Marche des forces politiques et sociales dispersées par la police à Goma (Nord-Kivu), manifestation pacifique à Kinshasa, des déclarations politiques notamment de l’Union démocratique africaine (UDA). L’Opposition, dans toutes ses tendances, mobilise contre la révision constitutionnelle.
L’Opposition politique multiplie des initiatives pour contrer toute éventuelle modification de la Constitution en République démocratique du Congo. La journée du samedi 27 septembre 2014 a été mouvementée à Kinshasa tout comme à Goma par des manifestations politiques.
Réunis en assemblée générale, l’Union démocratique africaine originelle (UDA) s’est opposée à l’inscription du projet de loi portant révision de certains articles de la Constitution au calendrier de la session ordinaire de l’Assemblée nationale.
« Le pays fait face à des nombreux défis plus importants pour son développement socio-économique, l’amélioration des conditions sociales de la population, la sécurité nationale et autre… L’UDA Originelle considère que le projet de révision ou de changement de la Constitution actuelle, fruit d’un compromis politique dit « accords de Sun City », constitue une menace à la paix sociale et à la cohésion nationale tant recherchée de même qu’il met en péril le processus de démocratisation pour lequel tant de vies ont été sacrifiées », a déclaré le président national de l’UDA, professeur André Bijimine Baswa Ba Bintu.
Ce dernier a appelé à un vrai dialogue, dans l’esprit de l’accord d’Addis-Abeba et de la résolution 2098 du conseil de sécurité des Nations Unies afin de sortir le pays de ce qu’il considère comme « impasse ».
Marche pacifique à Kinshasa
Dans un autre front, la manifestation à l’appel de l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS) et de l’Union pour la nation congolaise (UNC) s’est déroulée dans le calme à Kinshasa sous l’encadrement des forces de l’ordre. La marche est partie du monument Patrice Emery Lumumba, place de l’échangeur à Limete. Les manifestants, hommes, femmes, jeunes et vieux, portaient des banderoles, où on pouvait lire : « Touche pas à ma Constitution ».
Le boulevard Triomphal en face du stade des Martyrs a été le terminus de la marche. C’est là que Vital Kamerhe, Bruno Mavungu Jean-Claude Vuemba et tant d’autres se sont tour à tour adressés à la foule.
« Nous n’allons pas prendre les armes, c’est le peuple qui leur dira « non » à toute modification de la Constitution », a déclaré le président de l’UNC, Vital Kamerhe.
Selon lui, le dialogue prévu dans la résolution 2098 ne porte pas sur le partage de pouvoir. « Ce dialogue porte sur les modalités d’avoir les bonnes élections, de voir finalement qu’on peut respecter les droits et libertés des citoyens et surtout ce qui concerne la bonne marche du pays », a-t-il souligné.
Sondage Berci sur la révision constitutionnelle
Du côté de la Société civile, les acteurs se sont exprimés pour réclamer notamment la libération des détenus politiques et d’opinion.
De l’avis des observateurs, des leçons à tirer de ce rendez-vous politique de Kinshasa sont telles que l’unité de l’Opposition avec le duo UDPS-UNC et leurs alliés, s’affirme ; aussi les discours responsables des différents orateurs au lieu du meeting. Les opposants ont salué l’action de certains partis de la majorité dont le MSR sur leur position en rapport avec la révision constitutionnelle.
Par contre, à Goma dans la province du Nord-Kivu, la marche organisée par l’UDPS, le RCD-K-ML, le DCF-N contre la révision constitutionnelle a été dispersée par la police à l’aide de gaz lacrymogènes.
Pour ou contre la révision constitutionnelle ? La question a figuré parmi les points au centre d’une enquête d’opinion réalisée récemment par le bureau d’études, des recherches et de consulting international (BERCI) auprès d’un échantillon représentatif de mille personnes âgées de 18 ans et plus, réparties à travers 23 communes de la ville de Kinshasa.
Et le tableau croisé par sensibilité politique se présente comme suit : 63,9% de la majorité présidentielle (MP), 18,3% de l’Opposition sont favorables à la révision, tandis que 20,1% de la MP, 58,5% de l’Opposition s’opposent à cette initiative révisionniste.