Une enquête judiciaire publiée récemment au niveau des Nations Unies impute aux "Forces démocratiques alliées", communément connues sous la dénomination ’’Allied Democratic Forces’’ (ADF-Nalu), 375 violations des droits de l’homme et du droit international humanitaire, commises dans la province du Nord-Kivu. C’est du moins ce qu’atteste un communiqué de presse daté du 16 décembre dernier, émanant du Bureau conjoint des Nations Unies aux droits de l’homme en République démocratique du Congo (BCNUDH).
D’après ce communiqué, ces accusations formulées contre ce groupe armé ougandais sont non seulement fondées, mais aussi confirmées par cette enquête judiciaire menée, du 3 au 12 décembre dernier, par l’auditorat militaire de garnison de Beni-Butembo, à Eringeti et dans les sites de déplacés environnants, dans le territoire de Beni, grâce au concours du BCNUDH et la Section d’appui à la justice et à l’administration pénitentiaire de la MONUSCO.
"L’objectif poursuivi était de mener des enquêtes approfondies sur les circonstances des attaques systématiques perpétrées le 29 novembre 2015 par des combattants des Forces Démocratiques Alliées (Allied Democratic Forces - ADF) contre la population civile, les forces armées congolaises et les casques bleus de la MONUSCO, indique le document. Au cours de cette enquête judiciaire conjointe, 233 sources ont été interviewées, dont 225 victimes (145 femmes et six mineurs)".
DES ATTAQUES SYSTEMATIQUES D’UNE EXTREME CRUAUTE
"Au total, précise le communiqué conjoint, 375 violations des droits de l’homme et du droit international humanitaire ont été documentées, parmi lesquelles : 25 cas d’atteinte au droit à la vie, dont 13 femmes et deux mineurs ; six cas d’atteintes à l’intégrité physique, dont quatre femmes ; trois cas d’enlèvement suivis de travaux forcés, dont deux mineurs ; 244 cas d’atteinte au droit à la propriété (pillages) ; 93 cas d’atteinte au droit à la propriété (incendie volontaire de cinq pharmacies, une radio communautaire, 12 dépôts de vivres et 17 boutiques) ; un cas de violation du droit international humanitaire (occupation, pillage, incendie, tentative d’incendie et destruction du centre de santé de référence) ; et trois cas de tentatives de meurtre, dont toutes les victimes sont des femmes".
"Les résultats de l’enquête conjointe confirment les attaques systématiques d’une extrême cruauté, commises de manière indiscriminées par les combattants de l’ADF contre la population civile, ce qui est constitutif de graves violations du droit international humanitaire", a déclaré le directeur du BCNUDH, M. Jose Maria Aranaz.
DES ACTES MACABRES
Le numéro un du BCNDUH a, par ailleurs, félicité les autorités congolaises pour leurs efforts visant à ce que les combattants des groupes armés, responsables de violations graves des droits de l’homme et du droit international humanitaire soient poursuivis et traduits en justice devant les juridictions nationales ou internationales.
Les attaques des combattants de l’ADF contre la population civile de Beni ont fait l’objet d’un rapport public du BCNUDH, publié le 13 mai 2015. Ce rapport avait révélé qu’entre le 1er octobre et le 31 décembre 2014, au moins 237 civils, dont 65 femmes et 35 enfants, ont été tués, 47 civils blessés, 20 personnes enlevées et deux dames ont été victimes de violences sexuelles. Tous ces actes ont été perpétrés par des combattants de l’ADF dans le territoire de Beni, au cours d’attaques menées sur 35 villages.
M. Aranaz a rappelé le besoin urgent de neutraliser sans délai l’ADF pour mettre fin à l’insécurité inacceptable à laquelle doit faire face la population civile de Beni.Yves KALIKAT