nouvelle donne pour 2016 : Katumbi, Le gouv’ est devenu désormais une épine dans le pied de Kabila

Mercredi 31 décembre 2014 - 09:44

En assumant avec panache sa rupture avec Joseph Kabila lors de son meeting du 23 décembre 2014 à la place de la poste à Lubumbashi via la métaphore des « faux penalties », devenu célèbre depuis, Moïse Katumbi a changé fondamentalement la donne politique en RD-Congo. Ce qui a fait dire au ministre du Plan Olivier Kamitatu via twitter que « une accélération de l’histoire s’est produite, plus rien ne sera comme avant ». L’ancien ministre des finances Matungulu Mbuyamu de lui répondre qu’il a fallu que quelqu’un agisse. A défaut d’être un accélérateur des particules, Moïse Katumbi est devenu un accélérateur de l’Histoire contemporaine de la RD-Congo à cause de son immense poids politique et de son dernier message politique révolutionnaire qui appelle à barrer la route à un éventuel 3ème mandat de Kabila.

Le président du Tout-Puissant Mazembe par son positionnement actuel gêne tout autant l’opposition traditionnelle (UDPS, UNC et MLC) que la Majorité présidentielle embrigadée dans le culte de la personnalité de Joseph Kabila. L’opposition traditionnelle voit en Katumbi un concurrent de taille dans la perspective de la présidentielle de 2016 mais elle peut se consoler en considérant que le gouverneur du Katanga accroit les chances de l’alternance en RD-Congo. Du côté du pouvoir, Katumbi est une équation à plusieurs variables quasiment insoluble. La Kabilie après avoir été sérieusement affaiblie par le départ de Vital Kamerhe, opposé à l’invasion rwandaise, était loin de s’imaginer à l’époque qu’un autre membre éminent de son camp désavouerait le Raïs en lui opposant notamment le respect strict de la Constitution. Des sources sûres, Kabila a demandé à ses stratèges d’échafauder des plans pour « mâter » Katumbi qui est devenu pour lui une véritable épine incrustée profondément dans son pied. Comme arracher cet aiguillon sans se blesser gravement soi-même ? Tel est le dilemme auquel est confronté la Kabilie. Car Moïse Katumbi est très populaire, voire plus populaire que Kabila lui-même dans son fief présumé du Katanga. A part la popularité, Katumbi est un homme d’affaires prospère, face à l’argent public dépensé pour le « neutraliser », il a de quoi répondre.

Un autre atout de Katumbi par rapport à Joseph Kabila, c’est que le premier à rallier les autres leaders katangais à sa cause. Le plus emblématique de ses leaders c’est évidemment le président de l’Assemblée provinciale Gabriel Kyungu Wa Kumwanza dit « baba wa Katanga ». Proximité idéologique avec Katumbi, les dignitaires Katangais ont redit non à la révision de la Constitution et non au découpage territorial à Olive Lembe venue à la veille du retour triomphal de Katumbi les convaincre du contraire. Ils ont redit niet à la première dame confirmant ainsi la position par eux arrêtée à Safari Beach quelques semaines plutôt à Kinshasa sur le même sujet mais cette fois-là en présence de Jeannette Kabila. En fait selon certains stratèges kabilistes, opérer le découpage réduirait considérablement l’influence de Moïse Katumbi qui serait ainsi administrativement confiné au sud de la province. Les stratèges voudraient avoir des roitelets dans les nouvelles provincettes pour mieux les manipuler. Ce projet a échoué car la majorité d’entre eux s’y oppose. C’est ainsi que des sources proches de la Majorité, Kabila étudierait l’éjection de Katumbi à la tête de l’exécutif provincial. Comment y arriver car les députés provinciaux font aussi bloc derrière Moïse Katumbi. Kabila irait-il, pour assouvir sa vindicte, jusqu’ à user de ses prérogatives constitutionnelles pour écarter Katumbi du gouvernorat ? Rien n’est moins sûr ! Autre corde à l’arc de Katumbi, ce qu’il est extrêmement apprécié par la communauté internationale qui a fait de Lubumbashi une capitale bis de la RD-Congo en allant présenter ses civilités au gouverneur.

J. Kabila n’est guerre apprécié par la communauté internationale qui le trouve indéchiffrable, pas dans le sens d’un compliment selon les confidences d’un diplomate en place à Kinshasa. Mystérieux il est aussi pour ses partenaires alors que la démocratie est aussi définition de grands axes notamment sur les enjeux politiques futurs. La communauté internationale lui préfère son premier ministre plutôt, Augustin Matata Ponyo. Un autre élément capital qui joue en défaveur de Joseph Kabila dans son duel avec Katumbi, c’est l’usure du pouvoir. Les rd-congolais ont bouffé du Kabila à toutes les sauces et sont saturées. « Cinq chantier », « Révolution de la modernité » lassés d’entendre cela sans que de manière substantielle leurs conditions de vie ne chan gent. Ils aimeraient essayer une autre recette.

Moïse Katumbi bien qu’à la tête de la province du Katanga, sa popularité va crescendo à tel point que tout le Congo le réclame. En politique tout est question de rapports de force et d’intérêts. A Kabila de peser le pour et le contre dans le bras de fer qu’il a engagé avec Katumbi. En vaut-il la chandelle ? Quand l’on sait que de la façon dont il traitera le cas Katumbi dépendra de beaucoup son avenir en RD-Congo. Mais il semble perdre cela de vue quant on voit la première réponse qu’il a tentée d’apporter à la dissidence légitime et démocratique de Katumbi. Sa réaction a été on ne peut plus maladroite et indécente. Elle a laissé l’opinion nationale et internationale pantoise. La RTNC caisse de résonance du pouvoir a vite fait d’improviser une émission anti Katumbi avec deux trublions connus pour leur forfaiture, le pseudo journaliste Lushima et le pseudo pasteur Makolo Kotambola. Risibles, les deux ont essayé, sans convaincre, de démontrer de Kabila. La réplique ne s’était pas faite attendre. A l’indécence, la pudeur ; à la médiocrité l’élégance. Katumbi a fait diffuser dans plusieurs télévisions de Kinshasa un documentaire sur son parcours.
Ecrit par les journalistes Kibambi Shintwa, patron de Numerica TV et Kitengie Kikumba, ce documentaire démontre comment Katumbi a fait fortune en Zambie dans les années 1990 bien avant son retour d’exil en RD-Congo en 2003. Katumbi a démontré qu’il va répondre coup sur coup à ses détracteurs. Pas question de se laisser faire.

Attaquer Katumbi aujourd’hui pour la Majorité revient à se tirer une balle dans le pied. A Kabila de faire preuve de tolérance et de considérer que la République est une affaire de tous, y compris de Katumbi qui veut aussi décliner sa vision d’un Congo plus beau qu’avant. Pas la peine de s’énerver, il est temps pour Kabila de passer la main. Feu Katumba Mwanke ne le lui avait-t-il pas conseillé dans son livre à titre posthume. Kabila doit donc mettre fin aux provocations de certains membres de son camp comme l’arrestation de Vanon Kiboko, arrêté pour avoir critiqué la révision et le découpage et surtout pour avoir soutenu Katumbi pour la présidentielle de 2016. Kabila doit lire attentivement les signes de temps. L’Etat est de plus en plus défié.

En Province orientale, par deux fois en l’espace d’un mois, les jeunes se sont attaqués au symbole de l’Etat lors du naufrage d’une baleinière et à propos d’une affaire de moeurs où des policiers ont été accusés d’avoir violé une jeune fille. Et plus bas, à Béni, après des massacres de la population civile, c’est lui qui avait essuyé les critiques les plus virulentes. Certains s’en étaient même pris à une statue érigée à son effigie. Autant des signes qu’il doit décrypter en âme et conscience. L’affaire Katumbi constitue pour Kabila un test de maturité. Il doit prendre acte et ne pas chercher à ferrailler avec Katumbi. Car ce dernier lui opposera sa popularité indéniable dans tout le Katanga, nord comme sud, et même par delà ses frontières.
MTN

 

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