques transformées en établissements publics ou services qui ne font pas exception.
Au moment où le gouvernement fait face à un effritement des ressources publiques, le Premier ministre Matata s’est interrogé sur la contribution réelle de ces entreprises du portefeuille à l’économie nationale. La Troïka stratégique s’est donc penchée sur les contributions attendues des entreprises publiques, transformées en sociétés commerciales, dans le cadre du Budget de l’Etat.
Le constat de la Troïka stratégique est sans appel. « En effet, a fustigé la Troïka stratégique, ces entités peinent encore à jouer leur rôle économique et financier on seulement en ce qui concerne fa mobilisation des recettes publiques, mais surtout dans leur dimension structurante de l’économie nationale ».
La Troïka stratégique a promis d’approfondir la question pour, promet-elle, « lever des options adéquates ».
Qu’est-ce à dire? Dans la ville haute, la nouvelle est sur toutes les lèvres. Nombre d’analystes prédisent déjà une nouvelle mise en place dans les entreprises du portefeuille. Selon certaines indiscrétions, le Premier ministre s’est déjà inscrit la question .dans ce schéma. Pas étonnant. Car, depuis qu’il a pris les manettes du gouvernement en 2012, Matata n’a jamais exclu l’option de nommer de nouveaux mandataires à la tête les entreprises du portefeuille, notamment ceux qui n’auront pas de difficulté à intégrer sa politique dans lei.irs entreprises respectives.
Le chef du gouvernement pensait rééditer l’expérience qu’il a réussie au ministère des Finances. Argentier de l’Etat, par conséquent autorité de tutelle des régies financières, Matata était parvenu à placer au sein de trois principales régies de la RDC (DGI, DGRAD et DGDA), des personnalités de son obédience. Ce qui, sans doute, a payé par une nette maximisation des recettes publiques.
L’ULTIME ASSAUT
Politisées à outrance, le. Premier ministre n’est pas parvenu à imposer la même vision dans les entreprises du portefeuille. En effet, dans la plupart des entreprises, le critère de nomination est resté strictement politique, loin de la méritocratie. Ce qui a fini par entamer leur rentabilité, réduisant la plupart d’entre elles, a de simples unités de consommation. Car, comment comprendre que plus de la moitié des revenus générés par les entreprises du portefeuille soient alloués aux charges du personnel, au moment où l’Etat congolais - unique propriétaire - doit se contenter de maigres dividendes et parfois rien.
C’est cette situation à la fois ahurissante et révoltante que le Premier ministre promet de résorber. Mais, pour y arriver, Matta doit affronter à la pieuvre politique qui régente ces entreprises publiques transformées. La Majorité présidentielle, particulièrement le PPRD, ne se laissera pas marcher sur les doigts. Sans doute, le parti présidentiel sera tenté de protéger ses pions au détriment de l’efficacité que tente d’imprimer le Premier ministre.
C’est dire que, pour remettre les entreprises du portefeuille au travail, le Premier ministre a besoin d’un soutien politique conséquent. Au moment où le gouvernement vient d’adopter 28 mesures pour faire face à la chute brutale des recettes publiques, le Premier ministre a plus besoin de cet accompagnement politique pour intégrer enfin les entreprises du portefeuille dans la vision du gouvernement.
On ne peut pas comprendre que des unités de production de la trempe de la Snel, de la Regideso, de la Gécamines et bien d’autres ne contribuent en rien au budget de l’Etat, alors qu’elles brassent de millions de dollars américains mensuellement. Une aberration que Matata promet de rectifier.
Doit-on impérativement s’attendre à une nouvelle mise en place dans les entreprises publiques transformées. L’hypothèse n’est plus à exclure. Tout dépend cependant de l’attitude qu’affichera la Majorité présidentielle.
Par FAUSTIN K.