La dépénalisation des délits de presse face à la responsabilité des journalistes

Mercredi 23 décembre 2015 - 12:02

A l’initiative du ministère de la Communication et des Médias, en collaboration avec l’UNESCO (Organisation des Nations Unies pour l’Education, la Science et la Culture), des experts en droit et des professionnels des médias sont en atelier depuis hier mardi 22 décembre 2015 au Cercle de Kinshasa/Gombe. Objectif : réfléchir sur la problématique de la dépénalisation des délits de presse en RD Congo et mettre les journalistes face à leurs responsabilités en cas d’abus dans l’exercice de leur métier. 

Abdourahamane Diallo, représentant de l’UNESCO en RDC, a fait savoir, dans son mot introductif,  que la République Démocratique du Congo s’engage sur la voie de la dépénalisation. Et cet engagement   intervient à point nommé, au moment où une loi sur l’Accès à l’Information est sous examen au niveau des instances parlementaires.
            Dans le cadre de son appui au gouvernement, poursuit-il, l’Unesco se réjouit d’accompagner l’initiative du ministère des Médias de convoquer cette table consultative d’experts, qui devra baliser la voie sur la question de la dépénalisation des délits de presse, de manière à trouver un point d’équilibre entre les différentes parties prenantes du secteur des médias en RDC. « La conciliation de la liberté d’expression qui englobe la liberté de la presse et la protection de la vie privée et du droit à un procès équitable, est un exercice complexe. Pourtant, si l’on accepte de faire une différence entre la liberté d’expression et la liberté de la presse, il est possible de réglementer la presse en vue de la protection des droits des personnes, sans que l’on porte atteinte à la liberté d’expression », a-t-il soutenu.
            Ainsi, il a espéré voir les participants formuler des recommandations pour orienter les uns et les autres vers le perfectionnement des systèmes de reddition de comptes par les journalistes pour les fautes professionnelles passibles de poursuites judiciaires.
            Il a en outre réitéré la disponibilité de l’UNESCO à accompagner les médias sur plusieurs chantiers, entre autres, l’appui au processus électoral par le renforcement  des capacités des journalistes en termes de couverture des élections.
            Dans ce même ordre d’idées, Lambert Mende, ministre de la Communication et des Médias, a souligné l’importance capitale de cet atelier, qui va éviter que la dépénalisation des délits de  presse recherchée par tous, n’ouvre un boulevard aux abus de tous genres.
            Selon lui, adopter la dépénalisation veut tout simplement dire élargir le cercle de la liberté d’expression et de renforcer la démocratie. Mais le faire sans protéger en même temps la dignité humaine et la liberté de l’autre, reviendrait à enfreindre  la loi.
C’est ainsi que les participants doivent penser à mettre des mécanismes destinés à éviter toutes sortes de dérapages. «La dépénalisation des délits de presse, à laquelle nous sommes attachés, n’est pas synonyme de déresponsabilisation. Le principe général de droit dit que tout fait quelconque qui cause dommage à autrui oblige son auteur à une réparation. En cas de délit de presse, il s’agira d’une réparation d’ordre civique. », a martelé Lambert Mende, et de poursuivre en ces termes : « Si le gouvernement est convaincu qu’il n’y a pas de démocratie sans liberté de presse, il tient en même temps à rappeler que la liberté sans responsabilité est punissable ».
            En définitive, le ministre de la Communication et des Médias a lancé un vibrant appel aux experts et professionnels des médias présents à sonder toutes les possibilités afin que des solutions à proposer soient de nature à rencontrer l’ensemble des préoccupations soulevées.
            Il sied de noter que cette table ronde consultative prendra fin aujourd’hui 23 décembre 2015.
Perside Diawaku