
Les indicateurs économiques ne sont plus au vert en République Démocratique du Congo. Face à cette situation, le Premier ministre Augustin Matata a choisi de jouer la carte de la vérité des chiffres le lundi 16 mai 2016 face aux députés nationaux. A tout prendre, il a estimé à 2 milliards de dollars l’impasse budgétaire pour l’exercice 2016. En clair, au lieu de tabler sur des prévisions budgétaires de l’ordre de 8 milliards de dollars américains, le pays devrait fonctionner avec en enveloppe globale de 6 milliards de dollars américains.
Le chef du gouvernement sollicite par conséquent un correctif à la loi des finances adoptée par la représentation nationale en décembre 2015. Il justifie la situation précaire de finances par la réduction des recettes douanières, fiscales, domaniales ainsi que celles résultant de l’exportation des matières premières, dont celles du secteur minier.
On pense que le cri d’alarme venu de la Primature devrait faire l’objet d’une profonde méditation au niveau des animateurs des institutions de la République. Il s’agit en fait d’une nième interpellation au sujet de la compression des dépenses publiques, notamment par la réduction du train de vie des institutions nationales et provinciales. On rappelle que lors d’une réunion institutionnelle présidée en janvier dernier par le Chef de l’Etat, ce dernier avait recommandé aux chefs des corps la réduction du train de vie des institutions de la République. C’était à la suite du constat d’un déficit d’un milliard trois cents millions de dollars américains dans le budget 2016, aussitôt après sa mise en exécution, à cause de la chute libre des cours de plusieurs matières premières, dont le pétrole, le cobalt et le cuivre.
On se souvient que depuis l’époque de Mobutu, le Parlement, la Cour des Comptes, les organisations non gouvernementales tant nationales qu’étrangères ainsi que la Société civile ne cessent de déplorer l’impact négatif des dépenses de souveraineté, voire de prestige, sur le budget national. En dépit des promesses des décideurs politiques d’engager des dépenses en fonction de l’état de la caisse, les dépassements budgétaires ont encore la peau dure.
Et, dans ce créneau, on retrouve curieusement les institutions qui devraient prêcher par l’exemple : le Président de la République, le Gouvernement, le Sénat et l’Assemblée Nationale.
Chaque fois que s’annonce un temps des vaches maigres pour la République Démocratique du Congo, le vœu de nombreux concitoyens est de voir ceux qui pèsent le plus sur le budget national en termes de rémunérations, de frais de missions et autres avantages financiers, à savoir les ministres, les sénateurs et les députés ainsi que leurs cabinets politiques, accepter des rabattements de leurs émoluments, afin de ne pas laisser aux seules catégories défavorisées l’ingrate charge de serrer la ceinture. Jamais traduite en acte, cette interpellation revient de nouveau sur la table.
A ce sujet, les Congolais d’en-bas seraient curieux de connaître la nature des sacrifices financiers et matériels que pourraient consentir les animateurs et membres des institutions de la République pour permettre au pays de vivre avec un budget modique de 6 milliards de dollars américains. Car si les institutions de la République maintiennent leur train de vie actuel, cela devait entraîner la suppression de plusieurs rubriques budgétaires réservées aux investissements, à la modernisation et à la réhabilitation des infrastructures de base (routes, ports, aéroports, écoles, hôpitaux, fermes agro-industrielles, barrages, stations de traitement d’eau potable, etc).
Le challenge de la compression des dépenses de l’Etat, en attendant une nouvelle embellie des finances publiques sur le long terme, est important à gagner si l’on ne veut pas obliger le Premier ministre Matata à naviguer à vue, comme on dit, en se livrant à ses propres choix des priorités à satisfaire. On pense que c’est pour faire partager à la représentation nationale les dures réalités de la situation socio-économique du pays qu’il s’est présenté devant elle il y a 48 heures.
Kimp