La majorité des opposants toujours absents

Mardi 12 mai 2015 - 10:56

Malgré les entretiens d’hier avec le bureau de la chambre basse, l’opposition conditionne sa participation aux résultats de la commission spéciale.

Hier, une fois de plus, les députés de l’Opposition ont brillé par leur absence dans la salle des congrès du Palais du peuple qui abrite les séances plénières de l’Assemblée nationale. Malgré la rencontre qui réuni autour d’une même table les membres du bureau de l’Assemblée nationale et les députés de l’Opposition, ces derniers n’ont pas du tout réintégré leur hémicycle, laissant leurs collègues de la Majorité évoluer seuls. En fin de compte, pour résoudre le problème, une commission spéciale a été mise sur pied pour apporter de la lumière au sujet des dispositions réglementaires devant présider à la bonne exécution d’une motion de défiance, étant donné le fait que le règlement ne semble pas avoir réglé le problème.

L’affaire est partie de la motion incidentielle qui avait bloqué la motion de défiance visant le vice-Premier ministre et ministre en charge de l’Intérieur sur la fosse commune de Maluku. L’opposition n’a pas apprécié que le vote ne soit pas intervenu lors de cette séance plénière.
Deux vice-Premiers ministres visés par une motion de défiance ont échappé aux griffes des députés de l’Opposition la semaine dernière. Si celui en charge de l’Intérieur, Evariste Boshab, a été sauvé grâce à la motion incidentielle du député Shadari de la Majorité, son collègue chargé des PT-NTIC (Postes, télécommunications, nouvelles technologies de l’information et de la communication) a, lui, échappé à la motion suite à l’absence des députés de l’Opposition politique qui ont décidé de suspendre leur participation aux plénières de l’Assemblée nationale.
Thomas Luhaka Losendjola a, en fait, bénéficié du boycott des opposants. Boycott consécutif à l’arrêt de la procédure de la motion visant d’ailleurs son collègue " VPM ". Faute d’adversaire, la motion contre le patron des PT-NTIC a finalement été rejetée vendredi dernier à la chambre basse. Thomas Luhaka pouvait donc regagner son bureau pour continuer à vaquer à ses occupations ministérielles. Le mauvais vent redouté était désormais passé.

UNE COMMISSION SPECIALE POUR EVACUER LE VIDE JURIDIQUE
C’est pour tenter de désamorcer la crise que le bureau de l’Assemblée nationale s’est réunie hier avant la plénière avec les députés de l’Opposition. Au terme des échanges entre les deux parties, une commission spéciale a été mise sur pied pour examiner très rapidement des points considérés par certains comme souffrant d’un vide juridique, entretenu par le règlement intérieur de la chambre basse au sujet de la motion de défiance contre les membres du Gouvernement.
La commission spéciale devra donc permettre de clarifier les choses en vue d’éviter toute équivoque sur la motion de défiance, en vue de savoir si une motion incidentielle peut réellement étouffer la procédure déclenchée lors d’une motion de défiance contre un membre du Gouvernement. Ce qui permettra, à l’avenir, de savoir exactement sur quel pied danser. Car, les députés de l’Opposition se disent déçus.
On se souviendra que du temps de Vital Kamerhe, l’Assemblée nationale avait secoué quelques membres du Gouvernement concernés par une motion de défiance. Alexis Thambwe Mwamba et Me Nkulu, malgré leur position, ne s’en étaient pas tiré assez facilement à l’Assemblée nationale.
C’est peut-être ce qu’avaient visé les députés de l’Opposition à travers deux motions de défiance visant deux vice-Premiers ministres à travers le contrôle parlementaire. Mais, c’était sans compter avec la motion incidentielle qui a pratiquement cassé les effets de la motion de défiance contre le vice-Premier ministre Evariste Boshab.
Si la motion de défiance est réglementaire, celle incidentielle l’est également. Mais, quelle est la ligne de démarcation entre les deux ? Voilà la question que devra régler la commission spéciale mise sur pied au terme de la réunion d’hier afin de permettre ainsi à la procédure, une fois déclenchée, d’aller jusqu’au bout. Il s’agit donc d’une matière très importante.

L’OPPOSITION CONDITIONNE SA PARTICIPATION AUX TRAVAUX
Au terme de la réunion qui a mis autour d’une même table le bureau de l’Assemblée nationale et les députés de l’Opposition, il a été convenu que le résultat sera considéré comme une résolution liant la chambre basse du Parlement congolais. C’est de la sorte que, même si, aujourd’hui, un petit groupe de ces députés siège tout de même à l’Assemblée nationale, la majorité des députés de l’Opposition ont choisi de conditionner leur participation aux plénières au résultat des travaux de la commission spéciale.
Cette Commission spéciale, chargée d’examiner les points restés flous dans le Règlement intérieur, est déjà à pied d’œuvre. Même la procédure d’examiner la motion de procédure qui divise la Majorité et l’Opposition sera au centre des travaux de la commission spéciale. Selon un député qui a pris part à ces échanges, si une motion de défiance contre un membre du Gouvernement est jugée mal ficelée, c’est au niveau de la Conférence des présidents qu’elle devra désormais être cassée.
Le président de l’Assemblée nationale, Aubin Minaku, compte sur la participation de tous les députés dans la production législative. Voilà pourquoi, il a toujours tenu à travailler dans un climat apaisé. C’est pour cette raison qu’il a convoqué la réunion d’hier au Palais du peuple. Car, dans un Parlement, on retrouve aussi bien la Majorité au pouvoir que l’Opposition.
Il n’était donc pas question de se contenter de l’absence de la majorité des députés de l’Opposition. Bien au contraire, il est question de passer au peigne fin leurs préoccupations et de voir dans quelle mesure ramener tout le monde aux bons sentiments. Car, dit-on, un bon berger est celui qui cherche à rassembler ses brebis. M. M. & Dorian KISIMBA