Pendant longtemps, elle est restée comme une force d’ « observation ». Et pourtant, elle avait mieux que cela dans son job description.
Quel que soit l’angle par lequel on voudrait bien prendre la mission de MONUSCO (Mission de l’organisation des Nations unies pour la stabilisation en RDC) et son râle, une chose est du moins sûre : la force onusienne, en déploiement en RDC depuis environ deux décennies, n’a pas été à la hauteur de sa tâche. Du moins, jusque-là.
RECONSIDÉRER LES CHOSES
Nommé, le 8 octobre 2015, nouveau représentant spécial du secrétaire général de l’ONU pour la République démocratique du Congo, Maman Sambo Sidikou a lâché, en début de semaine, la phrase qu’il fallait en fait : «Il fut que nous reconsidérions les choses que nous faisons pour que la mission prioritaire de la MONUSCO, la protection des populations civiles, soft une réa lité ».
Et voilà. Dans tous les cas, un simple décryptage suffit pour arriver à la conclusion que la MONUSCO n’a pas fait ce qu’elle aurait dû faire. Notamment pour ce qui est de la protection des populations civiles en RDC. Le dernier massacre de Miriki, un petit village perdu dans le territoire de Lubero (Nord-Kivu), en est une parfaite illustration.
Tout compte fait, pareil tableau ne pouvait que donner lieu à une remise en question de la part des Nations unies pour que l’on se mette à appréhender la situation autrement Le bras armé de l’Onu devrait normalement se remettre question. Plus de six millions de morts, ce n’est pas peu de choses.
Que son représentant spécial ait finalement enfourché la trompette dans ce sens, cela ne serait que de bon aloi. La MONUSCO, comme l’a fait valoir son number one lui-même, « n‘est pas sur le terrain pour compter les morts ». « Ce n’est pas ça notre rôle comme ce qui s’est passé à Miriki », a-t-il explicité.
«ARRÊTONS D’AVOIR DES TRAGEDIES »
La force onusienne va-t-elle effectivement se reformater ? Le plus tôt serait le mieux. De toute évidence, elle est dans l’obligation de se ressaisir, surtout qu’il y a un problème qui urge celui de « dispositions à prendre ». Malheureusement, ces dispositions-là manquent jusque-là.
« Nous devons prendre des dispositions à partir de maintenant pour nous assure?- que cela ne se reproduise pas », a rappelé Maman Sidikou, dans une déclaration faite récemment à partir de Bukavu où il se trouvait en mission d’inspection dans le Kivu.
Il a estimé qu’il était important de «mettre ‘en place tout ce qu’il faut comme mesures sécuritaires pour que la force de la Monusco et son personnel de viennent plus proactifs ». Est-ce déjà fait ? Rien jusque-là, dans tous les cas.
On s’attend, donc, à ce qu’au niveau des Nations unies, l’on reconsidère comment les choses sont faites pour que « la mission prioritaire de la MONUSCO, la protection des populations, soft une réalité ».
Il est à espérer vivement que les Nations unies vont devoir s’engager sur cette voie. «J’insisterai auprès des forces des Nations unies, a souligné le représentant spécial de Ban Kimoon, pour que cela se traduise davantage en réalité», promettant que « nous arrêtions d’avoir des tragédies qui peuvent être évitées ».
Ses déplacements à l’intérieur du pays, il les justifie, selon ses dires, par le souci de se rapprocher davantage de la population civile que la MONUSCO est censée protéger. Tant mieux si elle arrive réellement à se mettre dans le temps.
Deux semaines après le massacre de Miriki, au Nord-Kivu, la société civile locale n’en finit pas de décolérer. Dix-sept personnes ont été, en effet, tuées, dans la nuit de mercredi 6 à jeudi 7 janvier 2016, dans ce petit village du territoire de Lubero et qui visait notamment le chef coutumier, deux de ses femmes et quatre de ses enfants ont été assassinés. Attaque attribuée aux FDLR, ce que les rebelles hutus rwandais démentent.
«RIEN N’A ÉTÉ FAIT »
Pour la société civile de Miriki, le plus grave dans le massacre qui a eu lieu voici deux semaines, c’est l’attitude des forces présentes sur place. Les unités de l’armée congolaise, de la police et du détachement sud-africain de la Brigade d’intervention de la MONUSCO, censé être une unité d’élite, ne sont pas intervenus.
Et pourtant, ils ont tous une base à moins d’un kilomètre du lieu du massacre. La Mission onusienne a lancé une enquête interne. Les quelque 120 Sud-Africains avaient eu une réponse inadéquate, selon plusieurs sources onusiennes. Le major FARDC et les policiers ont été remplacés.
Par Marcel LUETETE